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Tension

Recrutements 2013 : les employeurs résistent, les technologies sont leur arme

Pôle emploi vient de publier les résultats de l’édition 2013 de son enquête Besoins en Main-d’Oeuvre (BMO) 2013, une mine d’informations sur les compétences que recherchent les employeurs de France. Première surprise : contrairement à ce qui est craint, la situation de l’emploi ne devrait pas se dégrader cette année – toutes choses égales par ailleurs. Des perspectives encourageantes se font jour : projets d’embauche en (très légère) hausse, difficultés de recrutement en (très légère) baisse, regain de vitalité des PME, sensibilité aux vertus de la formation.

Globalement, le BMO de cette année confirme des tendances déjà à l’oeuvre. A noter toutefois : les ingénieurs et les profils d’informaticiens qualifiés seront les plus recherchés cette année. Les compétences technologiques paraissent bel et bien le nerf de la guerre de la croissance et de l’innovation.

La récession n’est pas là

Bonne nouvelle : les entreprises prévoient plus de recrutement cette année que l’année dernière. Menée auprès de plus de 1,5 million d’employeurs dans les 388 bassins d’emploi français, l’enquête de Pôle emploi révèle que près d’un employeur sur cinq (18%) projette de recruter cette année.

L’amorce de dynamique que montrait le premier Baromètre Manpower des perspectives d’emploi de 2013 devrait donc se confirmer sur l’année. En 2013, ce sont plus de 400 000 employeurs qui devraient effectuer plus de 1,6 millions de recrutements – surtout en Ile-de-France, dans le Sud et à l’Ouest et le Sud.

Dans une conjoncture pour le moins morose, cette croissance des intentions de recrutement, même très modérée (+0,3%), est un signal positif. D’autant que ces perspectives d’embauches sont majoritairement dues à la croissance des entreprises : plus de 35% des projets se fondent sur l’anticipation d’un surcroît d’activité. Et l’avenir, globalement, ne s’annonce pas moins rose : malgré le climat actuel des affaires, près de 30% des employeurs interrogés prévoient une progression de leur activité dans les 3 à 5 ans à venir.

Principaux résultats

Des recrutements durables… et un printemps des PME ?

Les emplois créés seront durables, malgré la tendance actuelle à la multiplication des contrats très courts : la moitié des recrutement s’effectueront en CDI ou CDD de plus de six mois. Les emplois saisonniers, surtout présents dans le secteur agricole et les (très) petites structures, stagnent : comme en 2012, ils représentent environ un tiers des projets de recrutement, mais leur usage est en baisse dans l’industrie et dans le commerce.

    Projets de recrutement par type de contrat

Les moteurs de l’emploi en France ne varient pas, ce sont surtout le secteur des services et les grandes entreprises. Toutefois, les PME semblent portées par un nouvel élan.

Nombre de projets de recrutement par grand secteur d'activitéAvec plus d’un million de projets de recrutements, les services sont de loin les premiers pourvoyeurs d’embauches. Dans notre économie tertiarisée, ce sont avant tout l’hôtellerie et la restauration (14% des projets au total), les services aux entreprises et le social (12% chacun) qui recruteront. La « dynamique » la plus notable est celle du commerce : avec une hausse de 2% du nombre de ses projets de recrutement y augmentent, c’est le secteur d’activité dont l’emploi devrait le plus croître. Et si les difficultés du secteur de la construction se confirment (baisse de 11% du nombre de projets de recrutement), l’agroalimentaire et l’agriculture connaissent un rebond notable.

BMO 2013 - Profils les plus recherchés en France

Les 10 métiers les plus recherchés (hors saisonniers)

Plus une entreprise est grande, plus elle embauche. Cette tendance vaudra encore en 2013 :  six grandes entreprises (> 200 salariés) sur dix comptent embaucher, contre à peine un tiers des entreprises de 20 à 50 salariés. Toutefois, cette prépondérance des grandes entreprises semble s’atténuer, en proportion comme en volume. Ce qui est particulièrement notable, c’est que seules les entreprises de moins de 5 salariés et, surtout, celles de 50 à 100 salariés comptent plus recruter que l’année dernière. Les PME avancent dans la bataille de l’emploi : de plus en plus présentes dans les pôles de compétitivité,  elles sont aussi la cible du « choc de compétitivité » annoncé par le Président de la République pour la fin du printemps.

La Grande Inadéquation des compétences persiste, un manque de candidats qui surprend

BMO 2013 - Top 10 métiers avec plus fortes difficultés de recrutementAlors que le chômage continue d’augmenterplus de 40% des projets recrutements sont jugés difficiles par les employeurs. Pourtant, les besoins ne sont pas immenses : le BMO confirme donc la – choquante – coexistence entre chômage de masse et pénuries  de talents. Certains pans de l’industrie – comme la métallurgie et l’industrie manufacturière -sont particulièrement touchés, avec près de la moitié de postes difficiles à pourvoir. Les profils d’ingénieurs, de cadres études et de R&D informatique deviennent les plus difficiles à trouver sur le marché du travail, mais la pénurie frappe à tous les niveaux, des ouvriers du BTP aux fonctions d’encadrement.

Première cause des difficultés : l’inadéquation des profils par rapport aux besoins des employeurs. Vient ensuite une « pénurie de candidats » – étonnant constat qui rejoint celui de la dernière enquête ManpowerGroup sur les pénuries de talents – , loin devant des problèmes de coût du travail ou d’attractivité du poste.

BMO 2013 - Causes difficultés recrutement

Les employeurs à la chasse aux compétences technologiques

Un quart des employeurs estiment avoir besoin de nouvelles compétences. Si ce chiffre est en léger recul, signe d’une certaine frilosité, il augmente pour les nouvelles technologies, qui représentent 60% des nouveaux besoins en compétences (+2), loin devant le développement durable ou les services à la personne.

Plus d’un tiers des employeurs confrontés à des difficultés de recrutement envisagent purement et simplement de différer leur projet d’embauche. Il y a donc une véritable urgence à trouver des solutions aux pénuries de compétences technologiques – qui devraient être le support principal de près de 200 000 emplois dont la création est prévue en France d’ici à 2020. La « grande coalition » lancée par la Commission européenne, 42 – l’école ouverte par Xavier Niel – et le Pacte Pen Breizh suffiront-ils ?

BMO 2013 - Besoins en compétences

La formation, parade ultime ?

Face à l’incertitude économique (dans 84,5% des cas, la conjoncture globale est en cause dans les difficultés des employeurs, un chiffre en hausse de 3 points), le développement des compétences revêt une importance considérable. Les employeurs plébiscitent la formation comme première solution aux tensions – et cette parade peut permettre de « faire plus avec moins ». Tout prochainement, l’Atelier de l’emploi vous présentera les enseignements d’un Livre blanc de ManpowerGroup, qui a enquêté sur les pratiques de formation des entreprises européennes et américaines.

BMO 2013 - Solutions aux difficultés de recrutement

Reconversions (85% des Français ne savent pas que le secteur agricole recrute alors que plus de la moitié des demandeurs d’emploi seraient enclins à y travailler), formation, mutualisation des forces et passerelles entre les acteurs… : de nombreuses perspectives favorables à l’emploi demeurent peu exploitées. Dans une période de crise marquée par l’incertitude, ne serait-il pas temps de sortir des sentiers battus ?

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