#42 invents a new paradigm for developer education: open admission, no tuition fee, peer-2-peer learning… 1000 students/year
— Xavier Niel (@Xavier75) 26 mars 2013
Qui sont les nouveaux « voyageurs galactiques » de Xavier Niel ? Le fondateur du groupe de télécommunications Iliad a présenté cette semaine 42, une école d’un nouveau genre au nom issu de la science-fiction et référence dans la communauté « geek ». Objet formateur non identifié mais inspiré par la récente initiative Code.org – parrainée par Bill Gates ou Mark Zuckerberg -, 42 accueillera dès novembre une première promotion de 1 000 talents destinés à devenir des programmateurs ultra-compétents. Une avancée contre la – choquante – coexistence d’un chômage de masse et de pénuries de talents ?
Pour trouver des génies du « code », pas d’examen d’entrée ni de diplôme
Après l’annonce du concept 42 par Xavier Niel : vers une révolution du modèle de la formation professionnelle ? ow.ly/jsYGp…
— Thomas BALIGAND (@ThomasBaligand) 27 mars 2013
.@xavier75 a compris une chose avec son école 42: la révolution de l’éducation se fera sur les compétences et le « faire » et non les diplômes — damien douani / FaDa (@damiendouani) 26 mars 2013
« Le concept du XXIe siècle n’est-il donc plus d’acheter un diplôme, mais un savoir-faire ? » La question des consultants de l’Apec mérite d’être posée : l’inscription à la formation, gratuite, se fait sans autre pré-requis qu’une série de « mini-jeux » de logique en ligne, et est validée par la « Piscine », une session d’immersion intensive – 15 heures par jour ! – d’un mois. Bac en poche ou non, les candidats sont jugés sur pièces et sur place, en fonction de leurs compétences. « L’expérience nous a même montré que des jeunes en complet échec scolaire peuvent se révéler d’extraordinaires informaticiens », ajoute 42.fr.
L’offensive de Xavier Niel est en effet une forme de contre-attaque anti-clonage, elle vise à identifier de nouveaux talents en misant sur la diversité des profils. 42 se veut une réponse privée à un système éducatif dont sortent chaque année « 200 000 jeunes sans qualification » et qui « broierait » les individualités. Ses concurrents ont critiqué ce « feu » jeté « sur le travail des enseignants », Xavier Niel assume et financera tout seul 42 pendant ses dix premières années d’existence. En France, c’est suffisamment rare pour que Le Monde trouve cette initiative « étrange ».
Why call #Niel IT school « strange »? French hi-tech firms face skills shortages, despite rising unemployment. Market doing what state won’t. — Sophie Pedder (@PedderSophie) 27 mars 2013
Autre originalité qui bouscule nos habitudes : à leur sortie, 3 ou 5 ans plus tard, les étudiants de 42 n’auront pas plus de diplôme qu’à leur entrée. L’objectif n’est pas la certification d’un diplôme d’Etat mais l’acquisition de compétences (voir le programme) directement valorisables sur le marché du travail. Une société de recrutement « 2.0 » et d’ingénierie a déjà surfé sur le buzz en s’engageant à embaucher les 1 000 premiers « génies ».
Pas de MOOC, mais le tout-collaboratif en modèle
Avec son école #42 Niel veut créer des génies français de l’informatique et casse tous les codes de l’enseignement — Marie-Cécile Renault (@Firenault) 26 mars 2013
42 ne crée pas de « MOOC », ces nouvelles plateformes d’enseignement en ligne qui permettent au plus grand nombre de suivre des cours derrière leur écran. Pour certains, c’est cette arme de formation massive, gratuite et universelle, qui s’occupera demain d’achever l’empire des diplômes… En attendant, les méthodes pédagogiques prônées par 42 visent plutôt à faire émerger des talents par un « peer-to-peer » des savoirs, dans un écosystème innovant.
« Xavier Niel a-t-il tout compris à la formation au numérique ? », s’interroge L’Usine Nouvelle. En adoptant le modèle de formation collaborative déjà existant dans d’autres écoles concurrentes – encadrement des étudiants par les étudiants, projets collaboratifs, pédagogie innovante, école ouverte 24h/24, 7j/7, omniprésence de l’outil Internet dans la recherche de savoirs -, 42 met un pas de plus dans le social learning et l’intelligence collective.
La pénurie de talents numériques en ligne de mire
La réponse à la pénurie d’informaticiens ? « 42 » selon Xavier Niel – Le Nouvel Observateur bit.ly/11Mp79e — Adopte Un Geek (@AdopteUnGeek) 27 mars 2013
Le numarique TIC représentera plus de 5% du PIB français en 2020. 42, symbole d’une nouvelle ambition française ? Quoi qu’on en pense, cette initiative est une réponse innovante à la pénurie de talents qui frappe le secteur des TIC. Selon la dernière enquête « Besoins en Main-d’Oeuvre » de Pôle emploi, 58,7% des employeurs, éprouvent des difficultés à recruter des développeurs (15 points au-dessus de la moyenne, tous métiers confondus).
Le manque de compétences dans la programmation « nous empêche de développer nos propres activités », s’alarme Xavier Niel sous sa casquette de l’entrepreneur en télécommunications. Pour certains geeks, le programme pédagogique pêche par manque d’innovation. Le blog NipTech regrette, lui, que 42 ne se focalise que sur le « code » : plutôt que d’assurer « le futur de la France en terme de technologie de l’information », 42 prendrait le problème par « le petit bout de la lorgnette ». Si les développeurs sont l’un des moteurs de la « nouvelle économie », celle-ci est loin de se résumer au code : d’ici deux ans, 90% des métiers feront appel à des compétences technologiques.
Pour l’emploi, des partenariats et une passerelle
La pénurie de compétences technologiques risque de pénaliser fortement la croissance et l’emploi. D’ici 2020, ce sont au total 200 000 emplois technologiques supplémentaires qui seront créés – des emplois de plus en plus qualifiés pour lesquels il y a de moins en moins de diplômés. Le nouveau cursus « hors-système » de 42 est une pièce du puzzle… dont le volet « emploi » est encore flou : sur la question des débouchés, « Xavier Niel espère capitaliser sur sa réputation et son carnet d’adresse… », s’inquiète Studyrama.[encadre]
Plus loin de la capitale, les acteurs du secteur, premiers concernés par la pénurie, s’engagent là où se forment les dynamiques d’emploi : dans les territoires. Le Pacte Pen Breizh, qui rassemble des acteurs publics comme privés – dont ManpowerGroup -, construit une passerelle entre talents et entreprises : elle dispense aux premiers des formations sur-mesure (l’Université de Rennes 1 et l’OPCA FAFIEC sont membres du Pacte) en partant de la demande des secondes.
Des entreprises telles qu’Orange et Proservia – filiale de ManpowerGroup – ont identifié leurs besoin et se sont engagées à embaucher 500 talents de tous niveaux, issus d’écoles d’ingénieur et souhaitant s’orienter vers un secteur d’avenir : le numérique. L’initiative bretonne s’attache à détecter les potentiels, elle s’adresse aux geeks comme aux non-geeks : au-delà des compétences techniques, il s’agit aussi de cultiver le « savoir-être » des talents et de développer les compétences transversales, indispensables puisque le numérique est aujourd’hui un moteur de croissance de toute activité économique – ou presque.
Diversité des profils, compétences adaptées aux réalités du marché du travail, formation conçue en amont des besoins ou école collaborative : alors que le Président de la République a reconnu hier soir que « le chômage [allait] augmenter jusqu’à la fin de l’année », les initiatives fleurissent pour accélérer le retour de la croissance et de l’emploi. Ce n’est pas de la science-fiction.
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