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Des intentions d’embauche toujours élevées, mais en légère baisse pour ce 3ème trimestre 2023

En France, une majorité d’entreprises (40%) prévoient de continuer à recruter de nouveaux talents pour soutenir leur activité, sur la période juillet-septembre 2023, d’après le dernier Baromètre trimestriel des perspectives d’emploi de ManpowerGroup. Signe d’un dynamisme économique qui demeure plutôt solide. Toutefois, la part des employeurs (19%) projetant de réduire leurs effectifs est plus élevée qu’au cours des trimestres précédents. D’où un solde net d’emploi de +21% en légère diminution.

Dans son dernier point de conjoncture, l’Insee fait état d’un climat des affaires hésitant pour les mois à venir. Avec, d’un côté, une économie qui a su bien résister au choc inflationniste : la France est toujours en croissance, même si c’est à un rythme plus ralenti qu’avant. Et, de l’autre, des inquiétudes qui commencent à poindre, ici ou là, dans divers secteurs, à cause de la faiblesse de la demande. L’organisme statistique anticipe une activité économique en progression dans les services, mais plutôt atone dans l’industrie et le commerce.

Ces craintes se ressentent dans le nouveau Baromètre ManpowerGroup des perspectives d’emploi, pour le troisième trimestre 2023. Certes, les entreprises qui prévoient de maintenir les effectifs, ou de recruter davantage, sont toujours très majoritaires (75%), mais celles qui estiment désormais indispensable d’alléger leurs équipes sont plus nombreuses que par le passé : 19% pour juillet-septembre 2023, contre seulement 13% pour le T2 2023 et 10% pour le T3 2022. Une tendance notable.

Pour autant, le solde net d’emploi, désormais établi à +21%, reste assez élevé, malgré une baisse de 5 points en un trimestre, et de 8 points en un an. Les intentions d’embauche sont notamment tirées vers le haut par les secteurs de l’énergie et du transport, ainsi que par le dynamisme de la région Est, qui affiche des perspectives bien supérieures à la moyenne nationale. Par ailleurs, il est important de rappeler que ce chiffre (+21%) est relativement haut par rapport aux Baromètres réalisés avant la pandémie…

Les bassins d’emploi de la région Centre Est se démarquent

L’ensemble des régions françaises affichent une fois encore un solde net d’emploi positif, ce qui signifie que la décision de continuer les recrutements l’emporte sur celle de licencier sur l’ensemble du territoire. Cependant, la situation est contrastée.

Avec un bilan net des perspectives d’emploi à +30%, le Centre Est surperforme le reste du pays. C’est la seule région où le solde est en augmentation (de +1 point) par rapport à l’an passé. Un chiffre qui correspond d’ailleurs à son plus haut historique depuis le lancement du Baromètre en France, en 2003. L’attrait de ses deux grandes métropoles y joue pour beaucoup : Strasbourg est l’une des agglomérations les plus attractives de France, tandis que le dynamisme économique dans le Lyonnais assure des créations d’entreprises en forte progression (+30% en 3 ans). Très récemment, lors du sommet Choose France, on a aussi pu voir l’attrait des investisseurs industriels étrangers pour les villes de taille moyenne de la région Grand Est.

Les régions Ouest, Sud et Nord affichent également de bons chiffres, avec un solde net aux alentours de +20%, même si celui-ci est en baisse de 6 ou 7 points à l’échelle d’un trimestre. Dans tous ces territoires, le dynamisme économique n’est plus aussi porteur que l’an passé, mais les projets d’embauche demeurent très supérieurs à ce qu’ils étaient avant le T3 2021. En revanche, la situation semble moins optimiste en Île-de-France, avec un solde net des intentions d’embauche de seulement +15%, en forte baisse (-15 points d’un trimestre à l’autre).

Des perspectives d’emploi diverses selon les pans d’activité

Les intentions d’embauche, pour le 3ème trimestre 2023, affichent un solde net positif dans toutes les catégories d’entreprises. Toutefois, il connaît un ralentissement alors qu’il était en augmentation au trimestre précédent : -5/6 points dans les sociétés de 50 salariés et plus, -9 points pour les microentreprises de 1 à 9 salariés, et -12 points pour les petites entreprises de 10 à 49 salariés.

Selon la dernière enquête conjoncturelle de la CPME en avril, les chefs d’entreprises restent en effet préoccupés par l’inflation, qui s’est répercutée avec un décalage dans le temps chez leurs fournisseurs, en transitant par toute la chaîne de valeur, alors que le coût de l’énergie des derniers mois avait déjà impacté leur trésorerie. Cette inflation résiduelle et persistante continue donc d’impacter les entreprises, en particulier les plus petites.

Pour autant, les entreprises de 10 salariés et plus ont toujours des ambitions élevées par rapport à la norme historique, avec un solde compris entre +23% et +26%, alors que celles de moins de 10 salariés (+8%) souffrent davantage de la situation économique. Une récente étude du cabinet Altares a d’ailleurs révélé la forte hausse des défaillances d’entreprises chez les TPE : plus de 13.000 ont mis la clé sous la porte début 2023. Notamment des commerces de détail, transporteurs de marchandises, et agences immobilières.

En ce qui concerne les secteurs d’activité, celui de l’énergie et des services publics enregistre une hausse record, avec un solde net positif de +41% en augmentation de 14 points. Ce qui est confirmé par une enquête du magazine Capital : les grands acteurs de l’énergie prévoient près de 25 000 embauches cette année. Quant à l’administration publique, elle ne parvient plus à recruter autant que souhaité, étant confrontée à une pénurie de candidats sans précédent. Un phénomène qui touche aussi bien l’État que les communes.

Le secteur des services de communication continue de se redresser (+4 points) sur la période juillet-septembre 2023, après sa forte (mais temporaire) chute au premier trimestre. Sa croissance, portée par le digital, le ramène à un bilan net de +24%. Par ailleurs, les intentions d’embauche restent prometteuses dans le secteur de l’automobile, transport et logistique qui affiche toujours une forte demande avec +32% de perspectives d’embauche pour le 3ème trimestre. Tout comme dans ceux de l’industrie et des matériaux, des technologies de l’information et des biens de consommation et des services, où les intentions restent positives en dépit d’une légère érosion de leur solde net d’emploi.

Néanmoins, l’effondrement (-23 points en un trimestre) des projets d’embauche dans la finance et l’immobilier est notable. Avec un solde net positif de seulement +14%, le secteur connaît un véritable retournement. Les agences immobilières sont directement impactées par la remontée des taux, qui s’est traduite par une réduction de la capacité d’emprunt des particuliers, et une nette et abrupte baisse des projets d’achats. De plus, la dégringolade de la demande en logements neufs commence aussi à se faire sentir chez les promoteurs immobiliers, qui viennent de lancer une alerte générale à ce sujet.

Comparaison internationale : la France ne fait plus aussi bien que ses voisins

Si la France avait tendance à faire mieux que ses voisins lors des précédents Baromètres, avec des projets de recrutement plus dynamiques qu’ailleurs en Europe, ce n’est plus vraiment le cas avec l’édition du troisième trimestre 2023.

De nombreux pays européens affichent ainsi un solde net des perspectives d’emploi supérieur à celui de la France (+21%) : en particulier les Pays-Bas (+39%), dont l’économie centrée sur l’innovation vient de rejoindre le club des pays ayant un PIB de plus de 1000 milliards de dollars. On peut citer également le Royaume-Uni (+29%), l’Allemagne (+28%), le Portugal (+27%), la Suède et la Norvège (+26%), ou encore la Belgique (+23%).

Dans le reste du monde, les recrutements se poursuivent. L’Amérique du Nord affiche un solde net positif élevé de +35%, même si la création d’emploi est en diminution sur le territoire depuis le début de l’année: 200 000 emplois ont été créés en mars, 300 000 en février et 500 000 en janvier 2023. Idem en Amérique centrale et en Amérique du Sud où plusieurs pays se démarquent avec un bilan net d’emploi plus élevé qu’ailleurs : +43% au Costa Rica, +38% au Pérou, +36% au Mexique, et +33% au Brésil. Pour finir, dans la région Asie-Pacifique, l’Australie, la Chine et l’Inde affichent de même de très belles perspectives avec un solde compris entre +35% et +37%.

IA, green jobs, gaming : les autres enseignements du Baromètre

Des études complémentaires ont été réalisées en parallèle du Baromètre ManpowerGroup sur les perspectives d’embauche, avec des questions concernant les emplois verts, l’impact de l’IA sur le business et son usage dans le recrutement, ainsi que les soft skills recherchés en lien avec le gaming. Parmi les principaux enseignements, on peut retenir que :

    • La plupart des employeurs ont entamé une stratégie en faveur du recrutement d’emplois “verts” ou de compétences “vertes” : 22% des entreprises embauchent dès à présent sur cette base, 17% disent avoir déployé une stratégie avancée dans ce sens, et 26% ont commencé à définir les critères appropriés.

    • Ces green jobs sont particulièrement recherchés dans les secteurs industriels, informatiques, et logistiques. Mais les entreprises pointent la difficulté à trouver des talents qualifiés, à identifier les compétences clés pour sélectionner les candidats, et à concevoir des formations pertinentes pour les collaborateurs existants.

    • Parmi la minorité d’entreprises (un tiers environ) qui ne prévoient pas d’ouvrir de postes d’emplois verts, 37% précisent que cela n’est pas applicable à leur secteur d’activité, 25% confessent ne pas vraiment savoir de quoi il s’agit, 18% considèrent que ce n’est pas une priorité, et 17% jugent leur entreprise trop petite pour cela.

    • Alors que le monde du travail est bouleversé par l’arrivée d’intelligences artificielles génératives (type ChatGPT), 10% des employeurs français utilisent d’ores et déjà de manière extensive l’IA dans leur processus de recrutement, 18% l’ont incorporé en partie pour certains éléments, 20% prévoient de le faire au cours des 12 prochains mois, et 16% au cours des trois prochaines années.

    • 30% des entreprises pensent que l’intelligence artificielle n’aura aucun impact sur le nombre de leurs employés, 48% anticipent qu’elle aura un impact positif, et 15% un impact négatif. L’idée d’un impact bénéfique est particulièrement prononcée dans le secteur énergie et services publics, et dans celui des technologies de l’information, tandis que le secteur de la communication paraît plus craintif à ce sujet.
    • Les compétences en gaming (jeux virtuels, e-sports) sont actuellement considérées dans le processus de recrutement par 50% des employeurs interrogés (dont 28% de “oui” et 22% “en quelque sorte”). Tandis que pour 40% d’entre eux, c’est “non”.
 
« Les intentions d’embauche pour ce 3ème trimestre restent dynamiques malgré une légère baisse prévue cet été. Les entreprises de l’énergie prévoient quant à elles de recruter massivement pour répondre aux enjeux de la transition énergétique, tout comme les services publics qui doivent faire face à une très forte pénurie de talents : une hausse record pour ce secteur (+ 14%) avec des prévisions nettes d’emploi de 41%. Pour faire face aux enjeux de la transition écologique, qui touche absolument tous les secteurs d’activité, des services de communication à l’industrie automobile en passant par les biens de consommation, les entreprises doivent intégrer activement les compétences nécessaires dont elles ont besoin. Elles sont déjà 22% à recruter des talents aux compétences « green » pour répondre à ce défi d’avenir. Mais pour réinventer le futur du travail, l’accompagnement personnalisé des talents et la formation seront également des outils incontournables » analyse Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup France.

 

En conclusion, le Baromètre ManpowerGroup pour le troisième trimestre 2023 indique un panorama contrasté pour l’emploi en France. En dépit d’une légère baisse du solde net des intentions d’embauche, l’élan demeure assez positif, soutenu notamment par les secteurs de l’énergie et du transport ainsi que par la dynamique régionale de l’Est. Néanmoins, il est vrai que l’inquiétude croissante chez certains employeurs devient palpable, surtout parmi les TPE. Cette édition envoie donc des signaux mixtes pour l’économie française.

Par ailleurs, des tendances intéressantes émergent dans les entreprises, avec l’importance croissante des emplois verts, l’impact de l’intelligence artificielle sur le recrutement et l’intérêt grandissant pour les compétences liées au gaming. Dans ce cadre, la capacité à s’adapter à ces tendances sera déterminante pour naviguer dans un environnement en mutation. La nécessité d’investir dans de nouvelles compétences s’impose comme un levier clé pour maintenir la dynamique positive de l’emploi et soutenir la croissance économique.

 

À propos de l’étude :

Le Baromètre ManpowerGroup des perspectives d’emploi pour le troisième trimestre 2023 a été réalisé dans 41 pays et territoires, entre le 3 avril et le 28 avril 2023 auprès de 38 849 employeurs issus d’entreprises privées et d’organismes publics, dont 1020 employeurs en France.

L’étude analyse les données obtenues en réponse à une unique question : « Comment anticipez-vous l’évolution des effectifs de votre entreprise au cours du prochain trimestre, jusqu’à fin septembre 2023, par rapport au trimestre actuel ? ».

Le chiffre de « prévision nette d’emploi » utilisé dans ce Baromètre est le résultat de la soustraction entre le pourcentage d’employeurs anticipant une hausse de leurs effectifs et le pourcentage d’employeurs anticipant une baisse. Il s’agit donc d’un solde net – pouvant être positif ou négatif – de perspectives d’emploi. Les données sont corrigées des variations saisonnières afin de refléter au mieux la réalité des perspectives. Ces corrections permettent d’analyser les données en lissant l’impact des fluctuations saisonnières, qui se reproduisent normalement aux mêmes périodes chaque année. Les données ainsi corrigées sont donc plus représentatives sur le long terme. Précisons que Porto-Rico a été ajouté à l’étude au premier trimestre 2023. Par conséquent, l’évolution sur une année n’est pas disponible pour ce pays.

Six questions additionnelles ont été posées aux répondants autour des enjeux liés aux Green Jobs, à l’IA et au gaming dans les processus de recrutement.

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