Demain, l’emploi sera technologique. Le « panorama des compétences », nouvelle plateforme de la Commission Européenne, montre qu’il le devient déjà – et à grande allure. De 2000 à 2010, ses effectifs se sont étoffés de 29%, 3 millions d’Européens travaillent dans le secteur des TIC aujourd’hui. Et d’ici à 2020, la croissance de l’emploi dans les TIC ira deux fois plus vite que la moyenne (7,6% contre 3,4%).
D’ici 2020, 200 000 emplois technologiques de plus en France
Poussée par des États encore en développement technologique (plus de +150% pour la Slovénie ou le Portugal), cette poussée concerne aussi les pays dont les marchés sont déjà matures dans ce domaine. En France, où le secteur pèse déjà plus de 500 000 postes, ce sont 81 000 emplois qui seront créés dans le seul secteur des TIC d’ici à 2020, soit une croissance de plus de 15%.
En 2020, aux Etats-Unis 80% des emplois nécessiteront des compétences technologiques (d’après le Massachusetts STEM Advisory Council). En Europe, le taux de création d’emplois technologiques atteindrait 2% par an en moyenne d’ici-là, pour représenter 200 000 postes supplémentaires rien qu’en France : au-delà des TIC stricto sensu, les ingénieurs informatiques, le personnel d’étude et de recherche, les cadres techniques de l’industrie seront très demandés…
Des emplois de plus en plus qualifiés
En Italie, dans les TIC, quatre recrutements sur cinq concernent des postes à hautes qualifications. Cette tendance à l’élévation du niveau de compétences dans le secteur des TIC est structurante, selon la Commission :
« La demande en développeurs peu qualifiés et en administrateurs de bases de données seront remplacés par la demande en business analysts, spécialistes des ventes et développeurs haut de gamme. Il y a eu un déplacement dans le mix de compétences du secteur : des emplois à faibles compétences ont été remplacés par d’autres à plus hautes compétences, et on s’attend à ce que cette élévation des compétences se poursuive dans l’avenir proche. »
SOS « compétences interpersonnelles »
Les besoins en hard skills (compétences techniques) se densifient, dans des domaines comme la gestion et la protection des données privées – le nouvel « or noir » -, les technologies de serveur ou les infrastructures réseau : les spécialistes sont même recherchés bien au-delà du seul secteur des TIC. Les soft skills – business, management de projet, communication – ne sont pas en reste : parce que les geeks manquent souvent de « compétences interpersonnelles », les employeurs du secteur chassent particulièrement ceux qui les possèdent. D’après la Commission, ceux du Royaume-Uni en particulier déplorent une pénurie.
Où sont les talents? Une demande croissante, une offre en baisse
Alors que de nombreux pays constatent des difficultés de recrutement dans le secteur (dans un quart des cas en Irlande), nombreux sont ceux -comme la République Tchèque – qui manquent de diplômés. À l’échelle du continent, le nombre de diplômés du supérieur dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques), a chuté de 9.8% à 9.1% de 2006 à 2010.
La Commission s’en inquiète et a donc lancé une « Grande coalition ». La prise à bras-le-corps de ce problème est d’autant plus essentielle que, conséquence de l’accélération des changements technologiques, la mise à jour des savoir-faire est de plus en plus complexe. Ce phénomène, l’obsolescence des compétences, nécessite une « forte coopération entre les entreprises IT et le secteur de la formation et de l’enseignement », relève la Commission, qui préconise des formations « rapidement adaptables aux besoins ».
Il y a urgence. Aujourd’hui plus de la moitié (57 %) des entreprises doutent que les établissements d’enseignement soient capables de « produire » les talents dont elles ont besoin – McKinsey évoque même des « univers parallèles ». C’est précisément pour lutter contre cette inadéquation croissante entre les formations initiales et les besoins des entreprises que le Pacte Pen Breizh a été lancé en Bretagne, fleuron de l’ambition numérique française. Il mise sur des formations professionnelles dessinées sur-mesure, grâce à un grand partenariat entre les acteurs privés et publics qui crée une véritable passerelle entre l’offre et la demande.