:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

Des perspectives d’embauche toujours solides malgré l’inflation

Pour le deuxième trimestre 2023, les employeurs français conservent leur optimisme en matière de recrutement avec une perspective nette d’emploi de +26% : 39% des employeurs interrogés par le Baromètre ManpowerGroup prévoient d’embaucher durant les prochains mois, et seulement 13% souhaitent réduire leurs effectifs. Ce solde représente une amélioration de 5 points par rapport à la même période l’an dernier, et atteint un niveau supérieur de 8 points à la moyenne européenne.

Malgré un contexte incertain, et l’impact de l’inflation qui continue de produire ses effets, l’économie française résiste bien : le risque de récession est désormais écarté avec une progression de l’activité plus prononcée que ce qui était espéré, et une croissance donc positive bien que plus faible que l’année passée. En outre, l’activité dans le secteur privé se redresse nettement en ce début d’année : selon l’indice PMI de février 2023, l’économie française enregistre le taux d’expansion le plus élevé depuis juillet 2022

« Malgré un contexte inflationniste, le marché de l’emploi sera encore dynamique ce trimestre. En effet, pour développer leur croissance, les entreprises souhaitent maintenir fortement leurs besoins en recrutement partout en France sur la période, et cela, malgré la pénurie de talents. Une tendance qui touche toutes les organisations, quelle que soit leur taille, dans de nombreux secteurs : de l’automobile à la finance en passant par l’industrie des biens de consommation, ou encore la communication. Néanmoins, le rapport de force s’inverse plus que jamais au profit des candidats, incitant les recruteurs à proposer davantage de flexibilité, tant pour attirer les profils adéquats, que pour favoriser la fidélisation de leurs collaborateurs », Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup.

Perspectives des bassins d’emploi : fort dynamisme dans les Hauts-de-France, l’Île-de-France et le Centre-Est

Les entreprises françaises des cinq régions étudiées s’attendent à une augmentation des effectifs d’avril à juin 2023, avec un solde net d’emploi unanimement positif : +24% à l’Est, +25% dans le Nord, +26% à l’Ouest, +28% dans le Sud, et +30% en Île-de-France. Toutes les régions s’attendent à une bonne tenue du marché de l’emploi au deuxième trimestre.

Le Nord se démarque avec une forte progression des projets de recrutement : +12 points d’un trimestre à l’autre, +3 points en un an. C’est la seule région française en augmentation sur la période d’avril-juin 2023. Un constat étonnant, probablement en raison du poids de la métallurgie, de la chimie, et de l’agroalimentaire, secteurs ayant beaucoup souffert du coût de l’énergie. Toutefois, la plupart des entreprises concernées pensent pouvoir augmenter les prix pour y faire face, sans perdre leur clientèle, et rares sont celles qui prévoient de réduire l’activité. Par ailleurs, la région Nord bénéficie probablement de l’effet de rattrapage en cours dans le secteur du matériel de transport, qui bénéficie d’une amélioration des conditions d’approvisionnement au local.

La région Île-de-France demeure la plus performante, avec une prévision nette d’emploi de + 30%, malgré une baisse des intentions d’embauche de quatre points par rapport au trimestre précédent.

Concernant la région Est, si le solde net y est le plus faible, et que celui-ci diminue encore (-1 point), c’est aussi la région qui a connu la hausse la plus forte en un an (+9 points).

Des prévisions contrastées dans les différents secteurs économiques

Tous les secteurs étudiés prévoient d’augmenter leurs effectifs au deuxième trimestre 2023. Aucun n’affiche de solde net d’emploi négatif. Si les intentions d’embauche ralentissent dans la majorité des pans d’activité, trois secteurs enregistrent au contraire une hausse.

Le secteur le plus fort ce trimestre en France est celui du transport, de la logistique et de l’automobile, avec un solde net des perspectives d’emploi de +38%. Certes, les anticipations des employeurs ont diminué de 3 points depuis le premier trimestre 2023, mais elles sont toujours de 19 points supérieures à celles de l’an dernier à la même époque. Conséquence de la pénurie de semi-conducteurs, qui a durement frappé ce secteur depuis deux ans, et qui a récemment été résorbée. Sans oublier l’impact positif de la baisse du prix du fret.

Le secteur connaissant la plus importante augmentation d’un trimestre à l’autre est celui de la communication avec une hausse de 12 points, qui vient en partie corriger l’effondrement infligé en début d’année. Le solde net positif s’établit maintenant à +20%, le plus faible des activités couvertes. Cela pouvant être expliqué par de fortes embauches au dernier trimestre 2022 ayant potentiellement couvert les besoins.

Dans le baromètre ManpowerGroup du deuxième trimestre, on note également une belle progression des projets de recrutement (+5 points) dans les domaines de l’industrie et des matériaux, avec une perspective nette qui retrouve un haut niveau : +26%. Le repli récent du coût de l’énergie n’y est sans doute pas étranger, avec des prix du pétrole et du gaz revenus au niveau de début 2022. Et un prix de l’électricité qui emprunte la même voie.

Peu de changement dans l’énergie et les services publics (+1 point), ou l’immobilier et la finance (pas d’évolution sur le trimestre), bien que, pour ce dernier secteur, les perspectives d’emploi aient augmenté de 11 points en un an. Les intentions d’embauche continuent de s’éroder légèrement dans les technologies de l’information (-2 points), ainsi que dans la santé et les sciences de la vie (-4 points), tout en demeurant assez fortes.

En revanche, le secteur des biens de consommation et des services affiche une baisse assez importante (-6 points) pour le second trimestre consécutif. Pour autant, ses prévisions nettes d’emploi sont particulièrement positives sur un an (+12 points), en passant de +13% au deuxième trimestre 2022 à +25% au deuxième trimestre 2023. Le secteur des biens de consommation connaît en effet une baisse de la demande, couplée à un renforcement de la concurrence étrangère depuis la levée des restrictions sanitaires en Chine, susceptible de le pénaliser.

Les entreprises françaises de petite taille surprennent par leur résilience

Quelle que soit leur taille, les entreprises prévoient de recruter davantage plutôt que de réduire leurs effectifs, au cours du prochain trimestre. Mieux encore : les intentions d’embauche se sont encore renforcées dans 3 types d’organisation sur 4.

Les employeurs français des PME de 10 à 49 salariés affichent un solde net d’embauche de +38% qui atteint son plus haut niveau sur un an, à la suite d’un gain de 7 points au deuxième trimestre 2023. Dans cette catégorie d’entreprise, la France se classe même au troisième rang mondial, dépassant de 19 points la moyenne des 41 pays étudiés. Du côté des micro-entreprises aussi, un optimisme inattendu apparaît dans le cadre des entretiens avec les dirigeants, puisque cette catégorie d’entreprise affiche la plus forte hausse sur le trimestre avec 10 points gagnés, et un solde net qui rebondit à +17%.

Une situation surprenante face au renchérissement des prix des contrats de gaz et d’électricité au cours des derniers mois, qui aurait pu conduire à une réduction des intentions d’embauche. Faut-il y voir l’effet des aides aux micro-entreprises/PME pour faire face au prix de l’énergie ? Ou bien est-ce dû à une réaction un peu plus rapide des petites entreprises françaises, à la croissance soudaine de l’activité en ce début d’année ?

Enfin, il règne une certaine stabilité chez les PME de 50 à 250 salariés (+3 points) et les grandes entreprises de plus de 250 salariés (-2 points), qui affichent une perspective nette d’emploi de +29%, assez similaire aux résultats des quatre précédents baromètres.

Comment la France se situe-t-elle par rapport aux tendances mondiales ?

Avec une perspective nette d’emploi établie à +26% par le baromètre, la France surperforme la majeure partie des pays européens, en ce qui concerne les embauches prévues pour les prochains mois. Seuls quelques pays comme la Suisse, la Norvège et les Pays-Bas affichent un solde net positif supérieur (+31%) en Europe.

En Amérique centrale, les chiffres du marché de l’emploi sont particulièrement dynamiques avec un solde net de +38% pour le Costa Rica et le Guatemala, et même de +41% pour le Panama. Des données à mettre en relation avec des projections de taux de croissance de l’économie deux à trois fois supérieures (+3.5% en 2023, +3.8% en 2024) à celles de l’Amérique du Nord et de l’Amérique Latine, selon les toutes dernières projections du FMI.

La seule région du monde qui connaît une progression dans ses intentions d’embauche par rapport au premier trimestre est l’Asie Pacifique (+27% de prévisions nettes d’emploi au deuxième trimestre 2023, soit +2 points par rapport au premier trimestre 2023).

Autre point intéressant à noter : la France se classe au 6eme rang mondial pour les projets de recrutement dans le secteur du transport, de la logistique et de l’automobile, dépassant de 12 points la moyenne des 41 pays étudiés.

Les priorités des recruteurs pour faire face à la pénurie de talents

En complément du baromètre des perspectives d’emploi, des questions additionnelles ont été posées aux employeurs des entreprises françaises. Cette édition s’est ainsi intéressée aux difficultés de recrutement, aux compétences difficiles à trouver, aux soft skills les plus recherchés, et aux actions menées pour contrer la pénurie de talents.

8 employeurs français sur 10 déclarent ainsi rencontrer des difficultés de recrutement. C’est le cas de 89% des employeurs dans le secteur des transports, de la logistique et de l’automobile. Un phénomène qui se confirme dans toutes les régions et particulièrement dans les moyennes entreprises, où 86% des recruteurs doivent faire face à cette situation.

Ce taux d’entreprises confrontées à une pénurie de talents varie peu en fonction des régions ou des tailles d’organisme. Les compétences que les entreprises ont du mal à trouver concernent essentiellement : le marketing et la vente (19%), la logistique (16%), l’expertise en IT & Data (16%), l’ingénierie (16%), les compétences de production (16%), et la relation client (15%).

Concernant le savoir-être, les recruteurs éprouvent des difficultés à trouver des profils ayant les qualités personnelles suivantes : la fiabilité, la discipline, et le sens des responsabilités (23 %), la résistance au stress et la capacité d’adaptation (22 %), la prise d’initiative (21 %), la curiosité et le goût d’apprendre (20 %), le travail d’équipe (20 %), et la résolution de problèmes (20 %). Afin de développer les soft skills manquantes de leurs employés, la plupart des entreprises ont l’intention d’investir dans des formations adaptées.

Pour pallier la pénurie de talents, les employeurs prévoient également d’augmenter les salaires (33 %), d’offrir plus de flexibilité dans l’organisation du travail (31 %), d’étendre les possibilités de télétravail (25 %), et d’offrir davantage de primes (25 %). Pour faire face à la hausse du coût de la vie de leurs employés, les entreprises anticipent à court terme (à l’horizon de 6 mois) d’augmenter les primes de leurs meilleurs collaborateurs (32 %), d’augmenter les salaires en fonction des performances (30 %), et d’augmenter les salaires des postes aux compétences les plus recherchées (27 %). La hausse envisagée est en moyenne de +7 %.


Si l’impact de l’inflation énergétique se fait toujours sentir dans l’économie, le sentiment dominant dans les entreprises est que le plus dur est passé. Les prix commencent à se stabiliser, le fret est redevenu bon marché pour les entreprises exportatrices et celles qui dépendent des chaînes de valeur, la demande domestique demeure assez solide, les difficultés d’approvisionnement s’estompent dans certains secteurs-clés, et le risque de récession s’éloigne de plus en plus. Autant d’éléments positifs qui incitent les dirigeants à adopter un optimisme prudent, en matière de projets de recrutement.

Toutefois, les pénuries de talents et de compétences (savoir-faire, savoir-être) sont toujours là, et cela demeure un défi majeur à relever pour les entreprises. Pour résoudre en partie ce problème, les recruteurs français sont disposés à améliorer les conditions d’embauche et de travail offertes, ainsi qu’à investir dans des solutions de formation si besoin.


À propos du Baromètre et de l’étude

Le Baromètre ManpowerGroup des perspectives d’emploi pour le deuxième trimestre 2023 a été réalisé dans 41 pays et territoires, entre le 2 janvier et le 31 janvier 2023 auprès de 38 846 employeurs issus d’entreprises privées et d’organismes publics, dont 1020 employeurs en France. L’étude analyse les données obtenues en réponse à une unique question : « Comment anticipez-vous l’évolution des effectifs de votre entreprise au cours du prochain trimestre, jusqu’à fin juin 2023, par rapport au trimestre actuel ? ».

Le chiffre de « prévision nette d’emploi » utilisé dans ce Baromètre est le résultat de la soustraction entre le pourcentage d’employeurs anticipant une hausse de leurs effectifs et le pourcentage d’employeurs anticipant une baisse. Il s’agit donc d’un solde net — pouvant être positif ou négatif — de perspectives d’emploi. Les données sont corrigées des variations saisonnières afin de refléter au mieux la réalité des perspectives. Ces corrections permettent d’analyser les données en lissant l’impact des fluctuations saisonnières, qui se reproduisent normalement aux mêmes périodes chaque année. Les données ainsi corrigées sont donc plus représentatives sur le long terme. Précisons que Porto-Rico a été ajouté à l’étude au premier trimestre 2023. Par conséquent, l’évolution sur une année n’est pas disponible pour ce pays.

Huit questions additionnelles ont été posées aux répondants autour des enjeux liés à la pénurie de talents.

Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser