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Comment analyser les perspectives d’emploi dans le secteur de l’énergie ?

Les intentions d’embauche restent élevées au 3ème trimestre 2023, malgré une légère baisse (21% contre 26% en avril dernier). Notre dernier baromètre de juin sur les perspectives d’emploi le montre, pour certains secteurs, elles sont même en très forte augmentation. C’est le cas du secteur de l’énergie, qui enregistre une hausse record ce trimestre. Comment expliquer ces résultats ? Décryptage avec Éric Servolle, Directeur de Marchés chez Manpower France.


Que vous inspirent les résultats de ce baromètre sur les perspectives d’emploi en France ?

Éric Servolle : Ces résultats ne m’étonnent pas. Avec 40 % des entreprises qui prévoient de recruter de nouveaux talents au 3ème trimestre 2023, le marché du recrutement reste globalement dynamique en France. Toutefois, il faut remettre ce chiffre dans le contexte de pénurie croissante des talents auquel les entreprises font face depuis plusieurs mois.

Pour Alain Roumilhac, la formation est un outil incontournable pour répondre à cette pénurie. Quel est votre retour d’expérience à ce sujet ?

La formation accompagne la transformation du marché du travail et le nécessaire transfert de compétences qui lui est associée. C’est tout le sens de notre programme MyPath® : un programme personnalisé qui connecte les talents avec les opportunités pour développer leur potentiel.

L’évaluation personnalisée, le coaching de carrière, la formation sont autant d’outils qui permettent de créer un parcours sur mesure et de faire progresser un talent d’un métier et d’un secteur à l’autre.

Une approche gagnant-gagnant pour les entreprises comme pour les talents. Pour les entreprises, c’est un moyen de répondre à la pénurie de compétences et de réduire les coûts d’acquisition et de fidélisation. Pour les talents, c’est une solution pour développer durablement leur employabilité. 

Alors que 19 % des employeurs projettent de réduire leurs effectifs (contre 13 % au trimestre précédent), le secteur de l’énergie enregistre une hausse record des intentions d’embauche (+14 points). Constatez-vous cette dynamique ? Comment l’expliquez-vous ?

Nous constatons en effet une demande accrue de recrutement dans le secteur de l’énergie, directement liée aux besoins en matière de transition énergétique.

Prenons l’exemple de la filière nucléaire. En France, elle représente à elle seule plus de 3 200 entreprises, dont 80 % de PME, et 222 000 emplois directs et indirects.

Avec la prolongation du parc nucléaire existant et les nouvelles constructions à venir, des dizaines de milliers d’emplois sont attendus pour répondre aux besoins. Des emplois qui recouvrent des métiers très variés, mais surtout durables, qualifiés et avec de réelles perspectives d’évolution de carrière et de salaire.

Nous avons 25 agences certifiées CEFRI situées à proximité des sites nucléaires français et 49 correspondants radioprotection. Leur rôle est de recruter et développer les compétences des talents sur les métiers de logisticien nucléaire, électricien, agent logistique, échafaudeur, calorifugeur, soudeur, chaudronnier, etc.

En 2022, près de 600 intérimaires ont ainsi bénéficié de 25 000 heures de formation.

Avec un bilan net des perspectives d’emploi à +30 %, le Centre Est surperforme le reste du pays. Quels sont les atouts de cette région pour le secteur de l’énergie ?

Le Centre Est a toujours été une région très attractive pour les industriels. Après des décennies de délocalisations, la région s’est dotée récemment d’une stratégie de reconquête autour de trois grands défis : l’écologie, le numérique et l’industrie du futur. Cette démarche proactive et ancrée dans l’ère du temps a mis en valeur ses nombreux atouts. La région partage, à l’Est, des centaines de milliers de kilomètres de frontières avec la Suisse, l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, et leurs marchés. Pascal Cagni, Président du conseil d’administration de Business France, disait il y a peu que de cette région que c’est « 50 % du PIB de l’Europe dans un rayon de 600 kilomètres » ! À l’Ouest, la proximité de la région parisienne concourt évidemment à l’accessibilité et à l’attractivité du territoire.

Dans une période de relocalisation, cette région attire naturellement de nombreux investisseurs, et le secteur de l’énergie ne fait pas exception. Vous connaissez sans doute les sites de Cattenom, Nogent-sur-Seine, Chooz, Fessenheim et Belleville. La région Centre Est dispose d’un des parcs nucléaires les plus importants en France.

22 % des entreprises affirment recruter des emplois « verts » ou rechercher des compétences « vertes » chez les candidats. Quels sont les métiers et les profils les plus recherchés ?

Parmi les tendances de fond qui participent au basculement inédit du monde du travail, la réponse au défi climatique est sans doute celle qui nous impose le plus de repenser nos pratiques.

Notre étude « The New Human Age » montre que 52 % des salariés de la génération Z jugent que leurs entreprises n’en font pas assez en matière de protection de l’environnement. Jamais la société n’avait placé de telles attentes dans les entreprises ! Pour répondre aux aspirations des jeunes générations en quête de sens et adopter de nouveaux modèles de croissance, les compétences et emplois « verts » sont des leviers indispensables. Si, demain, tous les secteurs seront concernés, aujourd’hui, les métiers qui demandent le plus de « green skills » concernent les secteurs de la fabrication et de la production (30 %), de l’IT et de la data (28 %) et de la logistique (26 %).

Quels critères avez-vous mis en place pour identifier et recruter ces talents et développer ces compétences ?

ManpowerGroup Talent Solutions a créé Green Booster. C’est une approche unique qui vise à accélérer la transition écologique des entreprises par leurs talents. L’objectif est simple : former les talents à devenir des ambassadeurs « green » pour faire évoluer durablement les comportements au sein même des organisations.

Concrètement, les talents passent par une première phase de sensibilisation qui permet de déterminer leur profil selon leur niveau de connaissance et de leurs compétences comportementales « responsables ». Ensuite, ils bénéficient d’un système d’accompagnement personnalisé afin d’intégrer de nouvelles façons de penser et de nouveaux réflexes à leur quotidien au travail. À terme, ils peuvent ainsi influer sur l’ensemble de la chaîne de valeur des produits et services de l’organisation.

Comme je l’évoquais précédemment, le véritable enjeu est d’attirer et de fidéliser les talents en répondant à leurs nouvelles aspirations. Nos équipes, nos 100 cabinets de recrutement et nos 50 agences spécialisées dans le recrutement de profil experts et cadres, cherchent continuellement à optimiser les phases d’acquisition, de conversion et de transformation des candidatures pour nos clients.

Comment ? En adressant le bon message, à la bonne personne, au bon moment. Cela passe notamment par l’intermédiaire de canaux digitaux et traditionnels, comme en agence par exemple.

Comment le secteur de l’énergie va-t-il évoluer selon vous ?

Le secteur de l’énergie est le fer de lance des transitions à venir. Plus vert et plus connecté, il associera la puissance de la technologie au meilleur de l’humain. Nous sommes très heureux d’accompagner nos clients dans ces transformations et nos talents dans leur quête d’un emploi plus en adéquation avec leurs aspirations.

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