L’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM) se lance dans un « Tour de France de l’insertion » pour faire connaître son fonds d’investissement, « Agir pour l’Insertion dans l’Industrie » (A2i). Dans un secteur en pénurie, de nombreuses opportunités sont à saisir à tous les niveaux de qualifications. Les personnes peu ou pas diplômées peuvent notamment y trouver une chance d’exprimer leurs talents.
Le fonds A2i, créé fin 2009 à l’initiative de l’UIMM, a pour objectif de relier entreprises, organismes de formation et demandeurs d’emploi. Ce tour de France a pour but d’aller à la rencontre des jeunes pour leur faire connaître toutes les opportunités offertes par l’industrie. Une nécessité : alors que la métallurgie, par exemple, embauche entre 60.000 et 80.000 personnes par an, beaucoup de métiers restent méconnus dans un secteur qu’on présente avant tout comme en crise.
« L’industrie manque de compétences »
Cette campagne de promotion est d’autant plus nécessaire que l’industrie est confrontée à une importante pénurie de main d’œuvre. « Le paradoxe est que nous avons un chômage de masse, alors que l’industrie manque de compétences », explique Anne Lauvergeon, présidente du fonds A2i.
La pénurie concerne tous les niveaux de qualification : si l’industrie manque d’ingénieurs, de nombreux postes à basse qualification sont à pourvoir : soudeurs, usineurs et chaudronniers, par exemple, manquent cruellement à l’appel mais sont délaissés par les jeunes. D’où ce cri du cœur d’Anne Lauvergeon dans l’Usine nouvelle :
« Dites-le plus fort, partout autour de vous, que chaudronnier est un beau métier ! »
L’insertion, « une nécessité sociale, économique, industrielle »
Dans ce contexte, « l’insertion n’est pas une bonne action, une façon de se donner bonne conscience, c’est une nécessité sociale, économique, industrielle », souligne l’ex-patronne d’Areva.
Un besoin qui constitue une réelle opportunité pour les victimes de La Machine à trier : depuis sa création il y a deux ans, le fonds A2i a soutenu 2 000 personnes ; une opportunité pour les personnes en difficulté (jeunes en échec scolaire, chômeurs de longue durée, allocataires du RSA, femmes revenant sur le marché du travail, personnes handicapées…), qui bénéficient d’un accompagnement adapté : des « sas » de pré-qualification et des formations qualifiantes, via l’alternance notamment, ont été mis en place.
98% des décrocheurs décrochent…un emploi
Par exemple, l’alternance dans des « écoles de production », permet à des jeunes « décrocheurs » précoces (au niveau de la 4ème) de bénéficier d’une deuxième chance. Ce qui suscite l’enthousiasme d’Anne Lauvergeon :
« On les fait travailler pour de vrais clients, fabriquer des pièces pour les PME-PMI de la région. Une fois la motivation revenue, ils retournent faire du calcul sur les bancs de l’école. 98% d’entre eux trouvent un emploi à la sortie ! ».
Espérons que le tour de France d’Anne Lauvergeon portera ses fruits : alors que la pénurie nuit à la compétitivité des entreprises, l’exclusion représente un immense gâchis de talents.
> Crédits images :
- Anne Lauvergeon : issue du flickrstream de Sophie Le Roux (sous licence CC)
- Ouvrier : issue du flickrstream d’Eric Charlton (sous licence CC)