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Le bruit des arbres qui poussent. 2- Demain, tous des élites grâce aux MOOC?

Si nous ne le voyons pas toujours, les nouvelles technologies sont au cœur des dynamiques d’emploi aujourd’hui. Elles portent aussi une révolution : avec le e-learning et les « MOOC » (massive open online courses), les plus grandes université au monde rendent leurs cours gratuitement et universellement accessibles. Les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche et le Forum mondial des mondial de l’éducation et de la formation en ligne de Berlin ont fait la part belle à cet arbre qui pousse, qui pourrait changer radicalement le paysage de l’enseignement supérieur et de la formation.

 

Les nouvelles technologies font parfois peur parce qu’elles nous font perdre certains repères : elles mondialisent le marché du travailtransforment à grande vitesse la nature des emplois, les filières de demain émergent à peine ou sont encore à inventer, nos anciens modes d’organisation du travail ne fonctionnent plus à l’ère du collaboratif… Le numérique est aussi le vecteur d’une révolution de l’enseignement et de la formation, celle des MOOC – cours en ligne gratuits pour tous. Les meilleures universités au monde s’y engagent, les MOOC pourraient rendre l’excellence accessible à tous.

Une arme de démocratisation massive

Les MOOC sont « offerts » dans le cadre de projets plus ou moins philanthropiques comme la célèbre Khan Academy, ou par des universités prestigieuses telles que Harvard, le MIT et Berkeley qui se sont récemment lancées dans l’aventure sous la bannière du projet edX. Mais les MOOC, ce sont aussi et surtout des start-ups comme Coursera ou Udacity qui diffusent gratuitement des cours de très haut niveau. Leur croissance est vertigineuse : le pionnier Coursera, dont le réseau d’universités partenaires est impressionnant, a atteint le million d’utilisateurs en seulement quatre mois. Facebook, lui, avait du en attendre neuf….

Vincent Berger, rapporteur général des Assises de l’enseignement supérieur, est dithyrambique : ces cours « s’adressent notamment aux salariés en formation continue, qui peuvent adapter leurs horaires, aux étudiants empêchés ou aux personnes en situation de handicap… En un mot, ils s’adressent à toutes et tous de par le monde. » Ces méthodes donnent « à chacun l’accès à une quantité énorme de connaissances, partout et à chaque instant », s’enthousiasme-t-il. Jeune ou moins jeune, étudiant ou actif de longue date : demain, tout être humain pourrait accéder à des contenus pédagogiques d’excellence grâce à ce e-learning gratuit et universel.

Les MOOC pour abattre les cloisons entre études et emploi ?

L’accès à la connaissance et le développement des compétences tout au long de la vie sont l’enjeu numéro 1 du monde du travail aujourd’hui. Pour le fondateur d’Udacity, cette nouvelle forme d’éducation permanente est « mieux adaptée au marché du travail moderne ». Les cloisons entre études et emploi aggravent le chômage ? L’université en ligne contribuerait à les abattre, pour créer un heureux continuum entre enseignement, formation et emploi.

En démocratisant massivement l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur et en capitalisant – généralement – sur le collaboratif, l’université en ligne pourrait donner un élan décisif à la formation continue. Un début de réponse mondiale à la « Grande Inadéquation » des compétences? La question mérite d’être posée : la plupart des cours portent sur les matières technologiques or, d’ici 10 ans, 80% des emplois nécessiteront des compétences technologiques.

Cours edX

« Vous pouvez changer le monde »

Les MOOC pourraient marquer l’avènement d’une mondialisation vertueuse de l’enseignement supérieur et de la formation. S’ils suscitent parfois de la méfiance (d’aucuns craignent une « MacDonalisation de l’enseignement »), l’engouement est mondial : 62% des utilisateurs de Coursera – start-up américaine qui diffuse des cours d’universités américaines – résident au Brésil, en Inde, en Chine et au Canada.

La vague se propage aux pays en développement, comme au Salvador. Pour Shai Reshef, président de University of the People (une université en ligne entièrement gratuite, fondée en 2009 et qui a déjà dispensé ses cours  de gestion et d’informatique à plus de 1 500 étudiants issus de 132 pays), les MOOC sont une authentique révolution :

« Quand vous formez une personne, vous pouvez changer sa vie. Quand vous en formez beaucoup, vous pouvez changer le monde. »

Coursera - Résidence des utilisateurs

Le détournement des cerveaux ? Des challengers de taille pour l’enseignement supérieur français

Pour que la France prenne le train en marche, Vincent Berger propose une « grande initiative nationale pour le développement de l’enseignement supérieur en ligne ». Car au-delà de leurs promesses, les MOOC portent aussi une nouvelle concurrence. Vincent Berger prévient :

« L’Enseignement supérieur français, s’il ne sait pas être extrêmement ambitieux dans ce domaine, risque de voir un grand nombre de ses étudiants le quitter. […] Ce ne sera plus la fuite des cerveaux, ce sera le détournement des cerveaux. » Si la France veut rester compétitive, elle devrait proposer une « offre ambitieuse d’enseignement supérieur en ligne allant bien au-delà de ce qu’il y a aujourd’hui, et accompagné d’un programme de recherche en sciences humaines et sociales, en sciences de l’éducation, en informatique, portant sur les enjeux, les conséquences et les moyens de cette révolution. »

Souhaitons donc le plus grand succès au projet « France Universités Numériques » récemment lancé par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Vers la fin des diplômes ?

Demain, une image d'archive?En France, la détention d’un diplôme officiel est plus que jamais nécessaire à l’insertion sur le marché du travail : près d’un jeune non diplômé sur deux (46%) est au chômage aujourd’hui. Le savoir gratuit pour tous changera-t-il la donne ?

Selon le fondateur d’Udacity, les MOOC sonnent le glas des diplômes traditionnels. Dans le New York Times David Wiley, professeur de psychologie et de technologie à l’université Brigham Young, spécialiste de l’éducation gratuite en ligne, va plus loin :

« Les employeurs se fient aux diplômes parce que c’est un moyen rapide d’évaluer les 300 candidats qui postulent pour un emploi, mais dès qu’il existera un mécanisme jouant le même rôle, l’empire des diplômes sera mort. »

Le Forum mondial de Berlin a voté pour l’abolition des diplômes. Aujourd’hui, les acteurs des MOOC mettent en place des certifications. A suivre…

>>> En savoir + :

Stratégies des employeurs pour surmonter les difficultés de recrutement

> Photo de diplômés issue du flickrstream de neonbubble, sous licence CC

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