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La France n’est pas unique et indivisible face au chômage

La France n’est décidément pas « unique et indivisible » face au chômage et l’Ouest du pays confirme son dynamisme en matière d’emploi. Tels sont les enseignements que l’on peut tirer de deux études récentes.

Chômage par zone d'emploi - 3ème trimestre 2011Les dernières statistiques du chômage par zone d’emploi publiées par l’INSEE montrent que le taux de chômage a varié du simple au quadruple au 4ème trimestre 2011.

  • Avec seulement 4,5 % de chômage, la zone la plus dynamique est le bassin d’emploi de Houdan, dans les Yvelines. Ici, ce n’est pas l’activité économique mais plutôt celle des voisins qui tire les performances vers le haut : ses habitants sont mobiles et travaillent surtout à l’extérieur du bassin.
  • Essentiellement fondé sur des  exploitations agricoles peu dynamiques, le bassin d’emploi de Thiérache – au coeur des Ardennes – détient le record du chômage en France : 16,5 %.

Le groupe France Industrie et Emploi (FIE), spécialisé dans la « revitalisation de territoires », a de son côté publié une étude des créations et destructions d’emplois dans les entreprises françaises de plus de 10 salariés en 2011.

2 fois moins de plans sociaux qu’en 2009…mais moins de créations d’emploi qu’en 2010

Dans l’ensemble, on constate une reprise fragile de l’emploi. Industrie et services confondus, le solde net (créations – destructions d’emploi) est positif de 15.700 emplois :

  • 1 405 projets ont créé 50.200 emplois ;
  • 844 projets ont détruit 34.464 postes.

D’un point de vue global, on note bien moins de destructions d’emplois qu’en 2009, mais une dynamique de création de postes plus faible qu’en 2010 :

  • certes, la France a connu en deux fois moins de plans sociaux en 2011 qu’en 2009 ;
  • néanmoins, le nombre de projets créateurs d’emplois a baissé de 15% par rapport à 2010 et, en moyenne, le nombre d’emplois créé par projet chute : 35 contre 37 en 2010.

Désindustrialisation et sous-traitance, premiers vecteurs de destructions d’emploi dans les régions

Créations d'emploi par région en 2011Au niveau local, on observe que les régions les plus désindustrialisées et les départements de taille moyenne dont l’économie repose surtout sur la sous-traitance (par des PME-PMI) ont particulièrement souffert : Champagne-Ardenne, les Vosges, l’Aube, l’Indre-et-Loire ont été les premières touchées par les réductions d’effectifs en 2011.

En revanche, le Midi-Pyrénées a bénéficié de la bonne tenue de la santé et de l’aéronautique – tirée vers le haut par les grands groupes industriels Airbus et Safran. L’Alsace a aussi tiré son épingle du jeu grâce aux biotechnologies, à la pharmacie et à l’agro-alimentaire.

Une métropole dynamique et des activités structurantes, clés de la création d’emplois ?

L’analyse de France Industrie et Emploi :

« Les départements ayant une métropole dynamique comme Lille, Paris, Toulouse, et adossés à des secteurs d’activités structurants, ont créé le plus d’emplois en 2011. »

A rebours d’une image qu’on en a souvent, le département Nord s’est imposée en 2011 comme le premier département créateur d’emplois grâce à l’automobile, aux services aux entreprises et au ferroviaire. Néanmoins, il se situe dans le même temps en 2ème position en termes de destruction d’emplois, derrière Paris.

La situation de la région Ile-de-France, qui crée un tiers des richesses nationales, est analogue à celle du département du Nord : elle détient à la fois les records de la création et de la destruction d’emplois tout à la fois.

Des restructurations en cours et à venir

Industrie recruteDans l’industrie, on note que :

  • le dynamisme de l’aéronautique se maintient : autant d’emplois créés qu’en 2010 ;
  • l’automobile, premier secteur créateur d’emplois dans l’industrie, ralentit : 500 créations de postes de moins que l’année dernière ;
  • la métallurgie et l’agro-alimentaire sont en difficultés sur la scène internationale, la première étant notamment pénalisée par un euro fort et la concurrence des pays à bas salaires ;
  • suite à la forte réduction des aides publiques, la filière de l’énergie solaire s’est littéralement effondrée.

Les services ont éprouvé de sérieuses difficultés en 2011, en créant 26% d’emplois de moins qu’en 2010. En cause, principalement : des restructurations lancées dans les technologies de l’information, les banques, les centres de relation client et les transports. Une tendance qui, selon le groupe FIE, pourrait d’aggraver en 2012.

Plans sociaux dans les grands groupes, investissements étrangers, équilibre des économies locales : attention

Dans son analyse d’ensemble, le cabinet de conseil souligne que la diminution des plans sociaux – en particulier au sein des grands groupes – reste fragile et que les investissements étrangers créateurs d’emploi sont en net recul.

Concernant les territoires, il insiste sur le fait que les disparités se creusent et que « la part encore très élevée des fermetures de sites » (58% des projets destructeurs d’emplois), représente « une menace majeure » pour les économies locales.

Face à ces dangers, les collectivités locales, « détentrices d’un rôle clé en matière de création et destruction d’emploi » doivent notamment, selon le groupe FIE, « constituer une offre territoriale attractive (immobilier d’entreprise, formation, innovation, parcours professionnels, infrastructures de communication, haut débit…) afin de maintenir les entreprises locales et en accueillir de nouvelles ». Le groupe insiste aussi sur l’importance d’une intervention publique « simplifiée, clarifiée et mieux coordonnée » en matière d’emploi.

Une mobilité insuffisante

Etant donné cette grande hétérogénéité des territoires en matière d’emploi, on pourrait assurément ajouter l’importance de la mobilité – l’une des clés du succès de l’exemplaire pays de Vitré.

Sur ce point, le témoignage Jean-Manuel Soussan, DRH de Bouygues Construction, est éclairant. Comme d’autres de ses homologues, il souligne ses lacunes : en France comme « en Europe, il est difficile de mettre en œuvre de la mobilité et de la faire accepter ».

>>> Pour en savoir +

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