Alors que les femmes sont largement sous-représentées dans les métiers des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’Atelier de l’Emploi TV a rencontré Christine Lanoë, Directrice des ressources humaines d’Orange France.
Orange est partenaire de l’étude Mutationnelles, une référence en matière de présence des femmes dans les métiers des sciences et de l’ingénierie, dont la dernière édition s’inquiétait notamment de la baisse du nombre de femmes dans les écoles d’ingénieurs (seulement 20% des effectifs aujourd’hui), particulièrement sensible dans la filière des « sciences et technologies de l’information et de la communication ».
Selon Christine Lanoë, les campagnes de promotion ne suffisent pas : dans les métiers technologiques comme dans les entreprises en général, d’autres actions sont indispensables aux progrès de la mixité. Voici son interview.
Attractivité, accès aux responsabilités, parcours professionnels, éveil des enfants et pédagogie : de nombreux chantiers pour les métiers technologiques
Pour contrer une tendance encore plus préoccupante à l’heure de la pénurie de compétences numériques, des campagnes promotion de l’image ces métiers ont été développées afin d’améliorer leur attractivité auprès des femmes, notamment les plus jeunes. Christine Lanoë prend pour exemple le concours Science Factor qui vise à susciter plus de vocations scientifiques chez les lycéennes. Elle juge toutefois que, si ces campagnes sont nécessaires, elles sont insuffisantes :
- alors que les femmes accèdent moins facilement aux postes managériaux, les actions menées par les entreprises pour permettre aux femmes déjà présentes dans le secteur d’accéder à des responsabilités supérieures doivent continuer à se développer ;
- il est souhaitable de développer la pratique des sciences à l’école afin d’éveiller l’intérêt des enfants ;
- en termes de parcours professionnels et de pédagogie, les pratiques de pays comme l’Inde ou la Malaisie – où les femmes sont très présentes dans les nouvelles technologies – devraient inspirer de nouvelles actions.
Renouvellement des générations, engagement des dirigeants, plafond de verre, quotas et mentoring : les voies d’un progrès de la mixité dans les entreprises
Par ailleurs, Christine Lanoë souligne que, si les écarts de rémunérations persistent dans bien des secteurs, elles tendent à se résorber dans les télécommunications – secteur qui connaît aujourd’hui une « relative parité ». Au-delà d’une politique particulièrement volontariste d’entreprises proches du grand public, elle explique cette heureuse particularité par le renouvellement des générations – notamment dans les métiers de production de contenus.
Interrogée sur la faible présence des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises (9% dans les comités de direction) et l’importance des écarts (supérieurs à 10%) en termes d’importance de budgets à gérer, Christine Lanoë met en avant des éléments essentiels aux progrès :
- l’engagement des dirigeants fait la différence : Orange en serait la preuve, avec 30% de femmes dans les comités de direction ;
- il faudrait aider les femmes à briser le « plafond de verre », à dépasser les limites qu’elles se fixent elles-mêmes en termes de prise de responsabilités ;
- les objectifs chiffrés (quotas) paraissent indispensables ;
- les pratiques de mentoring sont efficaces.