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La Guerre des talents, EPISODE I : les contenus de formation (P. Berthou, FuturSkill)

Lors du iLearning Forum qui s’est tenu le mois dernier à Paris, Pierre Berthou, Directeur Général Software de FuturSkill, a expliqué pourquoi il croit tant au potentiel des « MOOC » ces plateformes de e-learning d’excellence gratuit, qui rendent la connaissance accessible à tous dans le monde entierpour la formation continue dans les grandes entreprises mondialisées. Pour en savoir plus, l’Atelier de l’Emploi s’est rendu à sa conférence « Gagner le guerre des talents : tirer parti de la formation pour développer les compétences ».

Contre la Grande Inadéquation des compétences technologiques, former

On estime que d’ici 2015, dans le monde entier, 9 emplois sur 10 nécessiteront des compétences technologiques – quel que soit le secteur d’activité. Pierre Berthou tire la sonnette d’alarme : nos systèmes de formation ne sont pas prêts pour ce grand basculement ; à cet horizon, 60% des postes créés exigeront des compétences détenues actuellement par… seulement 20% de la population.

Talent Shortage 2012 - Monde - Difficultés de recrutementRésultat de cette inadéquation : dans le monde entier, les pénuries se développent et la chasse aux talents s’intensifie. Ce phénomène est loin d’être l’apanage des pays « développés », souligne Pierre Berthou : l’Inde, le Brésil ou Taïwan comptent parmi les pays les plus touchés, ainsi que les pays émergents.

Parce que l’humain devient le premier moteur de la croissance des entreprises, leur compétitivité est mise en danger par la rareté des profils technologiques. Pour Pierre Berthou, l’enjeu est clair :

« Pour gagner la « guerre des talents », il faut avant tout mener la bataille des compétences technologiques. Dans cette perspective, la formation et le développement des compétences deviennent encore plus stratégiques aujourd’hui qu’hier. »

Faim de savoirs chez les émergents, suffisance française ?

Sommes-nous armés ? Clairement, non :

Pierre Berthou (FuturSkill)

« Nous en sommes à un stade préhistorique ! On cherche à faire plus avec moins, mais à niveau d’exigence croissant, les compétences stagnent, et cela se traduit en stress, en risques psychosociaux… »

L’inadéquation est mondiale, les solutions sont locales – en fonction des spécialisations et de la culture et de chaque pays. En France, l’excellence pédagogique serait un horizon indépassable, à l’inverse de pays en développement plus prompts à accepter le « M » des MOOC : ces pays ont une « faim » massive de savoirs, tant d’un point de vue individuel (épanouissement, réussite…) que d’un point de vue national (empowerment collectif, compétitivité…), à l’opposé d’une France qui aurait tendance à se reposer sur ses acquis. Saurons-nous relever le défi des compétences technologiques ainsi ? Probablement pas…

Le coût des contenus de formation, obstacle rédhibitoire?

De notre capacité à faire évoluer notre système de formation dépendra notre compétitivité sur le marché mondial des talents, où chaque université (ou MOOC, organisme de formation/certification, etc.) s’efforce déjà d’attirer les meilleurs du monde entier. Pierre Berthou pose la question : qu’adviendra-t-il si, demain, toutes les populations du monde – ou presque – étaient formées par des MOOC américains, ou indiens, ou chinois…?

EurosLes pays qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui prouveront leur capacité à inventer de nouveaux modèles économiques pour la création de contenus de formation – avec le MOOC d’entreprise en ligne de mire. Car aujourd’hui, les contenus pédagogiques coûtent très cher« Pour un contenu correspondant à 1h de formation, il faut compter entre 7 et 15 000 euros. » Des montants prohibitifs quand on sait que des milliers d’heures de formation sont nécessaires, et qui ne permettront certainement pas de « concurrencer la gratuité », ni de « faire plus avec moins ».

Mutualiser pour massifier, faire preuve d’humilité et de confiance

Pierre Berthou insiste : il devient urgent d’inventer de nouveaux modèles permettant, notamment, d’amortir les coûts : regroupements d’entreprises et autres synergies… Selon lui, il ne faut pas avoir peur de mutualiser pour massifier, quitte à tolérer que le contenu ne soit pas des plus sophistiqués. Car l’enjeu majeur est, en France aussi, l’accès de tous à un minimum de connaissance ; et, pour y parvenir dans un contexte budgétaire pour le moins tendu, la réduction des coûts est essentielle. En Bretagne par exemple, les acteurs publics et privés créent des passerelles efficaces entre les structures éducatives et les entreprises pour améliorer la compétitivité numérique de la région.

l'individu-acteurEnfin, il faut « amener le collaborateur à être acteur de sa formation, cela ne peut pas fonctionner de manière. » Pour Pierre Berthou, il faut commencer par un changer la vision et l’organisation de la formation en entreprisele formateur ne doit plus être le « sachant » qui dispense un savoir de manière top-down, l’individu deviendra acteur de sa formation si l’initiative « vient de lui » – ce qui représente 44% des cas aujourd’hui. Il reste encore du chemin avant d’en arriver à un modèle d’évaluation permanente des compétences

Couper court au court-termisme

La multiplication des universités d’entreprise le montre : les entreprises prennent de plus en plus conscience de leurs lacunes en termes de formation, et de celles du système en général – le groupe Mazars a même créé son propre MBA. Pierre Berthou appelle celles qui veulent aller de l’avant à accepter d’investir sur l’avenir au lieu de rester figées dans l’impasse du court-termisme ou de courir après la rentabilité immédiate : la formation doit être vue comme un investissement qui permet d’escompter une rentabilité à moyen terme.

 

> Image de Une issue du flickrstream de chooyutshing, sous licence CC
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