Le vieillissement des populations occidentales est au coeur des pénuries de talents (« skills mismatch ») : 360 millions de personnes auront pris leur retraite d’ici 2020, dont 38 millions de diplômés du supérieur. Les systèmes de formation n’ayant pas évolué au rythme des transformations économiques, la relève n’est pas assurée et de nombreux besoins ne pourront pas être satisfaits si les tendances actuelles persistent.
Le phénomène est d’autant plus inquiétant que l’essentiel du renouvellement de la population active mondiale viendra d’Inde et des jeunes économies d’Afrique et d’Asie du Sud – dont les niveaux de formation sont encore très bas : l’arrivée des uns ne remplacera pas le départ des autres. Parmi les solutions de court terme à cette « Grande Inadéquation », il est communément admis qu’il faut travailler plus longtemps dans les pays où l’espérance de vie augmente continuellement – grâce aux progrès de la santé.
A cela s’ajoute évidemment la crise des finances publiques. D’après les Perspectives de l’OCDE sur les retraites 2012, plus de 80% des pays de l’OCDE prévoient ainsi de repousser l’âge légal de départ en retraite. Une évolution « essentielle » alors que les dépenses de retraite devraient représenter 11,4% du PIB des pays de l’OCDE en 2050 (+ 3 points par rapport à 2010). Un changement qui, selon l’organisation, pourrait aussi renforcer la position des gouvernements face aux marchés financiers et dynamiser les économies en « contribuant à la fois à assainir les finances publiques et à stimuler la croissance. »
Une infographie réalisée par The Economist montre à quel point l’âge légal de la retraite n’a jusqu’à présent absolument pas suivi l’évolution de la longévité en Occident. Le décalage encore plus grand si l’on s’attache à l’âge effectif de la retraite (dans la plupart des pays de l’OCDE, on arrête généralement de travailler avant l’âge l’égal).
Les paradoxes sont saisissants. Par exemple, en France l’âge légal comme l’âge effectif de la retraite a reculé entre 1970 et aujourd’hui alors que :
- en 1970, un Français vivait en moyenne 10 ans à la retraite ;
- aujourd’hui, il peut espérer passer en moyenne 23 années sans travailler.