> Cet article est la suite de la rétrospective « Entendu en 2013 ». Lire les deux premières parties : « Le mal-être au travail, c’est fini ! » et « Le diplôme, c’est fini ! »
> Cliquer sur les images pour accéder aux articles
1- Le mythe : « Sur le marché du travail, plus personne ne sera bientôt en CDI ! »
Tremblement de terre sur le marché du travail : la loi « relative à la sécurisation de l’emploi », promulguée à la mi-juin. En se fixant comme objectif de développer la flexibilité des entreprises, et malgré des avancées en termes de répartition plus juste des risques qui y sont associés, la loi réveille certaines peurs alors que, parallèlement au deuxième trimestre 2013, plus de 80% des embauches se faisaient en CDD : la flexisécurité, c’est la fin du CDI pour tous… et la précarisation généralisée ?
2- Ce qui change vraiment : le CDI à temps complet, bientôt marginal ?
Loin de tuer le CDI, l' »accord emploi » vise bien à combattre le dualisme du marché du travail – le maintien dans l’emploi garanti aux uns, l’exclusion promise aux autres. Et pour les salariés les plus fragiles, de nouvelles sécurités sont bel et bien apparues – ou vont bien apparaître.
En 2008, le CDI représentait 86% de l’emploi privé en France. Le CDI pour tous, à temps plein, du début de carrière à la retraite, tend à ne plus être la norme. La raison ? Pas tant les contrats courts à très courts, peu sécurisants mais, plus fondamentalement, l’apparition de nouvelles formes et de nouvelles relations de travail, moins standardisées, plus « à la carte », plus flexibles. Près de la moitié de la population active hollandaise travaille ainsi à temps partiel, et de nombreuses entreprises, en France, inventent de nouvelles modalités RH pour coller à cette réalité.
La signature d’un accord donnant naissance au CDI intérimaire, qui « rejoindra les modalités du CDI de droit commun, avec des règles aménagées » pour l’intérim, est une étape importante pour ce qui se dessine comme une « flexisécurité à la française » : un marché de travail moins rigide, mais « sécurisant ».
3- Le défi pour demain : accompagner des carrières de moins en moins continues
« En France, 40% des actifs occupent un emploi sans rapport avec leur formation initiale, et plus de 50% ont changé au moins une fois d’orientation professionnelle dans leur carrière » : les trajectoires professionnelles sont de moins en moins rectilignes, sont parfois chaotiques. L’individu, seul acteur de son employabilité et de son orientation professionnelle ? Les intermédiaires de l’emploi et les employeurs ont un grand rôle d’accompagnement à jouer, une responsabilité appelée à être de plus en plus déterminante et vouée à bousculer la nature même de l’entreprise.
> A lire aussi :
- Le « CDI intérimaire » : une étape décisive dans la création d’une sécurité à la française
- Au-delà du CDI, ces nouvelles formes d’emploi qui redessinent l’emploi en Europe
- CDD, CDI : obsédée par la forme, la France néglige-t-elle les réalités du marché du travail ?
- Réforme du marché du travail et sécurisation : les ressorts de la négociation