« Un BEP chaudronnerie ? Chaudronnier, hein ? Tu crois que je vais faire quoi avec un chaudron ? ». Il y a 15 ans, le rappeur Oxmo Puccino restait perplexe devant un tel conseil d’orientation. Ses doutes ont été récompensés hier, avec une Victoire de la musique. Mais combien suivront sa trace, combien deviendront « millionnaires » ? Puisque à Toulouse, première étape de l’opération « Agissons pour l’Emploi », il a beaucoup été question de ces chaudrons qui font voler les avions, donc la France, cette Semaine de l’emploi rend hommage à Oxmo et remixe son morceau « Peu de gens le savent » – dont voici un court extrait.
A Toulouse, après une journée de job-dating où plus de 1100 entretiens ont été menés – un véritable marathon de l’emploi ! -, on a débattu avec passion des perspectives d’un écosystème industriel en France. Un obstacle se dresse sur sa route : la mauvaise image de certains métiers, comme chaudronnier ou tourneur-fraiseur, pourtant protégés du chômage et offrant de belles perspectives tant les spécialistes sont recherchés. Pour que les jeunes, premières victimes de la crise, cessent de les délaisser, Marc Ivaldi, professeur d’économie à la Toulouse School of Economics, lançait à Philippe Almansa, de l’UIMM : « Faites connaître les salaires dans vos métiers, plus d’un sera surpris ! ».
#01 Peu de gens le savent mais… « tu peux faire plein de choses avec un chaudron »
Ha? chaudronnier c’est mal payé ? L’industrie française vers un écosystème de croissance et d’emploi bit.ly/YckVvB RT@manpowergroupfr
— Floriane KUROWIAK (@KurOflO) 8 février 2013
On taquine Marc Ivaldi mais, si l’on en croit Oxmo Puccino, les salaires des chaudronniers – aspect essentiel de l’attractivité – sont sous-estimés. Et avant même la rémunération, les Français savent-ils tous ce qu’est un chaudronnier ? Les générations X, Y et Z sont-elles imperméables aux images d’Epinal et à une actualité médiatique rythmée par des annonces de fermetures d’usines? En tout cas la désaffection est là, contre laquelle la Semaine de l’industrie s’attaquera – une nouvelle fois – en mars. Chaudronnier-soudeur, c’est un métier symbolique de la metallurgie. Coïncidence?, c’est justement l’un d’eux qui est favori pour succéder à Bernard Thibault à la tête de la CGT. Décidément, Anne Lauvergeon avait eu le nez creux quand elle implorait les journalistes, l’année dernière : « Dites-le plus fort, partout autour de vous, que chaudronnier est un beau métier ! ».
Thierry Lepaon, un chaudronnier favori pour prendre la tête de la CGT usinenouvelle.com/article/thierr… #normandie — Thibaut De Jaegher (@jaegher) 16 octobre 2012
#02 Peu de gens le savent mais… les chaudrons vont dans les avions, et les avions font décoller la France
Les chaudrons empêchent la France de piquer du nez, voilà ce que montre notre balance commerciale en 2012. Car l’aéronautique, fer de lance de l’économie toulousaine, est « la bouée de sauvetage des exportations françaises » – et notre voyage à Toulouse nous a montré que l’efficacité de la collaboration de tous les acteurs du secteur n’y était pas pour rien. On comprend la fierté de Dominique Thomas, chaudronnier dans l’aéronautique : « Le travail que je fais dans l’aéronautique est plus fin ». On comprend aussi celle des seuls twittos qui ont partagé l’article des Echos épluchant les résultats de notre commerce extérieur en 2012 : la Confédération Générale des PME du département toulousain, le principal fil d’information sur l’aéronautique et la section CGT de l’avionneur Dassault.
#03 Peu de gens le savent mais… les alcools portent le commerce extérieur de la France
Les exportations françaises ? aéronautique(16,8)les industries mécaniques(3,3)les vins et spiritueux(3,2)…la suite buzzz-marketing.blogspot.fr/2012/06/export… — Marketing Insolite (@christianinsoli) 4 septembre 2012
Dans nos exportations, l’agroalimentaire se porte plutôt bien mais, notent Les Echos, sa performance est fragile et « repose pour l’essentiel sur le succès des vins, du champagne et des spiritueux ». L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ne s’y trompe pas lorsqu’il fête la victoire de François Gabard au Vendée-Globe en évoquant le Cognac, symbole de cette réussite dans le commerce extérieur. Le Cognac, dont 97% de la production est exportée et qui n’est, par définition, pas délocalisable…
La « Gabare » : bateau sur le fleuve Charente, célèbre pour sa contribution aux exportations du Cognac. Il n’y a pas de hasard !
— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 27 janvier 2013
#04 Peu de gens le savent mais… à Toulouse, on fait (aussi) de la bière et du whisky
Toulouse, « festive et tranquille », participe à cette réussite alcoolique. Si à Marseille, deuxième étape de la tournée Agissons pour l’emploi, les PME innovantes sont au programme du retour à la compétitivité, les toulousaines ne sont pas en reste… De plus en plus de petits producteurs brassent eux-mêmes leurs bières et « surfent sur [la] vague du local ».
Bonne nouvelle mais attention quand même !20minutes.fr/toulouse/10958… fb.me/2p4w7Im0H — sudradio (@sudradio) 7 février 2013
C’est aussi vrai pour… le whisky, vieilli dans des fûts traditionnellement utilisés pour l’armagnac et présenté par ses pères – quatre jeunes entrepreneurs – comme un whisky d’Ecosse « au goût du Sud-Ouest ». Premier pas avant le développement d’une filière régionale. Espérons que cela ne détournera pas encore plus les jeunes de la chaudronnerie…
#05 Peu de gens le savent mais… l’innovation dans les saunas peut éviter la fuite des jeunes de son pays
Le secret du succès de la Finlande ? Le sauna et l’innovation, raconte The Economist is.gd/XyC2kG
— Presseurop (@PresseuropFR) 6 février 2013
Innovation et sauna sont la clé de voûte du fameux modèle scandinave, The Economist n’est pas loin de le penser. Presseurop raconte en tout cas comment la Finlande a géré l’après-Nokia en diversifiant son économie et en capitalisant sur ces start-ups, notamment grâce à l’accélérateur « Start-up Sauna ». La maîtrise des nouvelles technologies et la confiance dans les « jeunes loups », deux recettes suffisantes pour éviter la fuite des jeunes entrepreneurs (à succès) à l’étranger ? L’espoir d’une « nouvelle génération de capitaines d’industrie d’envergure internationale » restant en terre finlandaise n’est encore qu’un voeu pieux. A méditer en France, où « 53,1% de diplômés bac +4/5 seraient prêts à s’expatrier pour travailler », relaye Cadremploi, qui appelle néanmoins à relativiser ce chiffre – on connaît l’attachement des Français à leur pays.
#06 Peu de gens le savent mais… les petites annonces et les affiches peuvent encore servir à recruter
L’aéronautique n’est pas le seul secteur qui fait face aux pénuries de talents. La politique n’est pas épargnée et Jean-François Copé, le président de l’UMP, a annoncé qu’il allait « demander aux secrétaires départementaux du parti de passer des petites annonces. Dans toutes les villes, on mettra des avis de recrutement ». Dans le Lot-et-Garonne, on envisage surtout de passer directement par le terrain, « la meilleure des petites annonces ». La foi dans l’efficacité des méthodes traditionnelles de recrutement a de beaux jours devant elle.
Mais demain, si les pénuries et la « Grande Inadéquation » continuent de s’aggraver, il va falloir plus sérieusement innover, et Le Bon Coin ne sera probablement pas une solution adéquate. Vers des job-dating pour recruter des candidats aux élections ?
EDIT 09/02/2013 : ce billet a été mis à jour pour intégrer la victoire de la musique d’Oxmo Puccino. La coïncidence était trop belle !
>>> Les twittos de la semaine :
- @OxmoPuccino
- @KurOflO
- @jaegher
- @infoaero
- @CGPME31
- @chrisianinsoli
- @jpraffarin
- @sudradio
- @MichelHoltz
- @Dassault_StCd
- @marcivaldi
- @cadremploi
« Peu de gens l’savent », de Oxmo Puccino :