La semaine dernière, les femmes et les jeunes étaient au coeur des débats sur l’emploi. Cette semaine démarre sous les mêmes auspices. Revue de web.
L’avenir de la croissance, c’est la femme ?
Francis Fukuyama, philosophe américain et professeur de sciences politiques à Stanford, célèbre théoricien de la “fin de l’histoire”, a déclaré ce week-end que les femmes étaient mieux adaptées au monde moderne : « Au début de l’ère industrielle, la force physique était d’une importance fondamentale (…). Alors que dans la société post-industrielle, le travail intellectuel a pris le pas sur les tâches physiques. » Plus capables d’auto-discipline et, surtout, de s’auto-former, les femmes possèderaient une qualité décisive à l’époque où les compétences sont devenues le moteur de la croissance – ce que ManpowerGroup appelle “L’Ere des Talents”:
Femmes, jeunes, seniors : l’emploi des uns ne fait pas le chômage des autres
Les transformations démographiques sont décidémment au coeur des problématiques de la croissance, de l’emploi et du travail aujourd’hui. Mais selon certains experts, il n’y aura pas plus de guerre des sexes que de guerre des générations. Jose-Maria Salazar, directeur Emploi de l’OIT, relayait en fin de semaine dernière un article publié au début de l’été par The Economist, qui rappellait que l’emploi des uns ne fait pas le chômage des autres si l’on s’attache au long terme : « quand de plus en plus de femmes se sont mises à travailler, l’activité de tous a augmenté avec la croissance de l’économie. Les taux d’emploi des plus jeunes et des plus vieux sont corrélés, pas opposés : les seniors ne prennent pas le travail des jeunes, ils ne sont pas substituables, ils sont complémentaires. »
Plutôt que de « course aux places », les transitions démographiques sont l’occasion de nombreuses opportunités, souligne 20minutes dans un article consacré aux politiques de renouvellement des générations d’EDF, d’AXA, de la SNCF et de La Poste. Des dizaines de milliers d’emplois sont à pourvoir ; mais pour bien organiser ces transitions, la gestion prévisionnelle des emplois et des competences (GPEC) aurait fait long feu selon Vincent Berthelot et Nathalie Boulard, qui proposent de la remplacer par une « gestion des rôles et des compétences » (GRC).
Recrutement sur les réseaux sociaux : viser la qualité plutôt que la quantité
« À l’origine, Facebook, Google+, Twitter ou Pinterest, n’étaient pas des plateformes dédiées à l’emploi. Cependant, les entreprises investissent ces espaces de discussion pour communiquer, diffuser leurs offres d’emploi et toucher davantage de candidats. » A l’époque de la “Pénurie de Talents”, ou “Grande Inadéquation”, les entreprises misent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour recruter. Dans un article publié par Le Cercle les Echos, RH Izome estime qu’il vaut mieux déveloper une approche qualitative, ciblée, plutôt que quantitative : l’essentiel serait, précisément, l’adéquation des profils aux besoins.
A ce sujet, l’étude publiée la semaine dernière par Jobvite montre que 52% des demandeurs d’emploi préfèrent Facebook, contre seulement 38% pour le site specialisé Linkedin. La force du “social” et de “l’horizontalité” expliquerait-elle ces préférences?
Le bien-être au travail, décisif pour la “marque employeur”
Quoi qu’il en soit, les entreprises sont aujourd’hui obligées de soigner leur “marque employeur” en ligne. Un sondage de l’Atelier BNP-Paribas montre que près d’un cinquième des cadres français parlent de leur entreprise et de leur métier sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn…). « Tout l’enjeu est de garder cette parole libre et spontanée, et en dehors de toute stratégie de communication institutionnelle. » Chartes d’usage, formations aux réseaux sociaux, création de pages d’entreprise ou de groupes de discussions, sites d’information et de dialogue avec des employés volontaires, partage de « canevas d’informations pour les salariés qui évoquent leur entreprise sur leurs comptes personnels » : les initiatives destinées à soutenir l’image de l’entreprise sur Internet se multiplient. On se souvient notamment de cette video par laquelle La Poste explique à ses salariés les mécanismes de la “viralité” :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-PWSwiCMhrU
L’Atelier de BNP Paribas insiste sur l’importance décisive du bien-être en entreprise à cet égard : « Toutes ces actions pour stimuler la parole resteront lettre morte si les salariés (…) ne se sentent pas attachés à leur entreprise. (…) le partage s’opérera si le collaborateur se sent impliqué dans ces actions, et fier de partager ces valeurs. D’où la nécessité de travailler avant tout sur la culture de son entreprise.«
Une exposition universelle des idées ?
La révolution du web social, c’est notamment celle de la transparence, qui pourrait constituer un fort atout concurrentiel pour les entreprises françaises. Mais Fleur Pellerin (ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique), établit une distinction : si le numérique est incontestablement “un puissant levier de croissance, de compétitivité des entreprises (…), sur le plan personnel, c’est plus complexe.”
Frédéric Bedin, président du directoire de l’agence de communication Public Système-Hopscotch, se range sans conteste dans le camp des enthousiastes :
« Les modes de vie urbains sont en train d’évoluer car un afficheur, un urbaniste, un cycliste et un informaticien ont inventé le Velib’ et ses homologues, fabriquant une grande idée en mélangeant quatre savoir-faire. On raconte que la technologie du double contact qui a rendu si différente l’expérience utilisateur des I-Phone a été trouvée sur un salon au hasard d’une visite par Steve Jobs qui est féru de ces foires aux idées nouvelles. (…)
Alors je suggère de prendre à bras le corps la dynamisation du marché des idées, car la seule solution « par le haut » pour sortir de la crise est de relancer l’émergence d’innovations. (…) Pour créer un marché des idées, il faut des places de marché, physiques ou virtuelles, permanentes ou événementielles, mais connues de tous. (…). Nous avons des atouts à utiliser : la France est attractive en terme de salons, d’expositions ou de festivals, et il faut noter que si nous avons une industrie performante de l’automobile, nous avons aussi le plus grand salon du monde (…). Je propose donc de lancer le projet d’une grande exposition universelle des idées dans 4 à 8 ans, qui nous permettrait de faire converger les énergies de tous les innovateurs français, européens et mondiaux vers une sortie de crise heureuse. »
Ce plus grand salon du monde, le Mondial de l’Automobile qui vient de fermer ses portes, sera justement l’objet du prochain billet de l’Atelier de l’Emploi. La voiture 100% automatisée pourrait arriver plus vite qu’on ne le croit, et l’optimisation du temps de déplacement devenir une réalité qui transformera encore plus nos sociétés.