:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :
jeunes E2C Val d'Oise

Jeunes en difficulté : l’apprentissage, priorité partagée

Selon le sociologue Olivier Galland, «la jeunesse démunie n’a pas de porte-voix». Face à ce constat, la fondation des Apprentis d’Auteuil* organisait les Rencontres pour la jeunesse en difficulté au Palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Reportage du blog « La Machine à trier ».

NB : la Fondation Apprentis d’Auteuil et la Fondation ManpowerGroup pour l’emploi sont partenaires dans le cadre du dispositif DEPAR pour l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

————————————————————————————————————————————————–

Lors de la dernière table ronde, les représentants des principaux candidats à l’élection présidentielle, ainsi que d’autres acteurs, ont fait part de leurs solutions pour l’emploi et l’insertion des jeunes.

Emplois aidés, financement de l’apprentissage, lutte contre le décrochage, orientation : les priorités de la gauche

Tout d’abord, Jean-Paul Huchon (président PS du Conseil régional d’Ile-de-France) a souligné l’importance de trois chantiers :

  • faire du décrochage scolaire, donc du rattrapage et du « raccrochage », une « vraie cause nationale » ;
  • refonder le service public de l’orientation qui, aujourd’hui « n’est plus performant du tout » ;
  • sécuriser le financement de l’apprentissage en s’assurant que « la taxe d’apprentissage serve à l’apprentissage ».

L’apprentissage, « véritable mode de formation et passeport pour l’emploi » pour toustes les qualifications

JP HuchonSur ce dernier point, on a assisté à une convergence entre la vision de Jean-Paul Huchon et celle de Henri Lachmann, ancien président de Schneider Electric : complétant les propos de ce dernier sur la nécessaire promotion de l’apprentissage « véritable mode de formation et passeport pour l’emploi [qui] concerne aussi bien les cols blancs que les cols bleus« , le président du Conseil régional d’Ile-de-France a tenu à souligner l’intérêt des formations duales, remèdes contre bon nombre d’« orientations par défaut » – en particulier pour « les parents et les entreprises, notamment les PME ».

Creusant le sujet de l’orientation, la porte-parole de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, a déploré le diktat du diplôme en France et insisté sur la notion de seconde chance pour lutter contre l’exclusion d’une partie de la jeunesse. Najat BelkacemDes propos qui font écho à ceux des auteurs de « La Machine à trier »  :

« Notre système souffre terriblement de la pression du diplôme, qui fait que vous avez figé votre destin dans l’emploi à 18 ans en fonction de votre diplôme ».

Comme pour lui emboîter le pas et souligner ce constat dramatique de destins figés dès le plus jeune âge, les Apprentis d’Auteuil ont produit un test qui montre aux parents quelles sont les chances de leur enfant de sortir du système scolaire sans diplôme, en fonction de leur classe sociale, de leur situation géographique et du sexe de leur progéniture.

Face à l’échec scolaire : une seconde chance et des aller-retours entre école et emploi

Les solutions à l’échec scolaire, selon la porte-parole du candidat du PS?

Jeannette BoughrabRebondissant sur Najat Vallaud-Belkacem, qui insistait également sur les 500 000 contrats de génération et 150 000 contrats d’avenir prévus par le candidat socialiste, Jeannette Bougrab (secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de la vie associative) a tenu à mettre en valeur une différence « philosophique » fondamentale entre les deux principaux candidats :

« Nous pensons que c’est d’abord dans le secteur privé que sont les possibilités d’emploi stables pour les jeunes, notamment via l’apprentissage ».

A droite : une insertion durable ne peut passer que par le secteur privé que les jeunes s’insèreront

S’appuyant sur le bilan des emplois jeunes établi par la Cour des comptes et mis en avant par  Alain Joyandet dans son rapport sur l’emploi des jeunes, elle a rappelé à juste titre que ceux-ci ont d’abord profité aux diplômés et pas suffisamment aux jeunes de quartiers. Malgré cela, les propos de Vincent Peillon lors du Forum « Pour en finir avec la Machine à trier la Jeunesse » semblent indiquer que le Parti Socialiste n’a pas fini de croire aux vertus de ces emplois aidés dans le secteur non marchand.

On écoute les sans-voix : la lutte contre le décrochage, priorité des deux bords

Jeannette Bougrab a semblé d’accord avec la gauche sur une priorité : les décrocheurs – pour lesquels elle a insisté sur la nécessité d’agir très tôt. Citant « La Machine à trier », elle a estimé qu’il n’y a « pas une jeunesse mais des jeunesses » : alors que seuls 41% d’une classe d’âge accèdent à l’enseignement supérieur, les étudiants ont beaucoup de poids grâce à la représentation « des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, du tissu associatif et syndical ». Elle a affirmé avoir notamment été le « porte-voix » de la partie la plus défavorisée de la jeunesse dans son action de secrétaire d’Etat :

« Le véritable enjeu, ce sont les 300 000 jeunes qui ont des difficultés à l’entrée en 6ème, ceux-là même que l’on retrouve parmi les 150 000 qui sortent sans diplôme ».

Société de caution mutuelle, aide au permis de conduire, fin du CDD et formation des moins qualifiés : la droite a ciblé ses priorités

La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse a aussi formulé un certain nombre de propositions très concrètes.


Rencontres Jeunesse en difficulté - Apprentis d'AuteuilParmi les autres propositions, émises par des acteurs non politiques, on retiendra notamment :

  • Hugues Sibille, vice-président du Crédit Coopératif, a suggéré de développer le micro-crédit personnel pour les jeunes apprentis.
  • Antoine Dulin, du CESE, a souligné la nécessité d’un véritable RSA jeunes par une question-choc : « Est-il normal que la majorité sociale (RSA) soit fixée à 25 ans alors que la majorité civile est à 18 ans ? ».
  • Pierre Tapie, directeur général du Groupe ESSEC (et en charge du programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? ») a, lors d’une précédente table ronde, proposé la création d’un service civique pour les diplômés.

Bernard PrevostEn conclusion, Bernard Prévost, président du conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil, a tiré une sonnette d’alarme qui fait écho aux propos de Vincent Peillon lors du Forum « Pour en finir avec la Machine à trier la jeunesse » : nous ferions face à un problème de société qui dépasserait le strict cadre de la jeunesse.

Si on l’écoute, la résolution de ce problème peut ressembler à l’impossible mission de Sisyphe puisque « le temps pour former n’est pas celui des politiques ». Or, on le sait, il y a urgence. 

Mais il y a des motifs d’espoir : l’engagement de tous les acteurs, illustré notamment par cette journée, par les débats suscités par « La Machine à trier » et la disparition progressive d’un certain nombre d’hypocrisies, font émerger des solutions de plus en plus pragmatiques, opérationnelles, à un mal profond.

Charles André, L’Atelier de l’Emploi.


> Crédits image :

Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser