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Ubérisation des RH : les 4 défis de la digitalisation

La transformation digitale s’accélère et, plus que jamais, les DRH sont amenés à jouer un rôle moteur dans la mutation des entreprises. Médiateur du digital, ils sont au front d’un changement profond des rapports de force dont ils doivent saisir les opportunités… et prévoir les risques.

L’ubérisation, c’est le changement rapide d’un rapport de forces grâce au numérique. Une évolution structurelle impulsée par une (ou plusieurs) startups disruptives, qui viennent redistribuer les cartes sur des marchés à la mécanique jusque-là bien huilée. Aujourd’hui, ces bouleversements aboutissent à une véritable redéfinition des équilibres des marchés du travail, et des manières de travailler, ce qui n’est pas sans générer des tensions parfois fructueuses mais qui peuvent être, si elles sont mal gérées, synonymes de casse sociale.

Désintermédiation, service on-demand, numérisation, mobilité, freelancisation, tels sont les maîtres mots d’un phénomène qui dépasse le cadre des entreprises. Quelles sont les conséquences de ce rebattement des cartes ? Comment les DRH peuvent-ils réagir – et agir – face à ces nouvelles problématiques ? Quelles sont ses nouvelles missions ?

Voici 4 défis à relever pour faire de l'ubérisation une opportunité de transformation pour les RH.

HR CongrèsLa 31eme édition du Congrès HR, l’événement phare de la communauté RH, aura lieu les 6 & 7 avril et, cette année, ManpowerGroup en est le partenaire officiel. Au programme, conférences et débats sur les grands sujets de la transformation RH. Lors d’une table ronde du Congrès HR, le jeudi 7 avril, plusieurs experts dont Sébastien Van Dyk directeur général de ManpowerGroup Solutions, partageront leurs expériences de terrain sur « l’impact du digital sur le business model et l’organisation ».

Comprendre la fin du salariat (tel qu’on le connaît)

« Aujourd’hui, même un CDI ne veut plus dire un emploi à vie : un tiers est rompu au bout d’un an ! » s’exclamait Denis Pennel, directeur général de la Ciett, dans nos pages. Le temps où le salarié se projetait sur le long terme au sein d’une même entreprise est révolu :

« La réalité est aujourd’hui bien plus complexe : au sein même du salariat, il y a une dé-standardisation et une diversification des formes d’emploi et il y a clairement un développement des formes d’emploi en CDD, intérim et autres. Aujourd’hui, il faut l’admettre : la grande révolution du travail aura lieu hors du salariat ! »

Freelance, CDD, intérim, slashers… le travailleur de demain se veut plus agile, connecté, prompt à se former et capable d’aller au devant des changements du marché. De leur côté, les entreprises, aux prises avec un taux de turnover qui ne cesse de croitre, ont de plus en plus recours à ces solutions de flexibilité. Une tendance qui « répond à la fois à une demande de la part des employeurs, et à une attente du côté des travailleurs ; la relation salariale ne satisfait plus systématiquement les attentes de certains, notamment les mieux formés qui ne veulent plus rentrer dans cette relation de subordination et préfèrent être en relation de prestations aux entreprises » selon Denis Pennel.

Un changement de modèle qui déconnecte de plus en plus emploi et travail, et où l’on observe de plus en plus de cas de travailleur qui ont plusieurs activités. C’est une effervescence qui implique un véritable changement de paradigme dans l’entreprise, et qui souligne l’urgence de la réinventer !

Identifier les tâches sur lesquelles l'entreprise pourra recruter "à la demande"

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Va-t-on vers un recrutement on-demand ? Economie à la demande, capitalisme de plate-forme… Contrairement à l’ancien modèle, cette « Uber économie » ne met plus en relation des entreprises, mais directement des tâches et des personnes, des contractuels disponibles n’importe où dans le monde. Il s’agira, par exemple, de trouver puis d’embaucher, sur une application, un webdesigner à mi-temps à la recherche de petites commandes ou un expert juridique prêt à travailler pendant 4 mois (ou 4 jours) sur une mission.

Ainsi, c’est en identifiant juste un besoin que fonctionnent de nombreuses startups de cette économie : en 2008, Pfizer, une entreprise pharmaceutique américaine, a conduit une enquête interne pour définir à quoi ses salariés occupent leur temps de travail. Résultat : les personnels les plus qualifiés consacraient 20% à 40% de leur temps à remplir des tableurs ou à réaliser des présentations. Des start-up se sont donc lancées dans le créneau, comme Slidor, une agence créée en 2013 et consacrée uniquement à la création de PowerPoint, Son message : "Vous ne payez pas vos collaborateurs à faire de la mise en forme. Ça tombe bien, c'est notre job".

Face à la croissance rapide des nouveaux acteurs de l’économie du on-demand, les RH ont l’opportunité de s'emparer de ces nouveaux mécanismes pour réinventer, au sein des entreprises traditionnelles, le recrutement, notamment en identifiant des tâches susceptibles d’être externalisées, que ce soit la paie, le recrutement, la formation ou autres. Une vraie opportunité de réduire les coûts et de mettre l’innovation au service de la performance, selon Alain Roumilhac, PDG de ManpowerGroup France, lors du Digital Heroes Day : « Tous ces outils digitaux viennent faciliter la tâche de nos conseillers en recrutement, et que cela contribue à la baisse de nos tarifs de 20% par an alors que notre activité, elle, entre en croissance de 20%."

Révolutionner la formation pour gérer les transitions

« Avec l’accélération des évolutions technologiques, les entreprises font aujourd'hui face à des cycles économiques plus courts et une concurrence plus mondialisée que jamais », explique Jonas Prising, PDG de ManpowerGroup dans le monde. « L’histoire nous apprend que ce type de bouleversement crée plus d’emplois qu’il n’en fait disparaître… cependant, il ne faut pas se voiler la face : la transition risque d’être douloureuse et peut durer plusieurs décennies », ajoute-t-il. L’accélération de la transformation digitale rend plus que nécessaire d’intégrer la formation continue au cœur même des préoccupations des entreprises.

Si l’ubérisation est synonyme de changement du rapport de force, elle l’est aussi d’une « prise de pouvoir », d’un empowerment, des salariés qui attendent de l’entreprise qu’elle travaille de plus en plus à son employabilité. Un nouvel équilibre à trouver pour chaque organisation, qui se doit d’être proactive face à toutes les innovations en matière de formations : plateformes, académies, SPOCS etc.

Comme le disait Alain Roumilhac : « Aujourd’hui, Les RH ont une nouvelle mission : être des médiateurs du digital dans les entreprises. Nous entrons dans l'ère de l'adaptation permanente : il faut identifier les possibilités d’upskilling de sa force de travail"

S’adapter aux générations Y… et Z !

Youth

L’ubérisation est aussi le fait d’une génération, en particulier cette « génération Z » dont c’est le tour d’être sous les projecteurs. Selon une étude de BNP Paribas, les Z incarnent ce grand mouvement de méfiance à l’égard du monde de l’entreprise, du management traditionnel, et ne jurent que dans le collectif. Contrairement à leurs aînés de la génération Y, davantage caractérisés par « leur égoïsme et la revendication de leur personnalité », les Z s'inscrivent dans une logique plus transversale marquée par la collaboration et la coopération.

Le défi de l’ubérisation, c’est donc aussi pour les entreprises de savoir séduire ces nouveaux arrivants sur le marché du travail, en étant présentes sur ces réseaux, en diversifiant les canaux de recrutement, en organisant des évènements dont les formats leurs sont familiers etc. C’est aussi répondre à leurs attentes sur leurs manières de travailler, leur goût de la mobilité, en d’autres termes de nouvelles formes d’organisation du travail et d’indicateurs fondés non sur le présentéisme mais sur la performance réelle.

Ces nouveaux besoins représentent un enjeu de taille car ces digital natives constitueront d’ici peu un peu plus de la moitié des individus présents sur le marché du travail – et que, selon Michel Tardit (CIDJ), « 3 recrutements sur 4 sont liés au départ en retraite ».

Une bascule générationnelle qui, elle aussi, compte bien modifier les rapports de force.

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