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Freelancing-in-America

Freelances, « moonlighters », pluri-emploi… : un américain sur trois est un travailleur indépendant

Rappel : qui sont les travailleurs indépendants ?

L’enquête réalisée auprès de 5 000 travailleurs indépendants et salariés par Freelancers Union, syndicat américain et Elance-odesk, une agence de mise en relation freelances-clients présente dans 180 pays, permet d’approcher les réalités sociologiques, juridiques et institutionnelles que recouvre l’auto-emploi. Qui sont ces travailleurs indépendants ?

L’auto-emploi est largement dominé par les freelances, suivi par les travailleurs bénévoles et non déclarés, que l’étude nomme « moonlighters ». A noter également, la part assez importante du pluri-emploi, qui correspond au cumul de plusieurs activités, qu’il s’agisse d’activités en auto-emploi ou salariée, ainsi que la part réduite d’auto-entrepreneurs et de TPE (Très Petites Entreprises, moins de 5 salariés aux États-Unis).

L’ère de l’auto-emploi n’est pas l’ère de l’individualisation du travail

Derrière ces chiffres, ce sont les questions sur la résurgence des inégalités, l’avenir des régimes de protection sociales et les modalités de contrôle et de gestion du travail  qui se posent.

Qui dit travail indépendant, ne veut pas dire individualisation du travail. Au contraire, la tendance est à la consolidation d’acteurs collectifs dont la spécificité est de regrouper des travailleurs sortant du schéma classique du salariat. Il existe plusieurs modèles :

  • le modèle syndical prônant la mutualisation des risques et la généralisation de la protection sociale, comme Freelancers Union aux États-Unis ou le CICF informatique, syndicat professionnel fondé en France en 2006, le proposent ;
  • le modèle professionnel se structurant autour de plateformes de mise en relation jouant le rôle d’intermédiaire entre freelances et client ;
  • Le modèle hybride, se plaçant à la fois comme pourvoyeur de contrats et d’opportunités mais aussi de programmes d’assurance et de retraite. Les coopératives d’entrepreneurs telles que les Coopératives d’Activités d’Emplois ou les SCOP, où chaque entrepreneur salarié est associé, en fournissent un bon exemple.

Finalement, on assiste de plus en plus à un brouillage entre salariat et travail indépendant, hybridation qui correspond à de véritables demandes pour davantage d’autonomie et de flexibilité

Entre choix et optimisme, une tendance qui se confirme

On pourrait analyser la progression du nombre de travailleurs indépendants en France comme aux États-Unis ou en Europe, comme une réponse contracyclique au chômage, et par conséquent, reflétant la précarisation du monde du travail. Les résultats de l’enquête menée par Freelancers Union invitent au contraire à l’analyser comme un changement culturel et social qui participe aux transformations du travail et relève d’un choix occupationnel plutôt que d’une nécessité. Comme le souligne par exemple Denis Pennel, directeur général de la Ciett, confédération mondiale des agences d’emploi privées, « la crise masque une révolution et des mutations plus structurelles du travail ».

Ce choix occupationnel a le mérite de combiner proactivité, flexibilité et quête de sens. Ce sont en tous cas les avantages mis en avant par les personnes interrogées pour expliquer leur motivation à opter pour l’auto-emploi, même si l’argent reste la première motivation…

Ces résultats font largement écho aux données de Hopwork, une plateforme de mise en relation freelances-clients, et Manifesto EFIP, le forum européen des travailleurs indépendants.

Protection sociale, lourdeur administrative, isolement

Les limites du statut de freelance résident dans l’absence de stabilité des revenues et la difficulté à trouver des contrats et sont les deux facettes d’une même pièce. D’autre part,  21% des personnes interrogées estiment qu’il est difficile de trouver une protection sociale abordable et 23%  expriment leur difficulté à identifier et mettre en avant leurs compétences. Enfin, 13% se plaignent de la lourdeur administrative inhérente à leur statut.

Heureusement, pour 65%, les technologies facilitent la recherche de travail. 42% trouvent et finalisent un contrat en ligne et 31% décrochent un contrat en ligne en moins de 24h. Mais les méthodes traditionnelles ne sont pas en reste : 53% plébiscitent le bouche à oreilles et 51% affirment l’importance du réseau professionnel pour trouver des contrats. Enfin, l’étude réaffirme le rôle structurant de la sociabilité via les réseaux sociaux ou les espaces de coworking.

> Pour y voir plus clair entre les différents types d’auto-emploi et saisir l’hétérogénéité des statuts et des pratiques, voir :

Self-employedCrédits : graphiques Atelier de l’emploi – image de « une » Freelancing in America
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