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OIT – 3 piliers de l’emploi des jeunes. L’alternance, nouveau rempart face au chômage

« Le problème du chômage des jeunes et du décrochage de toute une génération est en train de se pérenniser. De conjoncturel, le problème est devenu structurel ». C’est l’inquiétant diagnostic formulé par les « Tendances mondiales de l’emploi des jeunes » de l’OIT. Cependant, la « génération sacrifiée » n’est pas une fatalité : à l’issue d’un travail collaboratif associant des jeunes du monde entier et à l’examen des meilleures pratiques, l’OIT a dégagé trois piliers du redressement, pour une croissance riche en emplois des jeunes. Avec des systèmes d’enseignement et de formation combinant théorie et pratique, le développement de l’entrepreneuriat et la coordination de l’action des professionnels de l’emploi, l’horizon s’éclaircirait.

Experts, entreprises et jeunes du monde entier veulent un enseignement plus proche des entreprises

« Pour s’adapter à la demande », l’enseignement et de la formation doivent se transformer. L’Organisation internationale du Travail rejoint en cela les préconisations de McKinsey ou ManpowerGroup tout en répondant aux attentes des jeunes eux-mêmes : au-delà des « technocrates » ou d’entreprises confrontées aux pénuries, une demande claire en faveur d’un éventail de formations plus large et, surtout, d’une amélioration des liens entre le monde du travail et l’enseignement a émané des consultations menées par l’ONU auprès de la jeunesse du monde entier.

UN World Youth Report

Pour impulser et guider le changement, le rapport de l’OIT insiste sur le rôle crucial de l’information, afin de « faciliter le rôle de l’enseignement [et] favoriser le changement. » Un point de vue partagé par Andreas Schleicher, responsable de la « Skills Strategy » de l’OCDE, qui souligne dans une tribune pour la « Work Foundation » le rôle moteur que peuvent jouer les individus les mieux informés :

« People who have the latest labour market information can help steer individuals to the education or training that would best prepare them for their prospective careers. »

La pratique méprisée. Le changement, c’est maintenant ?

Transformer l’enseignement et la formation, c’était justement le défi que s’assignaient les spécialistes de l’éducation, chefs d’entreprises, représentants de gouvernements et d’ONG lors du 3ème Congrès international sur l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP), organisé par l’Unesco à Shanghai la semaine dernière. Un rassemblement indispensable selon Qian Tang, sous-directeur général de l’Unesco pour l’éducation, car « un enseignement technique et professionnel de qualité est sans aucun doute l’un des meilleurs investissements que puisse faire un pays ».

EmeutierVoilà pour la théorie. Car, en pratique, cette filière est « un parent pauvre de l’enseignement général. […] Sa capacité à fournir les nouveaux savoirs, compétences et attitudes nécessaires au monde d’aujourd’hui a été grandement négligée ». On peut espérer que cette vision soit en train d’évoluer : lors du Congrès, les États membres de l’Unesco ont décrit l’enseignement technique et professionnel comme une réponse aux « multiples priorités du développement social et économique ».

Ce mépris pour la « pratique » se retrouve dans les modalités d’enseignement des filières générales de nombreux pays. Or, l’étude de l’OIT conclut à la nécessité d’une « combinaison de l’enseignement en classe et de la formation sur le lieu de travail ». En effet, les cas allemand, autrichien, danois ou suisse montrent que le « modèle dual » – combinant l’apprentissage pratique en entreprise à une formation théorique – conduit vers « les plus faibles taux de chômage des jeunes en Europe ».

Reposant sur une « collaboration étroite » entre les acteurs (gouvernements, employeurs, partenaires sociaux et organismes de formation), ce modèle aide les jeunes à « surmonter le piège du manque d’expérience professionnelle » qui sévit partout. Il présente en outre l’avantage, mis en avant par José Manuel Salazar-Xirinachs, d’être parfaitement adaptable aux contextes économiques et culturels.

Faciliter les transitions de l’école à l’emploi par des partenariats public-privé

Le rapport souligne aussi l’importance d’une meilleure coopération entre tous les acteurs de l’emploi, publics comme privés. Selon le rapport, les services publics devraient développer plus de partenariats : les transitions vers l’emploi seraient grandement facilités quand ils « travaillent directement avec les institutions de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle [ainsi que] avec les entreprises ».

Par ailleurs, l’OIT considère que les étudiants doivent être aidés à créer leur propre entreprise et que « l’esprit d’entreprise » devrait être intégré aux programmes. Une évolution nécessaire tant pour développer l’emploi que pour répondre aux attentes de « la génération Y » – qui aspire à toujours plus d’autonomie – mais, aussi, pour rendre la formation technique « plus attrayante », plus concrète, selon José Manuel Salazar-Xirinachs. Le rapport avance au demeurant que, dans ce cadre, les partenariats noués avec les entreprises aideraient les enseignants à actualiser leurs connaissances – technologiques en particulier.

« Les investissements et l’innovation prospèrent là où résident les meilleurs talents »

ShangaiPour l’OIT, la construction de ces piliers ne répond pas qu’à une obligation morale. Elle est aussi vitale dans l’économie mondialisée du 21ème siècle :

« La vérité est simple : les flux d’investissement et l’innovation prospèrent là où résident les meilleurs talents. Pour réussir, les stratégies de croissance et de développement doivent s’appuyer fortement sur le développement du capital humain ».

Puisse le Forum mondial sur l’emploi des jeunes contribuer à l’action.

 

>>> Pour en savoir +

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