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Les Français aiment l’entreprise : une piste pour la compétitivité ?

Contrairement aux idées reçues, les Français aiment l’entreprise. Ils sont même plus désireux de créer leur propre entreprise que les Anglais ou les Allemands. Au coeur des débats sur la compétitivité, l’appel lancé hier par les grands patrons plaide pour un état d’esprit partenarial qui valoriserait mieux cet allant. Revue de web.

Les Français ont plus l’esprit d’entreprise que les Britanniques et les Allemands…mais leurs créations sont plus fragiles

« Non, les Français ne sont pas fâchés avec l’entreprise ». C’était le titre de l’article que Le Monde consacrait à une étude du Centre d’analyse stratégique, qui a comparé l’attitude des Français vis-à-vis de l’entrepreneuriat à celle qui prévaut dans des pays « similaires » (Etats-Unis, Allemagne, et Royaume-Uni). Résultat : l’idée selon laquelle la France serait dotée d’une faible culture entrepreneuriale ne serait pas fondée. Si les Américains se distinguent nettement par une forte confiance dans leur capacité à entreprendre, les Français sont plus nombreux que les Britanniques ou les Allemands à vouloir créer leur propre entreprise. C’est dans la fragilité du passage à l’acte que le bât blesserait : « les Français éprouvent plus de difficultés que d’autres à assurer la pérennité des entreprises qu’ils créent », résume Le Monde.

Le désir de création d’entreprise transcende les catégories sociales

Un sondage IFOP-JDD apporte un autre bémol, certainement valable dans tous les pays frappés par la crise : les Français sont moins nombreux qu’avant à rêver de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale : 6%, contre 31% en 2008. On apprend aussi que l’esprit d’entreprise transcende les catégories sociales : les ouvriers sont aussi nombreux que les cadres à vouloir créer leur entreprise.

Les Français aiment la proximité

Vive les entrepreneurs !Ce sondage révélait surtout la bonne entente entre les Français et l’entreprise : 87% d’opinions favorables aux patrons de PME – ce qui signifie que les Français ont une image positive de leur propre patron puisque les PME pourvoient les deux tiers des emplois dans notre pays. « La société a changé, il n’y a plus de jugement globalisant ni de fracture idéologique autour de l’entreprise », explique Frédéric Dabi, directeur de l’IFOP.

Le contraste est fort avec le sentiment qui prévaut à l’égard des patrons des grandes entreprises : moins d’un Français sur deux (49%) a une bonne opinion d’eux. Si ce résultat ne surprend pas vraiment dans le climat actuel, on peut en conclure que ce sont les relations de proximité qui sont privilégiées. N’oublions pas que nombre de PME sont sous-traitantes de grands groupes.

Les grands patrons plaident pour un « choc »

Que faut-il faire pour renforcer nos entreprises dans la compétition internationale ? C’est tout l’enjeu des débats sur la compétitivité, qui battent leur plein avec la publication du fameux « rapport Gallois » la semaine prochaine. Les PDG des plus grandes entreprises françaises sont à leur tour entrés dans la discussion, en publiant ce dimanche, un appel qui demandait – sans le nommer – un véritable « choc » de compétitivité. Leur proposition la plus commentée vise à  faire « baisser le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 smic et plus). »

Parmi les déterminants de la compétitivité, le coût du travail est, rappelle le JDD, « l’élément majeur du bras de fer entre le gouvernement et les patrons. Les écarts de salaire brut entre la France et les pays concurrents justifieraient une baisse du coût du travail pour les rémunérations moyennes, et ce dans deux secteurs, selon le gouvernement, l’agroalimentaire et les services aux entreprises. »

SOS PME

Jean Pisani-FerryL’économiste Jean Pisani-Ferry,  pour qui l’idée d’un « choc » passerait à côté de la profondeur des réformes à mener (« le redressement d’un coup de baguette magique, c’est de la fantasmagorie. L’Allemagne a mis cinq ans à voir le bout du tunnel »), explique :

« Avant l’euro, l’Allemagne enregistrait un déficit extérieur, la France un excédent. Puis les entreprises et les salariés allemands ont fait beaucoup d’efforts, l’industrie allemande s’est réinventée, elle a délocalisé une partie de sa production et s’est concentrée sur ce qu’elle savait le mieux faire. Le résultat est là.

Il y a dix ans, la France comptait 130.000 entreprises exportatrices, et ce nombre augmentait régulièrement. Aujourd’hui, c’est 117.000. Ce chiffre résume bien le problème. La France souffre de ce qu’à côté d’un petit nombre de grands champions, elle manque d’un tissu d’entreprises moyennes performantes. Nous avons trop peu de producteurs et ce mal s’est aggravé. (…)

Les entreprises moyennes sont trop souvent prises dans un cercle vicieux : leurs produits n’ont pas la qualité ou la nouveauté qui leur permet de vendre plus cher. Du coup, elles baissent les prix et n’ont plus d’argent pour innover. Et nous ne savons pas faire grandir les meilleures de nos entreprises. Pis, nous les empêchons souvent de se développer. »

Selon lui, il faut notamment « pourchasser les rentes, comme la rente foncière. Elle pèse sur les coûts du logement et freine la mobilité, et donc, indirectement, la compétitivité des entreprises. »

La mutualisation au coeur des propositions des grands patrons

MutualisationDans leur appel, émis sous la bannière de l’Association française des entreprises privées (AFEP), les grands patrons dessinent deux priorités pour l’emploi et la formation : l’intégration des jeunes et l’amélioration du dialogue social en amont – pour mettre en place une véritable gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Sur ces deux sujets, ils mettent en avant l’importance d’un état d’esprit partenarial.

Une plate-forme pour l’emploi des jeunes : mettre les entreprises en réseau

Les patrons veulent promouvoir une « plate-forme pour l’emploi des jeunes », qui favoriserait « les emplois d’insertion, des actions d’embauche inter-entreprises, la mise en réseau de nos centres de formation et le développement de l’apprentissage ». Une priorité urgente quand on sait que plus de 100 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification – un gâchis humain comme financier qui frappe toute l’Europe.

Pour un dialogue social permettant une véritable GPEC

Ils entendent aussi que la négociation sur la réforme du travail permette d’« instaurer un dialogue social ouvert très en amont pour permettre aux entreprises de s’adapter aux aléas de la conjoncture. » Ce point est en effet le deuxième axe de la négociation, et on sait que, bien menée, la « GPEC » peut aboutir à des résultats très efficaces.

Beaucoup de progrès doivent être accomplis : souvenons-nous, pour la qualité de la coopération dans les relations de travail, la France est classée 137ème sur 144 par le Forum économique mondial. Un colloque de haut niveau, consacré au développement de l’emploi et des compétences dans les territoires avait identifié ce point comme au cœur des difficultés de l’anticipation des conséquences des mutations économiques sur l’emploi et les besoins de formation.

Le dialogue social, talon d'Achille de la France

Le débat est vif, les propositions se multiplient. Cette vitalité se traduira-t-elle en décisions structurantes ?

Pour en savoir +

 

Crédit image : « Entrepreneurs », issue du flickrstream de UK in Canada
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