Cette semaine de l’emploi a été marquée par les échanges autour du déjà célèbre « rapport Gallois », qui a fait l’objet d’une véritable guerre des scoops entre les médias. Au-delà, la compétitivité était au cœur de nombreuses discussions. Il semble y avoir urgence à trouver des solutions, le web propose déjà des pistes aussi surprenantes qu’innovantes…
De #Gallois à #toiaussiécrislerapport : la guerre des scoops de la compétitivité
Le « rapport Gallois » sur la compétitivité sera remis le 5 novembre, mais les spéculations vont déjà bon train. Stéphane Soumier, journaliste à BFM TV, lançait ce jeudi le hashtag #toiaussiécrislerapport, en imaginant insérer à ce document les propositions loufoques de Ferdinand Lop, ancien candidat récurrent aux élections présidentielles :
Au-delà de l’anecdote, le « rapport Gallois » a mis la presse et le web en ébullition avant même sa parution. L’histoire de son épopée est édifiante, les médias semblent s’être livrés à une véritable « guerre des scoops ».
- Début juillet, la « feuille de route sociale » lançait la négociation sur la réforme du marché du travail ; elle nommait aussi Louis Gallois à la tête d’une « mission sur la compétitivité de l’industrie », avec la publication d’un rapport prévu avant la fin octobre.
- Début octobre, Le Monde révélait « ce que prépare l’Elysée » sur le coût du travail. Au même moment, l’Usine nouvelle faisait état des « réflexions officieuses » de Louis Gallois.
- Vendredi dernier, Le Figaro révèle à son tour des « propositions chocs » du futur rapport : Louis Gallois voudrait « intégrer la compétitivité aux négociations sur la réforme du marché du travail » ; surtout, il prônerait une baisse des charges de l’ordre de 30 milliards d’euros, laquelle serait notamment financée par une hausse de la CSG et TVA.
- Dans le week-end, le gouvernement et l’Elysée prennent leur distance. La twittosphère débat avec virulence, notamment autour du « choc » de compétitivité. Les échanges ne faibliront pas pendant la semaine.
- « Il faut sauver le rapport Gallois ». Guillaume Cairou, Président du Club des entrepreneurs lance lundi une bouteille à la mer ; L’Usine Nouvelle relaie :
- Jeudi, Le Parisien lance une (nouvelle) petite bombe : le rapport Gallois préconiserait de supprimer les 35 heures comme toute référence à la durée légale du travail. L’information est démentie.
- Hier, alors que le « choc » est devenu un « pacte » de compétitivité, L’Expansion affirme que le rapport Gallois ne « restera pas lettre morte ». Au-delà du coût du travail, le gouvernement s’attacherait aux « autres ressorts de la compétitivité que sont l’innovation, la recherche et le développement, l’investissement, la formation […] ou encore la qualité du système éducatif ».
Deux facettes de la compétitivité : le coût du travail comme rouage, l’innovation comme moteur
Le coût du travail est un enjeu de court terme de la compétitivité – l’industrie automobile étant un exemple typique. Mais il fait consensus que, dans les pays industrialisés, la croissance d’aujourd’hui passe par l’innovation, la différenciation, la qualité des services associés à un produit… C’est ce qu’expliquait Jacques Attali dimanche dernier.
SOS invention
L’Usine nouvelle alerte ses lecteurs sur une nouvelle réalité de la compétition mondiale : l’ère du « Made in China » est déjà révolue, la Chine se met maintenant à la conception et à l’invention en accueillant de nombreux centres de R&D, notamment de PSA Peugeot Citroën.
La compétitivité française serait particulièrement en danger, car le moteur de l’innovation dans son ensemble serait grippé. Julia Cagé, enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris, expliquait il y a quelque temps : « Ce qui est grave aujourd’hui, c’est le retard du pays en matière d’innovation. La France n’invente pas et s’obstine à rester spécialisée dans des secteurs anciens plutôt que de faire le choix de la haute technologie. C’est l’un des rares pays de l’OCDE dont la part de la R&D dans le PIB a reculé au cours des quinze dernières années. »
Le génie humain, essence de l’innovation
Au-delà de l’investissement dans la R&D, ce qui porte cette croissance et cette compétitivité au 21ème siècle, ce qui porte l’innovation, ce sont les Talents, les compétences, le génie humain en somme. Julien Hamon, professeur à Sciences Po, chroniquait hier trois livres décrivant les « coulisses » de la révolution Internet.
Ces ouvrages montrent tous, à leur manière, que l’humain est au fondement de « la formidable aventure du Web (…). Son cœur : nous tous. » Mais attention : seule « une tribu d’ingénieurs » en maîtriserait les rouages aujourd’hui. Or, presque tous les pays industrialisés manquent de talents scientifiques et technologiques. Le Congrès mondial des technologies de l’information (WCIT) a organisé un brainstorming mondial pour aider nos gouvernement à prendre pleinement « le virage du numérique ».
Le génie humain, ce sont aussi les viviers de Talents inexploités…et Twitter !
A court terme, quelles solutions ? Fabrice Mazoir relaie un article du Telegraph qui montre que les services secrets britanniques explorent des gisements de Talents inexploités au sein de la « Génération X Box » :
Autre piste : Twitter, bien sûr ! Alors qu’une étude annonçait que ce réseau social accueillait des gens plus intelligents que la moyenne, une autre affirme que Twitter permet d’apprendre plus intelligemment. Et pourtant, c’est aussi sur ce site que le moindre détail de la vie de la pop-star adolescente Justin Bieber est quotidiennement commenté. Décidément, le cœur du web, « c’est nous tous ».