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Vers une compétitivité intelligente ? Revue de presse & de web

Alors que le chômage devrait continuer à grimper, la teneur du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité a été révélée. Si la mise en oeuvre de ses propositions paraît pour le moins incertaine, une facette de la compétitivité semble s’imposer : le numérique, la collaboration et les sciences sont moteurs d’innovation, de croissance et d’emploi…mais trop rares sont ceux qui, aujourd’hui, détiennent les compétences pour les propulser et les entretenir… En attendant une « révolution éducative », les entreprises doivent dénicher des Talents dans les viviers inexploités – ils sont nombreux – et innover dans la formation.

La semaine dernière, les économistes de l’OFCE calculaient que le taux de chômage devrait grimper à 11 % fin 2013, en raison de la faiblesse de la croissance et du « retard de production accumulé depuis 2008. » Dimanche, c’était Michel Sapin qui déclarait que les chiffres du chômage seront « mauvais encore plusieurs mois » en raison des plans sociaux en cours ou à venir.
Louis GalloisLe ministre du Travail était notamment interrogé sur le « rapport Gallois » sur la compétitivité, dont les principaux éléments ont été révélés vendredi soir par Le Figaro. L’ancien patron de la SNCF et EADS suggèrerait notamment d’intégrer  la compétitivité aux négociations sur la réforme du marché du travail ; mais l’élément le plus discuté de ce rapport porte sur un « choc de compétitivité », qui verrait les cotisations sociales baisser fortement afin de diminuer le coût du travail.

L’industrie intelligente : un service associé à un produit et des écosystèmes technologiques

Le ministre du Travail, exprimant une ligne qui semble majoritaire au sein du Gouvernement, considère que c’est le volet « hors coût » de la compétitivité qui est le plus important : innovation, recherche, services associés… Pas moins de dix-huit ministres sont réunis ce lundi à Matignon pour plancher sur le sujet.

Thibault de Jaegher (directeur de la rédaction de l’Usine nouvelle) faisait la semaine dernière le portrait d’un visage de la compétitivité. « Stimulés par la révolution technologique », de plus en plus d’industriels sont « en train de muter » :

« Ils tentent d’inventer une (…) « smart industrie » ! Dans ce secteur, un produit ne suffit plus à faire de vous un leader : il faut l’associer à un service (qui, lui, n’est rien sans une assise technologique forte). Cette néoindustrie, que ces mutants fabriquent, va durablement changer les règles du business. La supply chain devra se réinventer, notamment dans ses rapports avec les fournisseurs. Car ce ne sont plus les donneurs d’ordres qui dicteront leur loi, mais les technologies plateformes. »

Les données « sont les nouvelles marchandises »

Dans l’Usine nouvelle toujours, Jean-Luc Beylat, président du pôle de compétitivité Systematic, approfondissait :

« Comme les infrastructures routières ont créé le commerce, aujourd’hui il faut créer les infrastructures pour les données, qui sont les nouvelles marchandises. (…) C’est le moment d’accélérer. (…) Les acteurs français ont toutes les chances de réussir. Via le logiciel libre, par exemple (…). Ce domaine est un espace de créativité et d’innovation qui va beaucoup plus vite que les autres. Et leurs seuls problèmes actuels sont des problèmes de croissance, comme le recrutement, par exemple. Au point qu’ils en sont à créer  leurs propres structures de formation. »

Systematic

Jean-Luc Beylat soulignait notamment le nombre « bluffant » de projets d’innovation et de création d’entreprises, qui dépasserait les objectifs initialement fixés aux pôles. Les pôles de compétitivité, qui sont aussi parfois le laboratoire des RH du futur soutiendraient fortement le développement international des PME :

« Nous avons  favorisé l’implantation en Chine et aux USA d’une vingtaine d’entreprises associées à de grands groupes sur des actions locales, à Shanghai par exemple. Un véritable accélérateur de particules! »

Le défi humain du 21ème siècle : l’enseignement scientifique et technique, et mieux faire connaître l’entreprise aux jeunes

Don TapscottAlors que le Congrès mondial des technologies de l’information s’ouvre aujourd’hui à Montréal, Don Tapscott (auteur de « Macrowikinomics », un plaidoyer pour la transparence et la participation), insiste sur un important défi pour les systèmes d’éducation et de formation :

« Il y a un fossé entre ce qui est exigé pour prendre complètement le virage numérique, et les compétences et le savoir-faire des ressources humaines. »

Si son diagnostic porte sur la situation canadienne, il semble en tout point valable pour la France : malgré un fort taux de chômage des jeunes, les employeurs déclarent qu’ils n’arrivent pas à pourvoir les postes qui requièrent des savoirs scientifiques et techniques ; cette « pénurie de Talents » ne fait que s’accentuer. Pour y remédier structurellement, il faudrait revoir en profondeur les méthodes éducatives et revaloriser les matières scientifiques ainsi que les compétences techniques. L’Atelier de l’Emploi y reviendra.

Top 10 pénuries de Talents - zone EMEA

Le must de l’insertion professionnelle : diplôme d’ingénieur informatique ou aéronautique, ouverture internationale, implantation à l’Ouest

Ce problème ne semble pas trop se poser aux ingénieurs. Aujourd’hui, Le Figaro Economie révèle que, avec un taux d’emploi de 80%, les jeunes diplômés de l’ingénierie connaissent l’insertion la plus facile sur le marché du travail : celui des universitaires est de 70% tandis qu’il ne s’élève « que » à 72% au sortir d’une école de commerce. En termes sectoriels, on note qu’entre 85 et 100% des diplômés des écoles Epita (informatique) et Ipsa (aéronautique) étaient en poste deux mois après la fin de leur stage. L’ouverture internationale constitue un atout : 21% de la promotion 2011 de l’école Grenoble INP a trouvé son premier emploi à l’étranger.

Le Figaro souligne aussi le dynamisme de l’emploi cadre dans les régions Pays de Loire et Bretagne, soutenues par le commerce et l’industrie. Depuis le début de l’année, les offres reçues par l’APEC  sont en hausse de 16 % dans les Pays de la Loire et de 6 % en Bretagne.

Le contrat de génération, c’est (presque) maintenant

Pour les jeunes qui n’auraient pas choisi ces créneaux actuellement les plus porteurs, le contrat de génération devrait voir le jour tout prochainement. Les Echos et Libération relaient le quasi-consensus qui s’est fait jour entre syndicats et patronat vendredi. Michel Sapin devrait présenter le projet de loi en Conseil des ministres le 12 décembre.

Transmission

Cette dernière séance de négociation a confirmé l’annonce récemment faite par Thierry Repentin, ministre de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage : le tuteur du jeune ne sera pas forcément le senior faisant l’objet d’un contrat de génération – car la valeur d’un formateur n’attend pas forcément le nombre des années…

Les jeunes ont des choses à apprendre aux seniors

A ce sujet, Dominique Reiniche, Présidente de Coca-Cola Europe, attire l’attention sur les bienfaits du « mentorat inversé », qui vise « une transmission mutuelle harmonieuse des savoirs » :

« Même si les hiérarchies demeurent, il se crée une parité intellectuelle bénéfique à l’entreprise. La tendance en est à ses balbutiements (Danone ou GDF l’ont pratiquée), car elle implique une organisation des RH. Mais elle a de beaux jours devant elle. »

D. Reiniche - Mentorat inversé

Valoriser les Talents issus des quartiers sensibles

Si le taux de chômage des jeunes est déjà très élevé (22%), il l’est encore plus  chez ceux qui résident en zones urbaines sensibles (jusqu’à 38%). La Fondation ManpowerGroup pour l’emploi relaie une initiative intéressante, soutenue par le ministère de l’Economie : Mozaic RH a créé une « Cvthèque » pour soutenir l’accès à l’emploi des jeunes diplômés issus des quartiers défavorisés – souvent stigmatisants. 800 profils ont été sélectionnés, certains d’entre eux présentés sous forme de vidéos de 60 secondes « pour refléter la personnalité des candidats ». Ces Talents sont mis en relation avec les entreprises qui recrutent.

 

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