Parce que l’emploi est à la fois « une bataille de tous les jours » et un domaine dans lequel « la décision que vous prenez maintenant (…) ne peut porter leurs fruits que plusieurs mois après » – les expressions sont du ministre du Travail Michel Sapin -, un séminaire gouvernemental sur le sujet se tient actuellement à l’Elysée. Les discussions sont d’autant plus que la réforme du marché du travail va tout prochainement être discutée au Parlement.
Comme le montre l’Unédic, l’actualité récente rend le séminaire gouvernemental encore plus urgent. Retour sur les principales informations de la semaine dernière.
Le chômage va battre son record
Alors que le niveau du chômage s’était stabilisé en décembre, il est reparti à la hausse en janvier. Le nombre de personnes n’ayant exercé aucune activité a augmenté de près de 44.000. En catégories A, B et C, la France compte désormais près de 5 millions de demandeurs d’emploi, 4.967.500 très exactement (DOM compris) – soit une hausse de presque 10% en un an.
- La France vit ainsi sa troisième plus longue période de hausse de chômage depuis 1945 :
- La situation ne devrait pas s’améliorer à court terme puisque l’emploi intérimaire – indicateur avancé des évolutions à venir – a chuté de 16,2% en janvier 2013. C’est l’inquiétante information issue du baromètre Prisme, qui révèle en particulier les difficultés de l’Est de la France ainsi que des secteurs du bâtiment et de l’industrie.
Cette nouvelle poussée du chômage frappe presque toute la zone euro, surtout l’Italie (taux de 11,7% en janvier) :
En Allemagne en revanche, le chômage a baissé pour le troisième mois consécutif en février (en données corrigées des variations saisonnières). Outre-Rhin, le taux se situe aujourd’hui à 6,9% en février, à peine au-dessus des 6,8% – le plancher historique depuis la réunification.
- C’est aussi en Allemagne qu’a été inauguré le premier « bureau européen de placement », une agence bilingue de coopération franco-allemande destinée au « placement transfrontalier » de salariés.
Contre le fatalisme, la création ou la reprise d’entreprise
Une parade à la montée du chômage : la création et la reprise d’entreprise, notamment par des personnes éloignées de l’emploi. L’Unédic rappelle que les personnes qui créent ou reprennent une entreprise – soit à titre individuel soit sous la forme d’une société – peuvent bénéficier d’aides de l’assurance chômage.
Face à une inadéquation « structurelle », provoquer la rencontre entre offre et demande et adopter des modèles flexibles
Les causes de cette dégradation ne sont pas seulement conjoncturelles. Jean-Marc Daniel,professeur à l’ESCP Europe, craint d’ailleurs que la France ne dépasse le seuil historique de 1997, notamment parce qu’il existe une inadéquation « structurelle » entre la réalité de l’économie et celle de la population active et de ses compétences :
C’est notamment pour faire face à cette inadéquation structurelle que les entreprises – comme les individus – doivent adopter des modèles radicalement plus flexibles. A court terme, provoquer la rencontre entre offreurs et demandeurs d’emploi peut aussi s’avérer efficace – les job-datings de « Agissons pour l’emploi » l’ont prouvé.