La négociation sur réforme marché du travail vient de reprendre – dans des conditions houleuses. Quels que soient les contours de la « flexisécurité à la française » à venir, ses effets sur l’emploi sont loin d’être acquis sans croissance. Hier, à Bruxelles, la Commission européenne a dessiné une stratégie pour, précisément, multiplier le nombre d’entreprises dynamiques et robustes afin de relancer la croissance et l’emploi. Misant particulièrement sur les jeunes, elle veut notamment faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs dans les secteurs d’avenir.
Antonio Tajani, Vice-président de la Commission, en charge de l’industrie et de l’entrepreneuriat, a présenté hier un plan d’action qui ambitionne de révolutionner la culture de l’entrepreneuriat en Europe pour renouer avec la croissance et développer l’emploi :
« Si nous parvenons à libérer le potentiel entrepreneurial de l’Europe, nous réussirons à renouer avec la croissance. […] Dans toute l’histoire économique, l’esprit d’entreprise a été le moteur le plus puissant de la croissance. Nous voulons par conséquent que l’entrepreneuriat devienne une perspective attrayante et accessible pour les Européens. […] Plus d’entrepreneurs, c’est davantage d’emplois, d’innovation et de compétitivité. »
Mais « devenir entrepreneur et faire de ses projets une réalité nécessite de prendre des risques et requiert un travail considérable », rappelle Antonio Tajani. La Comission mise beaucoup sur les jeunes. Le plan d’action met l’accent sur le rôle essentiel de l’éducation et de la formation, afin de favoriser l’émergence de nouvelles générations d’entrepreneurs, dans les secteurs d’avenir en particulier.
Les jeunes : le meilleur ROI qui soit
« L’investissement dans l’éducation à l’entrepreneuriat est l’un des plus rentables que l’Europe peut faire. Les études montrent en effet que entre 15 et 20% des lycéens qui ont participé à des programmes de “junior entreprises” monteront plus tard leur propre affaire » – un chiffre 3 à 5 fois plus élevé que pour l’ensemble de la population, selon les pays européens.
Un cran au-dessus, la Commission estime que le rôle de l’enseignement supérieur doit aller bien au-delà de la seule transmission de compétences et connaissances. Les établissements doivent selon elle apprendre à leurs étudiants à participer à des ecosystèmes, engager et développer des partenariats ainsi que des alliances industrielles. Les entreprises de haute technologie et, plus généralement, les entreprises en forte croissance sont particulièrement visées par la Commission.
Un marché européen de microfinancement des PME ?
Bruxelles prévoit des mesures spécifiques pour soutenir les jeunes, les femmes, les seniors, les immigrés et chômeurs désireux de créer leur propre entreprise. Pour lever les freins à l’entrepreneuriat, le plan d’action envisage la création d’un marché européen du microfinancement destiné aux PME.
Mais la Commission veut aussi capitaliser sur celles et ceux qui sont déjà « dans le bain entrepreneurial ». Le plan de la Commission souligne aussi l’importance d’un appui aux entrepreneurs durant les phases cruciales du cycle de vie des entreprises – car Elle veut simplifier les procédures administratives, faciliter les transmissions d’entreprise et offrir une « deuxième chance » aux entrepreneurs « honnêtes » qui ont fait faillite.
Le nouveau pétrole attend ses Talents
Surtout, la Commission insiste sur l’importance des perspectives commerciales ouvertes par l’ère numérique. Premier gisement de croissance identifié : l’exploitation des données, qui serait devenues « le nouveau pétrole ». Pour multiplier le nombre de ces créateurs de croissance d’aujourd’hui et de demain, il va falloir agir sur les compétences et résoudre les pénuries de Talents – qui, par définition, sévissent tout particulièrement dans les nouvelles activités comme l’exploitation du « Big Data ».
>>> Pour en savoir +
- Consulter le communiqué (en anglais) ou un résumé des 7 points du plan d’action par Chefdentreprise.com
- Dans son rapport sur l’évolution de l’emploi en Europe en 2012, la Commission tire la sonnette d’alarme : « Dans certains pays, en particulier ceux du sud de l’Union, l’adéquation entre les compétences et les emplois est insuffisante ou s’est dégradée ». Synthèse ici , rapport intégral là.
- Qui sont les entrepreneurs innovants en France? Par Oséo.
Plus d’1 Européen sur 3 veut être son propre patron… mais la crise fait son effetUn sondage Eurobaromètre montre que plus d’un Européen sur 3 (37%) voudrait être son propre patron. Une proportion qui a baissé de 8 points en 3 ans, en raison de la crainte de la faillite et de la volonté de disposer de revenus irréguliers. 58% des Français préfèrent être salariés, mais ils sont quand même plus enclins que la moyenne européenne à se diriger aux-mêmes – avec les risques que cela comporte. |
Visuels utilisés pour ce billet :
- Une issue du flickrstream de Office of Governor Patrick , sous licence CC
- Photo d’Antonio Tajani issue du flickrstream de Promoting Enterprise, sous licence CC
- Graphique par l’Agence pour la création d’entreprise, issu de son étude « La création d’entreprise en France en 2011 »