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Technologies et travail : alerte sur les compétences

Aujourd’hui, presque 2 salariés sur 3 travaillent sur écran et déjà près d’un tiers disposent de technologies « nomades » (téléphone mobile, smartphone, tablette, etc.) au travail. Le temps de travail sur écran dépasse trois heures par jour pour plus des 2/3 des utilisateurs, et cette durée tend à augmenter. Bref, les technologies ont effectué une irruption remarquée au travail.

Le rapport du Centre d’analyse stratégique consacré à l’impact de ces nouvelles technologies sur le travail met en avant la nécessité d’une meilleure anticipation face aux risques d’une véritable fracture numérique. Il a aussi mis en évidence la réalité de la pénurie de compétences technologiques.

Face aux risques d’une fracture technologique, anticiper

Femme ordinateur

Le rapport révèle de fortes disparités d’équipement et d’usages selon les secteurs, les fonctions et les sexes. Sans surprise, l’industrie et le tertiaire les utilisent largement plus que la construction et l’agriculture.

Les femmes moins équipées que les hommes

Dans toutes les catégories socio-professionnelles, les femmes sont moins équipées en matériel informatique que les hommes. On remarque aussi, sans s’en étonner, que le recours aux nouvelles technologies se répand chez tout le monde : la proportion de non-utilisateurs baisse dans toutes les CSP, comme le montre le tableau ci-dessous.

Utilisation informatique - baisse pour toutes les CSP
Graph issu du rapport - Cliquez pour agrandir

Les cadres, à la pointe de l’usage des nouvelles technologies au travail…et des inquiétudes

  • Les cadres sont largement en tête des populations les mieux équipées, avec plus de 9/10ème pourvus en matériel informatique. A l’inverse, 47 % des employés et 81 % des ouvriers non qualifiés n’utilisent aucun matériel informatique au travail.

  • Les contrastes sont plus forts dans l’utilisation professionnelle d’Internet/d’un Intranet (cf tableau ci-contre).
  • Les disparités s’accentuent encore plus quand on observe l’équipement en dernières nouveautés que sont les TIC mobiles et les réseaux sociaux28 % des cadres sont déjà munis de téléphones intelligents pour des raisons professionnelles et 50 % des utilisateurs de Twitter sont des cadres.
  • Le rapport souligne que les cadres sont « les plus préoccupés par la gestion de la mobilité, de la surcharge informationnelle et de la surcharge communicationnelle induites par les nouveaux systèmes d’information ».

… mais les employés et les ouvriers sont les plus actifs sur les réseaux sociaux

Malgré cette « domination technologique » des cadres, l’étude révèle une information intéressante : les employés et les ouvriers sont plus fortement utilisateurs de réseaux sociaux que les cadres.

Réseaux sociaux France - participation par CSP
Tableau issu du rapport - Cliquez pour agrandir

Face au risque de fracture numérique, les entreprises doivent s’assurer de la nécessité de l’informatisation de leurs métiers

Le rapport pointe, comme conséquence de toutes ces disparités, un risque de fracture technologique qui doit être anticipé par les entreprises : les « nouveaux utilisateurs » à venir « auront vraisemblablement plus de difficultés que les utilisateurs actuels », notamment parce qu’il existe en leur sein un nombre important de non diplômés et que, parmi eux, eux se trouvent notamment 3 millions d’illettrés.

Le boom technologique transforme les compétences nécessaires à la vie professionnelle

« La dernière décennie a été marquée par le fort développement de la mobilité des TIC (ordinateurs portables, téléphones mobiles, smartphones, tablettes), qui devrait se poursuivre, tout comme l’essor des systèmes embarqués. La virtualisation du système d’information grâce au « cloud computing » est annoncée par les professionnels de l’informatique. »

CrowdsourcingAu-delà de ces dernières évolutions, le rapport montre que « les TIC orientent certaines évolutions des contenus du travail ». Parmi les plus importantes :

  • Savoir faire face aux changements permanents.
    Alors que « les délais d’appropriation des nouveaux systèmes deviennent de plus en plus courts », les entreprises doivent veiller à ce que leurs salariés puissent suivre un rythme qui « peut devenir insupportable, surtout s’il est imposé et subi ».
  • Savoir gérer l’abstraction.
  • Savoir gérer des procédures de plus en plus rigides et complexes.
  • Savoir gérer l’interactivité et l’instantanéité, le temps et l’urgence.
  • Au sujet de la « surabondance des données », le rapport expose les actions de Canon France et Atos Origin dans la lutte contre l’infobésité.
  • Savoir organiser son travail hors des cadres traditionnels du lieu et du temps de travail.

Une pénurie de compétences alarmante

L’étude souligne que, malgré ces transformations technologiques massives, les compétences et talents ne suivent pas : seulement 15 % des entreprises emploient des personnels spécialisés en informatique et en télécommunication, et ces postes ne représentent alors en moyenne que 7% des effectifs.

Et, alors que les manques sont bien réels, « l’effort de formation continue des entreprises concernant les TIC a singulièrement fléchi depuis le début des années 2000. L’accompagnement du changement semble peu répandu dans les entreprises. »

Evolution part stagiaires informatique-bureautique & 10 1ères spécialités dans la formation pro continue
Graphique issu du rapport - Cliquez pour agrandir

Former les salariés aux usages, former les dirigeants à la prise en compte des impacts sociaux

Face à cette lacune, formation aux usages et formation aux risques doivent être développées, souligne Daniel Ratier – chargé de mission à la Direction générale du travail et coordonnateur du rapport : s’il s’agit notamment de « garantir une formation adaptée pour que les salariés puissent utiliser sans difficulté les outils mis à leur disposition, sous peine de risquer une dégradation de leurs conditions de travail », il est aussi très important de former les dirigeants pour qu’ils puissent mieux « prendre en compte les impacts sociaux lors de la mise en place d’un nouveau système ».

e-skills passportA ce sujet, l’étude met en avant l’intéressant exemple britannique de e-Skills UK« une organisation sectorielle (IT et Télécom), à but non lucratif, subventionnée par les entreprises britanniques, et qui mène des actions destinées à faire du Royaume-Uni un champion mondial en matière de compétences technologiques. e-Skills regroupe les employeurs, les éducateurs et le gouvernement pour concrétiser cette ambition. »

Elle cite notamment deux programmes intéressants de e-Skills UK :

  • le e-skills passport, outil en ligne destiné à l’évaluation des compétences des salariés selon des standards partagés -lesquels sont à la base d’un programme de formation qualifiante destiné à tous ceux qui utilisent les TIC dans leur activité professionnelle quotidienne.

 

>>> POUR EN SAVOIR +

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