Six mois après la première vague, 1 000 moins de 26 ans français ont à nouveau été interrogés pour ce baromètre semestriel « Les jeunes et l’emploi » de Prism’emploi, groupement des professionnels du recrutement et de l’intérim qui rassemble 600 entreprises et près de 7 000 agences d’emploi répartis sur le territoire.
Pessimisme as usual
Exit la crise, place à la morosité ? A l’évocation du mot « emploi », les jeunes répondent spontanément beaucoup moins « crise » (-4), mais davantage « chômage » ou « difficultés ». Devant l’absence prolongée de perspectives, seuls 15% de l’ensemble des jeunes sont optimistes sur la situation de l’emploi en France. Et la sinistrose touche même ceux qui ne sont pas encore entrés sur le marché du travail, traditionnellement bien plus optimistes : chez les étudiants, la confiance dans l’avenir s’effondre de 9 points (de 73 à 64%).
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Les demandeurs d’emploi restent de loin les premiers touchés par cette perte de confiance, avant tout dans leur employabilité et leur capacité à trouver du travail. Un parcours du combattant que l’on juge logiquement d’autant plus difficile que l’on est éloignés de l’emploi… S’il y a échec collectif, les crises sont aussi individuelles : le moral des jeunes demandeurs d’emploi sur leur propre situation peut se mesurer en moyenne à 4,3/10, contre 6,2/10 pour ceux en emploi, quel que soit le contrat.
Trouver un emploi : 1% via les réseaux sociaux, 2% par candidature spontanée
Ce sentiment et un accès à l’emploi durablement affecté bousculent-ils pour autant la manière dont s’effectue la recherche d’emploi ? Une récente enquête avançait le chiffre de 95% de candidats utilisant le web pour chercher un emploi… Mais la révolution du recrutement, pourtant si attendue, ne semble pas encore avoir eu lieu : 1% des jeunes en emploi sont en poste grâce à LinkedIn, Viadeo et consorts, 4% ont trouvé un emploi sur un site carrière (soit autant que par petite annonce…), 7% par un site Internet spécialisé (Le Bon Coin, Qapa, etc.).
La révolution est-elle ailleurs ? Loin devant les cabinets et les salons de recrutement, le réseau (proches, anciens élèves, etc.) a été « osé » par un quart des jeunes, quand 20% se sont « rendus en personne dans l’entreprise pour candidater ». Enfin, 8% (+3) des jeunes en emploi interrogés ont trouvé leur travail grâce à une agence d’emploi – physique ou en ligne. Ces agences d’emploi – « nouveau » nom, correspondant davantage à leur activité, des agences d’intérim (la moitié des étudiants pensent par exemple que ces agences ne proposent pas de CDI à leurs inscrits…) – ont un impact qui se rapproche de Pôle emploi, canal de recherche décisif pour 10% des sondés (-3).
Demandeurs d’emploi : autant confiance dans les agences d’intérim que dans Pôle emploi
[encadre]Le besoin d’accompagnement dans l’insertion professionnelle, la mission, justement, des agences d’emploi, est pour François Roux, délégué général de Prism’emploi, la raison première de ce rapprochement : « l’intérim n’est pas pour les jeunes, contrairement aux idées reçues, une voie de précarité, c’est bien souvent la première brique posée à la construction de leur parcours professionnels ».
Et l’on retrouve cette vision dans la bouche des principaux intéressés : les 31% de jeunes passés par l’intérim considèrent à 90% que celui-ci permet d’acquérir une expérience professionnelle, à 84% qu’il est l’occasion de développer leur employabilité, à 80% d’apprendre différents métiers (+3 pour ces 3 critères). La logique d’insertion (avoir une première expérience professionnelle) est le premier facteur d’orientation vers le travail temporaire, qui s’explique aussi par une volonté de se former et/ou de tenter différentes situations professionnelles avant de « se fixer ».
Les agences d’emploi sont en conséquence perçues comme un des principaux intermédiaires sur lequel compter : c’est même pour 24% des personnes en recherche d’emploi le premier acteur de confiance, juste derrière Pôle emploi, à la réputation en chute libre – l’intermédiaire le plus rassurant pour 26% (-8) des sondés. Autre inversion de tendance : dans l’éventualité où ils devraient retrouver du travail, les jeunes cette fois en emploi font désormais plus confiance aux agences d’emploi qu’aux sites spécialisés (30%, +5, contre 28%, -6). Et si c’était cela, la « vraie » révolution du monde du travail ?