Le chiffre est marquant. Selon une étude du groupe d’audit et de conseil PwC réalisée pour LinkedIn auprès de 2 600 sociétés dans 11 pays, la mauvaise gestion des compétences au sein des entreprises françaises coûterait plus de 2,3 milliards d’euros (3,2 milliards de dollars) en termes de productivité. Et la France n’est pas la seule dans ce cas : ce sont ainsi plus de 47 milliards d’euros qui échappent à la Chine ! L’Allemagne perd quant à elle 3,5 milliards de potentiels gains de productivité : un mauvais score qui s’explique notamment par une économie trop spécialisée, profitant peu à la mobilité de salariés, aux compétences trop « dures » pour être mobilisables d’un emploi à un autre.
Le point de repère ? Les Pays-Bas, au marché le plus « flexible » et à la gestion des compétences optimales. Selon l’étude, il existe donc une « étroite corrélation entre faculté d’adaptation des compétences professionnelles dans un pays donné et performance des entreprises de ce même pays ». Une gestion des talents adaptée à l’enjeu de l’adéquation des compétences est ainsi clairement identifiée comme un enjeu humain et économique à part entière. Sur la totalité des pays étudiés, le manque à gagner est estimé à quasiment 95 milliards d’euros.
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Le développement des compétences : enjeu humain ET économique
Pour Daniel Giffard-Bouvier, associé PwC spécialiste de la gestion des talents, le constat est éloquent : « Plus les employeurs et employés sauront s’adapter aux évolutions du marché et faire coïncider les compétences avec les postes à pourvoir, plus les entreprises seront productives ». Du côté des ressources humaines, l’objectif est clair : mieux identifier les compétences techniques et humaines essentielles à la stratégie de l’entreprise, afin d’aligner en conséquence le recrutement et les évolutions internes aux besoins de l’entreprise.
Et ne pas négliger, bien sûr, le développement de nouvelles compétences. Des enjeux de pilotage, d’anticipation des besoins ou encore d’élargissement de viviers de talent, diagnostiquait l’enquête ManpowerGroup « Pénurie de Talents » en 2013. L’enquête mondiale rappelait par ailleurs que plus du tiers des employeurs observaient des « difficultés à recruter », souvent sans en tirer suffisamment les leçons dans leur politique RH.
Si l’étude se focalise sur de potentiels gains en termes de productivité, le cabinet de conseil McKinsey estimait déjà de son côté, en 2012, que l’inadéquation des compétences (« skills mismatch ») pourrait causer la destruction de 2,2 millions d’emplois non-qualifiés en France d’ici 2020, et empêcher la création de 2,3 millions de postes qualifiés. Une manière d’appréhender l’inadéquation des compétences tout aussi éclairante.
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L’intégralité de l’étude PwC :