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Jeunes, premier emploi et niveau de diplôme : la roue tourne

Les grandes écoles, voie royale de l’insertion professionnelle : et si la crise et la « Grande Inadéquation » des compétences était en train de renverser nos certitudes ? Le dernier baromètre Deloitte de l’humeur des jeunes diplômés montre que, aujourd’hui, les IUT, BTS, DUT et autres formations professionnalisantes permettent d’accéder plus vite à l’emploi qu’un diplôme d’une grande école.

La réalité d’aujourd’hui, c’est que les diplômes des grandes écoles ne sont plus une garantie absolue. Plus d’un quart (28%) des jeunes qui ont été diplômés ces trois dernières années sont encore à la recherche d’un emploi, une proportion qui a doublé par rapport à l’année dernière (16%). La « religion » française du diplôme d’élite serait-elle en train de battre de l’aile?

Le label ne fait plus le poids face aux besoins en compétences

A l’heure de la « Grande Inadéquation », les recruteurs ont manifestement besoin de compétences – certifiées – plus que de « labels », et c’est chez les candidats formés à l’université, en BTS, IUT ou DUT qu’ils semblent les trouver aujourd’hui. Ainsi, aujourd’hui, la licence professionnelle est un tremplin efficace pour accéder à l’emploi. Un quart des diplômés d’IUT ont ainsi trouvé un emploi en moins d’une semaine, et un sur cinq n’a même pas eu besoin d’envoyer un CV, fort de son stage, de son expérience en alternance ou de son réseau.

A l’inverse, les profils issus de grandes écoles de management, d’ingénieurs, de commerce, de sciences politiques… sont souvent perçus par les recruteurs comme « trop formatés« , et leur cursus généraliste ne correspond pas forcément à leurs besoins en recrutement de ressources rapidement opérationnelles

Accès à l’emploi : rapidité vs. sécurité

Les diplômés des grandes écoles accèdent plus difficilement à l’emploi parce qu’ils visent des postes à responsabilité, moins facilement accessibles : 15 semaines, 16 CV envoyés et 2 à 5 entretiens passés en moyenne… quand plus de la moitié des bac+2 y parvient à l’issue d’un seul entretien d’embauche : les débouchés sont plus nombreux, l’exigence en termes de compétences sans doute moins élevée et assurément plus ciblée.

A défaut de faciliter un accès rapide au marché du travail, les diplômes des grandes écoles assurent toutefois des emplois plus pérennes : 76% des profils les plus diplômés sont en CDI, contre 43% seulement pour les diplômés d’IUT. Signe que la recherche d’un emploi stable prédomine dans un contexte d’incertitude : seuls 4% des diplômés toujours en recherche envisagent de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

La crainte du chômage fait fuir les talents

Deux fois plus touchés par le chômage que leurs aînés, les jeunes diplômés songent sérieusement à quitter la France. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à envisager une expatriation vers des cieux plus cléments : c’est le cas de 27% d’entre eux, une proportion qui a plus que doublé en un an – ils n’étaient contre 13% en 2012. Décidemment, un marché mondial des talents se dessine : d’ici 2020, leur mobilité aura augmenté de 50% selon PwC.

Les étudiants issus de formations professionnalisantes (BTS, IUT…) sont toutefois moins mobiles (93% pensent rester en France) que ceux des grandes écoles (77%) : signe d’une confiance plus forte ou d’une meilleure capacité à vendre ses talents à l’étranger ?

Cette « fuite des cerveaux » est-elle une menace pour notre compétitivité ? Pas forcément, pour trois raisons :

  • « Avec la mondialisation, les cadres moyens et les jeunes veulent faire leurs armes à l’étranger. Quitte à revenir par la suite, » souligne Philippe Guilbert, Directeur des études de Toluna France. Le cabinet a récemment publié une enquête sur l’exil des cadres, essentiellement motivé par la peur du chômage.
  • Un retour au bercail des cadres français est tout à fait envisageable : les Français comptent parmi les populations du monde les plus attachées à leur pays.
  • Les expériences à l’étranger sont très appréciées des recruteurs, qui sauront sans doute accueillir ces talents « rapatriés » – mais les entreprises doivent apprendre à mieux valoriser leur expérience.

 

>>> Pour aller plus loin :

  • Tous les résultats du « Baromètre de l’humeur des jeunes diplômés » (Deloitte/Ifop), 2e édition, Février 2013 : à consulter ici
  • « Les trois défis des licences professionnelles », par Emmanuel Vaillant (04/03/2013) : à lire sur EducPros.fr
  • « Etudiants : la tentation de l’étranger » (JT France 2, 2013) : à visionner sur YouTube
> Visuel en Une de ce billet : issu du flickstream de Sinistra Ecologia LibertÃ, sous licence CC.
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