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#MotsDeLaCrise : 3- Compétitivité

Avant d’être éprouvée à travers les maux qu’elle produit, la crise est d’abord vécue par les Français à travers ses mots. Denis Muzet, fondateur de l’Institut Médiascopie, analyse leur impact sur nos esprits dans Les mots de la crise – De la crise mondiale à la crise de soi (éditions Eyrolles, collection « La nouvelle société de l’emploi » de la Fondation ManpowerGroup).

Les mots de la criseEn exclusivité pour l’Atelier de l’emploi, Denis Muzet décrypte chaque jour un mot ou une expression caractéristique de l’état d’esprit des Français dans la crise et des réponses qu’ils attendent du politique. Hier, il analysait l’ambiguïté qui entoure la notion d’« effort juste », une expression qui rassure, surtout si ces efforts amènent des résultats et sont partagés par un Etat exemplaire sur la dépense publique.

Aujourd’hui, Denis Muzet se penche sur la « compétitivité », un de ces mots qui fonctionne comme une « petite bombe à fragmentation qui nous tombe dessus du matin au soir ». A l’automne, lors de la publication du rapport Gallois, les débats sur le coût du travail avaient fait rage, signe d’une question hautement sensible : la violence perçue du « choc de compétitivité » l’avait fait se muer en un « pacte de compétitivité ». A raison, explique le sociologue.

Les tabous de la compétitivité tombent mais la violence d’un « choc » angoisse

La question du coût du travail et de la compétitivité est épineuse : si l’effort paraît nécessaire, il peut être douloureux. Denis Muzet relève pourtant que « si réduire le coût du travail en France et la flexibilité du travail sont des perspectives à peine rassurantes […], la notion de compétitivité est, par contre, mieux admise ». Une révolution en France ?

« Il apparaît qu’il n’existe pas de tabou dans la société française sur la flexibilité du travail, qui est une mutation du travail à présent “intériorisée”. Les 18-29 ans, symboles de ce changement de paradigme, la considèrent même plutôt rassurante, 4,2/10 sur l’échelle d’inquiétude, alors que leurs aînés sont bien plus réservés, autour de 5/10. »

Mapping - Les mots de la crise

La notion de compétitivité s’accompagne tout de même d’une peur, celle « d’un moins-disant social sans fin » : les mesures collectives, « réclamées afin de dynamiser l’économie » risquent, à court terme, d’aller contre l’intérêt des Français. Pour cet employé du privé interviewé par Denis Muzet, l’effort est quoiqu’il en soit incontournable :

« La compétitivité, c’est surtout pour que la France essaie de se sortir de la crise, donc vende mieux ses produits. C’est encore nous qui allons devoir payer, mais en période de crise il faut faire des efforts. On n’a pas tellement le choix. Et si ça relance la machine, j’espère qu’on aura des jours meilleurs après. »

Le choc de compétitivité inquiète, en ce qu’il laisse planer le spectre d’une compétition internationale à laquelle les Français devraient s’adapter dans la douleur. Parce que la mondialisation, autre mot décrypté par Denis Muzet, est elle aussi facteur d’angoisse ? Le « choc de simplification », lancé cette semaine pour tailler dans les dépenses de fonctionnement de l’Etat, fera-t-il aussi peur ?

Retrouvez tous les mots analysés en exclusivité par Denis Muzet pour l’Atelier de l’emploi, ILLUSTRÉS PAR DES IMAGES ET COMMENTÉS EN VIDÉO PAR DENIS MUZET

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