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#MotsDeLaCrise : 1- Made in France

Avant d’être éprouvée à travers les maux qu’elle produit, la crise est d’abord vécue par les Français à travers ses mots. Denis Muzet, fondateur de l’Institut Médiascopie, analyse leur impact sur nos esprits dans Les mots de la crise – De la crise mondiale à la crise de soi (éditions Eyrolles, collection « La nouvelle société de l’emploi » de la Fondation ManpowerGroup). L’ouvrage dresse le portrait de Français confrontés non seulement à une crise mondiale, mais aussi à « une véritable «crise de soi» ».

Les mots de la criseEn exclusivité pour l’Atelier de l’emploi, Denis Muzet analyse chaque jour un mot ou une expression caractéristique de l’état d’esprit des Français dans la crise et des réponses qu’ils attendent du politique. Aujourd’hui, il se penche sur les réactions au « made in France » et au « produire local », révélateurs de l’état d’esprit des Français face à la crise : « deux aiguillons rassurants, mais jugés peu crédibles à l’échelle d’une économie ».

Le « made in France », un trompe-l’oeil ?

Dans son enquête, Denis Muzet a découvert que les mots et expressions appartenant au registre du « Made in France » s’avèrent « très rassurants, en même temps qu’ils parlent aux individus. Le made in France a tout pour séduire. »

Ces expressions font en effet partie des « réponses du politique » qui rassurent le plus parmi ceux que Denis Muzet a passés au crible – cet effet rassurant du « produire local » fonctionnant d’ailleurs aussi par-delà l’Atlantique :

« Consensuel et rassurant, il flatte les personnes interrogées, quand bien même elles sont conscientes que la relocalisation ne concerne qu’une minorité d’entreprises : “Quelques entreprises qui ont délocalisé y’a quelques années en Chine reviennent, souligne un fonctionnaire. C’est pas la majorité, mais y’en a, ça contribue à enrayer la crise, ça donne de l’emploi, ça donne confiance aux gens et ça les motive. C’est la reconnaissance d’un travail, d’un savoir-faire de ces gens-là, c’est super important”. »

Publiée dans le livre, la cartographie des sentiments qu’inspirent les « mots de la crise » passés au crible par Denis Muzet montre bien l’effet rassurant des expressions « produire local » et « produire français ».

Les réponses du politique : ouverture sur le monde ou repli national?

En approfondissant l’analyse, Denis Muzet révèle, derrière cette croyance dans les vertus protectrices du « made in France », un certain scepticisme :

« L’idée d’avoir un ministère destiné à redresser la production et à se battre pour l’avenir industriel du pays est saluée. Mais nos concitoyens font preuve, là aussi, de fatalisme : si une entreprise ne s’y retrouve plus, que peut faire le politique pour la retenir ? Certains avouent leur scepticisme, tel cet ingénieur en région parisienne : “Il ne va rien redresser du tout, le ministre. Il ne peut pas empêcher les licenciements dans une société comme PSA. (…) Une entreprise qui ne gagne plus d’argent, tôt ou tard, elle dépose le bilan, y’a pas de mystère”.

La valorisation du “produire français” se pose donc en trompe l’œil : elle révèle ce que l’on souhaiterait dans l’idéal, mais peu y croient vraiment. Aiguillon d’une efficacité redoutable dans un pays qui cherche ses repères dans la mondialisation, le “made in France” ne peut faire l’économie d’une véritable réflexion sur l’identité industrielle nationale. Très critiques envers le saupoudrage, nos concitoyens attendent avant tout un cap à long terme. Ce qui est vrai d’une manière générale est vrai aussi de l’industrie. »

Dans cette vidéo, Denis Muzet explique que le « made in France » symbolise le repli sur soi qui caractériserait la réaction des Français face à la crise aujourd’hui :

Retrouvez tous les mots analysés en exclusivité par Denis Muzet pour l’Atelier de l’emploi, illustrés et commentés par lui en vidéo

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Image de Une : logo issu du site MIF expo
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