Dans le nouveau monde du travail, les technologies de l’information sont un formidable levier de performance. Pour en tirer tout les bénéfices, les entreprises doivent donner le pouvoir à leurs salariés. Point de vue de Jean-Philippe Courtois, Président de Microsoft International.
Depuis sa création, l’Atelier de l’Emploi décrit les transformations, pas toujours visibles à l’œil nu, d’un monde du travail bouleversé par le progrès technologique et la mondialisation : à « l’Ere des Talents », le potentiel humain est la nouvelle matière première de la croissance. Après l’ancien modèle « fordiste », des grandes organisations du travail, c’est l’individu au pouvoir.
Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International*, livrait une analyse éclairante de cette nouvelle donne dans un article publié par le site de la BBC en février : « Microsoft’s new world of work is all about people ».
Sa vision : les entreprises doivent opérer une transformation radicale de leur culture en misant sur la transparence et la confiance pour que les technologies de l’information réalisent leur plein potentiel « révolutionnaire » en matière de ressources humaines et permettent un renouvellement de la croissance par une flexibilité au service du bien-être au travail.
L’Atelier de l’Emploi vous livre ici la traduction d’un point de vue très instructif. Les liens présents dans ce billet ont été ajoutés par l’Atelier de l’Emploi.
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La confiance, indispensable pour que progrès technologique = progrès humain
« Pour la plupart d’entre nous, l’équilibre vie privée / vie professionnelle évolue profondément. Les salariés commencent à oser exiger de la souplesse dans l’organisation de leur travail et, parallèlement, les employeurs n’hésitent plus à demander à leurs équipes de travailler en-dehors des horaires de bureau « normaux ». »
La technologie au cœur d’une flexibilité équilibrée
Au cœur de l’équilibre entre ces nouvelles attentes : la technologie. Car c’est la connexion qui permet la flexibilité : Internet nous permet d’être informés et de communiquer en permanence et, avec des appareils mobiles de plus en plus sophistiqués, « nous pouvons décider quand, comment et où nous travaillons. »
« La confiance est essentielle pour que la flexibilité du travail devienne une réalité qui profite à tous »
Mais Jean-Philippe Courtois prévient : seule, la technologie n’est rien.
« L’attribution d’un smartphone ou d’une connexion Internet ne suffiront pas à ce que cette flexibilité soit perçue comme une chance et non comme une menace pour les salariés : c’est une culture de confiance qu’il faut instaurer pour que les outils technologiques soit pleinement considérés comme servant l’autonomie et la liberté individuels. Une confiance indispensable à ce que progrès technique rime avec progrès humain pour tout le monde. »
Flexibilité : des promesses pas encore tenues pour tous les salariés
« En Europe, la grande majorité des chefs d’entreprise est convaincue de l’intérêt économique de la flexibilité du travail : selon une étude menée pour Microsoft, 82% des employeurs européens autorisent à leur salarié de la souplesse dans l’organisation de leur travail (flexibilité horaire, travail à distance…).
Ils le savent : la flexibilité permet, notamment, de dégager des marges de manœuvre pour une plus grande réactivité aux demandes des clients, une amélioration du travail collaboratif en interne, une baisse des temps de trajet, une plus grande attention portée au recrutement et à la fidélisation des talents.
Pourtant, tous les chefs d’entreprise ne pensent pas à créer un environnement favorable à ce que cette souplesse porte tous ses fruits. »
En effet, si une enquête Accenture nous a récemment appris que c’est grâce au développement de la flexibilité au travail que la majorité des cadres mondiaux ont décidé de rester fidèles à leur employeur en 2012 malgré leur insatisfaction au travail, c’est loin d’être le cas de l’ensemble des salariés : Jean-Philippe Courtois relève que, interrogés dans le cadre de l’enquête Microsoft, « seuls 64% des salariés déclarent se voir accorder le droit à la souplesse dans l’organisation de leur travail, et moins d’un tiers d’entre eux reçoivent des instructions quant aux conditions du travail à distance. »
Le cloud au service des nouveaux besoins des salariés
Grâce aux progrès du cloud computing, les outils collaboratifs deviennent accessibles à tous types d’entreprises : avec eux, les PME pourront notamment, « significativement améliorer la communication entre les salariés et les clients. »
Parentalité et vieillissement de la population : les nouvelles technologies pour un meilleur équilibre, au bénéfice des salariés
Investir dans ces technologies aiderait les entreprises à mieux prendre en compte les nouveaux besoins de leurs salariés. Car, rappelle le directeur de Microsoft International, outre l’importance croissante de la conciliation entre parentalité et travail, « le vieillissement de la population européenne nous oblige à aménager un nouvel équilibre qui permette aux salariés de s’occuper des membres les plus âgés de leurs familles. »
Des investissements qui aident les entreprises à améliorer leur gestion des talents
Ainsi, « en offrant à tous les salariés une véritable flexibilité grâce aux outils de travail collaboratif, les organisations pourraient progresser dans la gestion de la diversité des talents, en donnant à chacun les moyens de déployer tout son potentiel et en permettant à tous de contribuer au succès. »
Une indispensable révolution culturelle : sans confiance, pas de flexibilité
Pour faire évoluer les comportements, « il ne suffit pas d’investir dans des outils. Il faut savoir créer un environnement favorable au développement de ces comportements. »
Or, il apparaît clairement que « l’enjeu de la flexibilité, c’est la confiance : comment, en l’absence de contrôle, vos salariés peuvent-ils efficacement dépendre les uns des autres dans l’accomplissement de leur travail ? » D’après le président de Microsoft International, « la stigmatisation persistante du travail à domicile » et la difficile progression du télétravail montrent bien que peu de salariés « pensent que leurs collègues travaillent efficacement hors du bureau. »
Les réticences face au télétravail révèlent les faiblesses du management
Selon Jean-Philippe Courtois, seuls les mauvais managers n’osent pas accorder aux salariés l’autorisation de travailler à distance. Car aux fondements d’une véritable flexibilité, on trouve un partenariat, « une symbiose » :
- entre un employeur et ses salariés,
- entre la technologie et les hommes.
La flexibilité, un jeu gagnant-gagnant
Il en est convaincu : la flexibilité peut être une win-win situation, un jeu gagnant-gagnant.
- Les employeurs y gagnent une amélioration de la productivité et une baisse des coûts ;
- Les salariés acquièrent plus d’autonomie, « une relation bien plus positive avec leur patron« et un meilleur équilibre entre leurs vies privée et professionnelle.
Santé, diversité, bien être : la flexibilité au service de la marque employeur et de la fidélisation des talents
L’expérience de Microsoft, riche de 17 titres de «Best Place to Work» en Europe et de celui de « meilleure multinationale au monde » selon l’Institut Great Place to Work, montrerait que « une flexibilité pleinement intégrée contribue largement à une amélioration de la santé au travail et soutient une meilleure diversité parmi les salariés. »
Prendre en compte les transformations du comportement humain
Pour ce faire, les salariés doivent, selon Jean-Philippe Courtois, être réellement incités à une organisation du travail plus souple. Car, « si les technologies de l’information sont un catalyseur efficace des nouvelles formes de travail, elles ne confèreront aux entreprises un véritable avantage compétitif que par une prise en compte de leurs effets, moins évidents, sur le comportement humain. »
Ainsi, elles nécessitent la « mise en place d’un environnement de transparence dans lequel les salariés se feront mutuellement confiance et se verront accorder une autonomie suffisante pour utiliser ces technologies de la façon qui répond le mieux à leurs besoins. »
Transparence, autonomie, confiance : les clés du succès
La technologie permet donc la flexibilité, essentielle de nouvelles formes de travail plus « épanouissantes ». Mais, « pour réaliser son plein potentiel, elle doit être utilisée dans une culture d’entreprise fondée sur la confiance et la responsabilité individuelle – dans laquelle la performance est mesurée par les résultats et l’impact plutôt que par l’activité elle-même », conclut Jean-Philippe Courtois.
>>> Lire l’article d’origine (en anglais)
* Jean-Philippe Courtois est également administrateur de PlaNet Finance et représentant officiel de Microsoft à l’Institut Montaigne. Il a été co-président de la Global Digital Divide Initiative Task Force du Forum Economique Mondial et membre de la task force “Technologies de l’information et de la communication” de la Commission européenne. Il a également été ambassadeur de l’Union européenne pour l’Année de la Créativité et de l’Innovation en (2009) et figurait parmi les « Tech’s Top 25 » du Wall Street Journal Europe en 2011.
> Crédits image :
- Image à la une : tirée du site de Great Place to Work
- Trust : issue du flickstream de soonerpa, sous licence CC