Plus de 90 % des grandes entreprises européennes ont mis en place des programmes pour améliorer la place des femmes parmi leurs dirigeants. Malgré cela, l’OCDE a montré que les femmes occupent seulement 10% des sièges des conseils d’administration des grandes entreprises et d’importants écarts de rémunérations persistent.
En France, avec 8 % de femmes dans les comités de direction et 20% dans les conseils d’administration, les chiffres ne sont pas plus enthousiasmants. Cette sous-représentation est d’autant plus choquante que les femmes représentent 56% des diplômés du supérieur dans notre pays.
Mixité = performance
Si la situation est difficile à accepter, ce n’est pas seulement pour des raisons de justice sociale ou d’éthique. C’est aussi parce que la performance des entreprises est en cause :
- à l’heure d’une pénurie croissante sur de nombreux profils, notre pays met à l’écart de nombreux talents et compétences ;
- l’étude Women Matter de McKinsey, une référence en la matière, a montré qu’une meilleure représentation des femmes dans les instances de direction développe la performance financière – c’est le cas de la diversité en général – mais, aussi, améliore significativement l’efficacité de l’organisation et le bien-être des salariés.
Les enseignements de la dernière édition de l’étude Women Matter ont été présentés par Sandra Sancier-Sultan lors du débat « Et si les hommes s’en mêlaient … ? » sur la place des femmes dans l’entreprise, organisé la semaine dernière sur RTL par le Cercle du Leadership (présidé par Françoise Gri, présidente de ManpowerGroup Europe du Sud).
Le rapport montre que les principaux points de blocage sont de trois ordres dans les entreprises :
- l’environnement législatif – un point sur lequel la France est en bonne position ;
- les femmes elles-mêmes, qui refreinent leurs ambitions au fur et à mesure de l’avancée de leurs carrières ;
- l’action des entreprises.
C’est sur ce dernier point, particulièrement crucial en France, que l’étude Women Matter se focalise.
Les entreprises ont pris conscience des enjeux mais les résultats ne sont pas à la hauteur
Des entreprises sensibilisées
Les entreprises ont pris conscience des enjeux :
- plus d’une entreprise européenne sur deux (53%) a fait de la mixité une de ses 10 priorités stratégiques ;
- dans 90% des cas, les dirigeants sont réellement impliqués.
De nombreuses actions entreprises
Au-delà de la prise de cette prise de conscience, les actions entreprises sont à la hauteur de l’enjeu :
- sur une quarantaine d’actions préconisées par McKinsey, 80 % des entreprises en mettent en place plus de la moitié.
Les résultats se font attendre
C’est au niveau des résultats que le bât blesse : ceux-ci n’ont quasiment pas progressé, et le manque de talents féminins se diffuse à tous les niveaux du management.
Engagement du dirigeant, évaluation & culture : les déterminants majeurs de la réussite
Néanmoins, 16% des entreprises « ont des résultats », avec plus de 20% de femmes aux niveaux N-1 et N-2. Quels sont les déterminants de leur réussite ?
- L’engagement du PDG ;
- la mise en place d’indicateurs ;
- l’évolution des mentalités et de la culture dans l’entreprise – c’est l’enseignement le plus fort de l’étude 2012 selon Sandra Sancier-Sultan.
Pour bien faire, l’engagement du PDG est indispensable
Le rapport insiste aussi sur la méthode : faire est une chose, bien faire en est une autre. Et il s’avère que les entreprises qui ont mis en place des méthodes efficaces sont celles où le PDG était le plus impliqué, comme sponsor personnel de femmes de son entreprise par exemple.
Les indicateurs, déterminants
Un fait édifiant : sur 235 grands groupes, la moitié n’étaient pas capables de fournir les données de la mixité de leurs dirigeants au début de l’enquête. Le rapport insiste donc sur l’importance des indicateurs.
Changer les états d’esprit
Comment faire évoluer les choses quand les managers n’osent pas évaluer les femmes de la même manière que les hommes, souvent par crainte de les froisser ? Mc Kinsey souligne l’importance d’un changement de mentalités pour un management concrètement promoteur de la mixité.