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Lyon

Lyon et ses jeunes (1) : quand l’innovation impacte (vraiment) l’emploi d’une région

La région n’est cependant pas totalement épargnée par la série noire des plans sociaux relancée cet automne. Les salariés de la SITL (Société d’Innovation et de Technologie de Lyon), ex-FagorBrandt, craignent actuellement un dépôt de bilan du site. Des suppressions de postes sont également envisagées sur le site lyonnais de Nexans, fabricant de câbles. Pour soutenir l’activité, la région doit s’appuyer sur ses forces et atouts qui la démarquent. Décryptage d’une économie riche et diversifiée, tournée vers l’international. 

Lyon, capitale des pôles

Une enquête de l’Apec (Agence pour l’emploi des cadres) publiée en mars 2012 révèle que 60% des jeunes cadres considèrent la région Rhône-Alpes comme le territoire alliant le mieux qualité de vie et dynamisme. L’emploi cadre y est en effet très présent, selon des chiffres de 2013 : 11% des cadres en poste dans le secteur privé en France se polarisent en région Rhône-Alpes. « Les actifs lyonnais sont beaucoup plus diplômés que la moyenne nationale. 20% de la population active du bassin lyonnais sont des cadres supérieurs, contre 15% à l’échelle nationale », note Vincent Beley, directeur de la Mdef (Maison de l’emploi et de la formation) de Lyon.

Emplois cadres - Rhone AlpesLe dynamisme, notamment dans les bassins lyonnais et grenoblois, est porté par le fort potentiel d’innovation. A Lyon, les pôles de compétitivité ont un fort rayonnement national et même international comme Lyonbiopôle et Axelera, qui concentrent des compétences scientifiques de haut niveau. Lyon compte le plus grand nombre de cadres des fonctions métropolitaines (CFM) après Paris. Ces emplois stratégiques à hautes responsabilités présents en conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs contribuent largement à l’attractivité du territoire. Saint-Etienne compte 12 800 CFM et se hisse, selon l’Apec, au troisième rang national (hors Paris). Contrairement à l’image sinistrée de son marché de l’emploi, c’est bien à Saint-Etienne que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est venu annoncer lundi 4 novembre « une nouvelle donne pour l’innovation ».

La filière industrielle, très diversifiée, bénéficie d’un renouveau technologique permanent nourri par des efforts conséquents, notamment en « R&D ». Lyon était classée en 2011 au huitième rang mondial des villes les plus innovantes, selon le Innovation Cities Index, quand en 2013 Grenoble trustait même le top 5 du classement du magazine américain Forbes. Ces caractéristiques propres au bassin d’emploi rhônalpin attirent les investissements, notamment étrangers. En 2012, Lyon a accueilli 66% d’implantations d’entreprises étrangères, soit près d’un quart des implantations étrangères en France selon l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly).

Répartition des emploi ssalariés - Rhône Alpes

En tout, le tissu économique du Grand Lyon rassemble près de 40.000 entreprises et institutions. L’industrie se concentre sur des activités comme les équipements mécaniques, la métallurgie, la transformation des métaux, la chimie, le caoutchouc, le textile et le raffinage. L’entreprise Piseo spécialisée dans l’éclairage ou Adisseo en chimie sont particulièrement dynamiques.

Genzyme, Lafarge, Rhodia, Plastic Omnium et Renault Trucks sont des acteurs économiques privés importants du territoire. La région se place au premier rang national dans le domaine pharmaceutique et la métallurgie : les laboratoires, comme Sanofi ou Boiron, constituent des pôles de recrutement attractifs, notamment dans l’ingénierie. L’Aderly souligne par ailleurs que les sciences de la vie et la cleantechnologie sont d’importants pourvoyeurs d’emplois.

Evolution de l'emploi salarié Rhone-Alpes

Un territoire épargné par l’érosion des emplois

La diversité est-elle un rempart à la crise ? Selon la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dirrecte), le Rhône-Alpes est au deuxième rang des régions où le taux de chômage est le plus faible de France. « Le marché de l’emploi lyonnais est privilégié et relativement épargné. Il y a en moyenne entre 0,8 et 1 point de chômage en moins par rapport à la moyenne nationale », analyse Vincent Beley, de la Maison de l’emploi et de la formation.

Au premier trimestre 2013, le taux de chômage s’établissait à 9,7% à Lyon selon l’Insee, soit moins qu’à Toulouse, Lille et Marseille. L’institut de statistiques a même identifié des « signes de frémissement » cet été et un rebond de l’emploi intérimaire au premier trimestre de plus de 4,4% après 7 mois de baisse. La CCI Rhône-Alpes pointe une « légère amélioration globale des perspectives des PME » sur le premier trimestre.

Pôle emploi - Lyon

Malgré la résistance, l’emploi industriel n’est pas totalement épargné par le climat économique. La crise a accéléré la baisse de l’emploi dans l’industrie plus fortement qu’au niveau national. Entre le premier trimestre 2008 et le troisième trimestre 2009, plus de 200 000 emplois ont été détruits. Mais à l’inverse des grands bassins industriels, le Rhône-Alpes a fortement bénéficié de l’amélioration du contexte économique. L’Insee souligne une nouvelle fois la robustesse du bassin rhônalpin: « Lors de la reprise, le stock d’emplois salariés marchands dans la région culmine à 98,5 % du niveau d’avant-crise. Pour la France métropolitaine, cette part est légèrement inférieure. »

carte_part_industrie_crises_territoires

En 2012, 20,2% des établissements étaient recruteurs, principalement dans les activités agricoles, viticoles, ainsi que dans l’hôtellerie et la restauration. L’Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise rappelle la prédominance du secteur tertiaire qui a concentré 94% des embauches en 2012. Les intentions d’embauche ont progressé dans le Rhône et Rhône-Alpes de 1,5% par rapport à 2011. Les grands projets d’aménagement du territoire comme le quartier Confluence, les rives de Saône, le Grand Stade, le développement du quartier de Gerland et le prolongement du tramway soutiennent le secteur du bâtiment. L’emploi salarié total est finalement resté stable.

L’inadéquation des compétences, plaie pour l’emploi des « Gones »

« Il ne faut pas céder au pessimisme des observateurs et commentateurs de l’économie, les situations de recrutement existent, même pour les profils très spécialisés. A Lyon, il y a un nouveau recrutement dans le secteur des métiers de l’assurance et de l’action sociale et de la santé», modère Vincent Beley de la Mdef. Les chiffres le confirment : mieux vaut être jeune en Rhône-Alpes qu’ailleurs. Dans le Rhône, 13.800 demandeurs d’emploi de catégorie A avaient moins de 25 ans en septembre 2013, soit environ 15,2% d’entre eux, contre 26,1% en France métropolitaine. Le chiffre a augmenté de 4,8% en un an, même si la variation est moins forte qu’au niveau national. La Direccte observe un léger recul du taux de chômage des jeunes rhônalpins entre août et septembre 2013.

Projets de recrutement en Rhône Alpes
Pôle Emploi Rhône-Alpes, 2013

L’économie multisectorielle du territoire pousse à la recherche de profils spécialisés, notamment en ingénierie informatique. Patrick Magnaval, directeur d’agence France Sud-Est de Manpower, a constaté un « regain sur l’emploi » dans les sociétés de service en ingénierie informatique. Le Medef Rhône-Alpes recense quant à lui 40.000 offres d’emploi non pourvues. « Il y a une fracture entre le marché de l’emploi et le type de poste proposé », analyse Patrick Magnaval.

« Dans le secteurs des technologies de l’information, les entreprises éprouvent des difficultés à recruter des spécialistes ». 247 166 étudiants se forment en Rhône-Alpes, dont près de 13,6% des ingénieurs français, selon la CCI. Une catégorie des jeunes souffre également d’un niveau trop bas de compétences, qui les exclue durablement de l’emploi. « Dans certains domaines comme la métallurgie, il y a un manque de formations professionnelles. C’est le cas pour la chaudronnerie par exemple», indique Vincent Beley, de la Mdef.

Selon les données de l’enquête Besoins en main d’œuvre 2013 de l’Insee, les entreprises recherchent des candidats essentiellement dans le secteur tertiaire. L’obtention d’un diplôme reste un facteur déterminant pour accéder au marché du travail : l’enquête de l’Insee sur les jeunes rhônalpins révèle que les jeunes non diplômés sont trois fois plus souvent au chômage, et restent plus fréquemment inactifs.

Face au grand nombre d’emplois non pourvus, la préfecture du Rhône a lancé en septembre 2013 un plan de « formations prioritaires pour l’emploi » dans la région. 2.700 places vont être créées en formation pour répondre aux besoins identifiés des différents bassins d’emploi, dans le BTP, l’industrie, les transports, la logistique, les services aux personnes, le commerce, l’hôtellerie et les métiers de bouche. Si certaines entreprises peinent à trouver la perle rare, des initiatives se multiplient au niveau local pour améliorer l’insertion professionnelle et l’employabilité des jeunes… A suivre !

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Agissons pour l’emploi : à Lyon ce jeudi 14 novembre

Logo-Agissons-pour-l'emploi

Après le succès des éditions précédentes, l’opération Agissons pour l’emploi revient le jeudi 14 novembre à Lyon. La journée sera consacrée au job-dating et se terminera par un débat en compagnie des principaux acteurs économiques locaux autour de la problématique de l’emploi et de la formation des jeunes. 

> Voir les détails de l’événement 

> A lire : A Rennes, Toulouse, Marseille et Paris : les précédentes analyses et débats spéciaux « Agissons pour l’emploi »

> La suite du dossier spécial « Lyon et ses jeunes » : 

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