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Lyon et ses jeunes (2) : et pourtant, elles recrutent…

Mais le chômage est aussi paradoxalement dû à un problème récurrent d’inéquation entre l’offre et la demande de travail. En Rhône-Alpes, le Medef estime à 40.000 le nombre de postes non pourvus. Les origines de ce dysfonctionnement structurel du marché sont multiples, mais peuvent être corrigées.

> Lire Lyon et ses jeunes (1) : quand l’innovation (impacte) vraiment l’emploi d’une région

Le Rhône-Alpes est la sixième région la plus jeune de France. Le département du Rhône compte 138.931 étudiants dont 84.134 universités et 32.273 en écoles de l’enseignement supérieur. Le rayonnement du pôle universitaire est connu et reconnu… mais le diplôme ne prémunit plus forcément du chômage : à Lyon, près d’un tiers des demandeurs d’emploi étaient diplômés d’un bac + 3 ou 4 en 2011 (catégorie A, B, C selon Pôle Emploi).

Un quart des recrutements sont « difficiles »

Pourtant, du côté des employeurs, il est souvent ardu de pourvoir les postes. Selon Bernard Gaud, le président du Medef Rhône-Alpes, un quart des recrutements s’effectue avec difficulté dans la région. L’organisation patronale a lancé un Observatoire national des difficultés d’embauches des entreprises pour tenter d’enrayer le problème, et la Direccte communique régulièrement sur les réalités locales d’un phénomène qui touche particulièrement l’industrie (techniciens et agents de maîtrise, notamment dans les industries mécaniques), mais surtout, en volume, le tertiaire (informatique, télécommunications, santé et action sociale, la comptabilité, nouvellement « en tension », etc.).

Ces difficultés, note la Direccte, concernent majoritairement des emplois exigeants en compétences. Le tissu local et les entreprises investissent en conséquence en faveur de la formation, particulièrement à destination des moins qualifiés.

Moins qualifiés, milieux défavorisés : entreprises et acteurs locaux s’organisent

[encadre]La fondation des Ecoles de la deuxième chance (E2C), accueille chaque année des milliers de jeunes de 19 à 25 ans sans qualification et sans emploi pour les accompagner et les aider à intégrer le monde de l’entreprise. Sur les 107 sites en France, 5 sont situés en Rhône-Alpes. De grands groupes se sont associés à cette initiative, parmi lesquels Orange ou encore GDF Suez et Vivendi Universal. Ces parrains de poids assurent notamment un soutien et prennent en charge ces jeunes dans le cadre de politiques d’aide à l’insertion professionnelle.

L’association Nos Quartiers ont des Talents, implantée depuis 2009 en Rhône-Alpes, accompagne les jeunes diplômés (bac + 4 minimum et âgés de moins de 30 ans) issus des milieux défavorisés dans leur recherche d’emploi. Depuis 2010, 2.050 jeunes rhônalpins ont bénéficié de ce dispositif. Grâce au système de parrainage avec 150 entreprises de la région, près de trois quarts d’entre eux accède à un emploi dans un délai de six mois. Chaque jeune est en effet encadré individuellement par un cadre ou chef d’entreprise du secteur d’activité dans lequel il souhaite travailler, afin de construire son réseau professionnel.

Ecoles de la deuxième chance - Rhône Alpes
Les écoles de la deuxième chance en Rhône Alpes

Face aux difficultés de recrutement, les formations sur-mesure

Pour les 150.000 « décrocheurs » qui, en France, sortent du système éducatif chaque année sans diplôme ni qualification, les associations locales sont un véritable système de remédiation et de réinsertion (à lire le troisième volet Lyon et ses jeunes). En Rhône-Alpes, l’insertion de ces décrocheurs est une priorité, selon un diagnostic européen : en 2011, 11 000 jeunes de la région sortaient de l’école sans diplôme, un phénomène appelé à s’accroître avec la solide croissance démographique locale.

Selon le même rapport, les difficultés de recrutement sont l’autre faiblesse structurelle de Rhône-Alpes. La dernière étude annuelle « Pénuries de talents » révèle que si 35% des employeurs du monde entier rencontrent des difficultés à pourvoir des postes vacants, c’est avant tout à cause d’un manque de compétences adéquates disponibles, même chez les plus diplômés. C’est le cas dans la région lyonnaise où, pour parer à cette « inadéquation » persistante, les entreprises proposent de plus en plus de formations professionnelles destinées aux jeunes diplômés : autant de dispositifs vecteurs d’une véritable insertion sur le marché du travail, car pensés en fonction des besoins.

Les métiers en tension en Rhone-Alpes
Les métiers en tension en Rhone-Alpes – Cliquer pour le document (pdf)

Ecoles métier, Fablabs et transfert de technologies

Le groupe Orange est particulièrement impliqué dans cette voie avec quatre « Orange campus » et 37 écoles métier dans le monde. Le Orange Graduate Programme propose aux jeunes possédant un bac+5 une formation ultra-spécialisée sur le numérique en trois ans avec un dispositif d’accompagnement individualisé. Le programme, très sélectif, vise à repérer, recruter et fidéliser de forts potentiels en management et ingénierie. L’apprentissage est centré sur le management et le client, les jeunes peuvent ensuite se spécialiser en fonction des postes visés. A Lyon, le groupe Areva a créé une plateforme de formation dédiée aux métiers d’intervention métallurgique sur les sites des centrales nucléaires. 80 jeunes vont être reçus en trois ans en alternance pour se spécialiser.

En proie à une baisse des ventes et de son chiffre d’affaires, Seb, dont le siège social se situe dans le Rhône, innove : en partenariat avec de grandes écoles locales, EM Lyon et Centrale, le groupe d’électroménager se lance dans le développement d’infrastructures innovantes d’apprentissage comme les FabLab et les LivingLab. Au niveau local, l’idée est de fédérer les savoirs et développer l’innovation ouverte par le partage et le réseau, dès la conception, en impliquant les utilisateurs. Par une convention de mécénat, Seb soutient le programme innovant I.D.E.A. (Master of Science in Innovation Design Entrepreneurship and Arts) et propose une intégration professionnelle directement en fin formation.

A l’Université de Lyon, regroupement d’une vingtaine d’universités et d’écoles, une société d’accélération de transferts de technologies (SATT) a été créée en mai dernier pour rapprocher les inventions issues des laboratoires de recherche vers le monde économique. L’innovation, oui, mais porteuse d’emploi !

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Agissons pour l’emploi : à Lyon ce jeudi 14 novembre

Logo-Agissons-pour-l'emploi

Après le succès des éditions précédentes, l’opération Agissons pour l’emploi revient le jeudi 14 novembre à Lyon. La journée sera consacrée au job-dating et se terminera par un débat en compagnie des principaux acteurs économiques locaux autour de la problématique de l’emploi et de la formation des jeunes. 

> Voir les détails de l’événement 

> A lire : A Rennes, Toulouse, Marseille et Paris : les précédentes analyses et débats spéciaux « Agissons pour l’emploi »

Crédit image : Le pont de la Guillotière à Lyon, mafate69/Flickr (licence CC)
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