:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

Emploi : comment la région Midi-Pyrénées relève ses défis de recrutement

10,4% de chômage au 4e trimestre 2014 contre 9,9% en 2013. Légèrement plus élevés que la moyenne nationale, ce taux s’explique avant tout par l’importante attractivité de la région Midi-Pyrénées qui fait d’elle la quatrième région de France métropolitaine en termes de croissance démographique avec 0,8% par an. La région Midi-Pyrénées, victime de son dynamisme ?

Dans les années à venir, faire se rencontrer offres et demandes d’emploi sera capital pour endiguer un chômage qui a poursuivi son augmentation en 2015. Quelles stratégies développer pour aider les entreprises de Midi-Pyrénées à dépasser les freins du recrutement ? Bilan d’une situation et des initiatives locales.

> Cet article est la suite de Entre croissance et chômage record : les paradoxe de la région Midi-Pyrénées

1 projets de recrutements sur 3 jugés difficiles dans un contexte d’accélération de l’industrie régionale

bmoDans la région Midi-Pyrénées, plus d’un recruteur sur trois témoigne de difficultés de recrutement, davantage pour les non-cadres que pour les cadres. Comme à l’échelle nationale, les métiers des services à la personne concentrent les plus fortes difficultés de recrutement (68%), avec la construction (56%) ou agricole, secteur qui constitue le premier employeur de la région (32%).

L’industrie n’est pas épargnée par ces difficultés : dans ce secteur, 43% des besoins en main-d’œuvre sont difficiles à pourvoir, et ce particulièrement dans la métallurgie : dans le Grand Sud-Ouest, il faut même 14 semaines pour recruter un chaudronnier et un projet d’embauche sur cinq n’aboutit tout simplement pas. Soudeurs, chaudronniers, des métiers vitaux pour l’industrie aéronautique, et qui présentent un taux de difficulté de recrutement élevé : près d’un projet sur trois sont jugé difficile.

> Lire aussi : Pénurie de talents 2015 : près d’un tiers des entreprises concernées par les difficultés de recrutement en France

Des difficultés d’autant plus problématique que les carnets de commande sont pleins pour les avionneurs du Midi-Pyrénées, et que le rythme continue de s’accélérer pour leurs très nombreux sous-traitants. Les entreprises doivent donc recruter rapidement sur des postes clés et pointus, sans droit à l’erreur. Pour Sylvie Vanson, Responsable Grands Comptes du Pôle Industrie secteur défense aéronautique et spatial de Manpower, ce rythme est un défi pour les grandes entreprises comme pour les PME du secteur :

Pour la filière aéronautique, la question concerne en particulier les sous-traitants, un marché pourvoyeur de business et donc d’emplois mais les entreprises concernées, souvent des PME, manquent de visibilité pour pouvoir annoncer leurs besoins suffisamment tôt afin de trouver les bons profils dans les temps impartis. Il ne faut pas oublier que ce sont généralement des besoins très spécialisés et donc des besoins de personnes avec une réelle expérience

Fortes disparités régionales : besoins  concentrés mais faible mobilité de la main d’œuvre

carte-commune-midi-pyrénéesLa région Midi-Pyrénées est marquée par de fortes disparités régionales en termes d’emploi : « selon les bassins d’emploi, la proportion de projets difficiles s’échelonne entre 20% et 48% des intentions d’embauche », explique le BMO 2015, l’étude annuel de Pôle Emploi sur les Besoins en main d’œuvre, précisant que « les départements du Lot et de l’Aveyron enregistrent les taux les plus élevés de la région. »

Au niveau des communes, l’équilibre est différent : spécialisée dans l’aéronautique avec la présence toute proche d’Alstom et Daher, la commune de Tarbes présente le ratio le plus élevé de Midi-Pyrénées avec près d’un projet de recrutement sur deux déclaré difficile par les entreprises. Les tensions sont particulièrement élevées pour les métiers d’ouvriers de l’industrie et ceux de la construction. Cas similaire, le bassin de Muret continue d’afficher des difficultés de recrutement parmi les plus importantes de la région. Cette année, il enregistre un taux de difficulté de 46%.

> Lire aussi : Mobilité des cadres : bouger plus, plus tôt, plus vite… mais plus tout seul ?

TARMAC_and_fields_(Ossun,_Hautes-Pyrénées,_France)Or, la région Midi-Pyrénées présente une mobilité des travailleurs plus réduite qu’ailleurs. Selon Pôle Emploi,  56% des demandeurs d’emplois expriment une mobilité comprise entre 14 et 39 kilomètres : « L’autre grand sujet RH du secteur c’est la mobilité : elle n’est plus du tout recherchée par 80% de la population et des compétences », explique Sylvie Vanson, soulignant l’importance d’établir un cahier des charges en amont pour garantir la continuité de l’activité sous peine de la voir souffrir des difficultés de recrutement.

Pour éviter ces situations pénuriques, une bonne connaissance des bassins d’emplois peut aussi venir d’agences privées qui bénéficient d’un réseaux au plus près des territoires : « La valeur ajoutée de Manpower Conseil Recrutement, c’est notamment la connaissance des spécificités des différents bassins d’emploi, ainsi qu’une implantation qui s’étend au-delà des grandes agglomérations », souligne Vincent Faugué, le responsable de la région Sud de Manpower conseil recrutement. En janvier, quatre cabinets à Agen, Albi, Rodez et Toulouse quadrillaient déjà la région.

Les initiatives locales en Midi-Pyrénées : mutualiser le recrutement pour attirer les talents

Pour les entreprises du secteur, c’est bien le recrutement qui reste au centre des préoccupations. Les initiatives locales se multiplient pour répondre aux défis.

cluster-industrielDu côté des PME, l’heure est à la mutualisation. Services aux entreprises, agroalimentaire, pharmacie, santé ou aéronautique… hormis la présence de quelques géants, la région se démarque par le nombre de petites entreprises qui, qui selon le BMO, concentrent plus de la moitié des intentions d’embauche. Mais comment attirer les bons candidats ? La réponse : les PME de la région se sont structuré en clusters, notamment celui de la Mecanic Vallée qui s’étend de Rodez à Tulle. Ce sont ainsi 126 entreprises, toute activité industrielle confondue, totalisant 11 150 salariés en 2012, qui misent sur la mutualisation et l’amélioration des compétences techniques des PME pour renforcer l’industrialisation des territoires ruraux et proposer un « guichet unique de proximité » pour « favoriser la mutualisation des moyens et la coopération entre industriels ».

La région, elle, mise sur la formation, notamment des jeunes, en partant des besoins locaux et de ceux des entreprises. Car, même si les profils de candidats ne manquent pas, ils ne correspondent pas forcément aux besoins des entreprises. Ainsi l’Ecole des Mines d’Albi Carmaux propose des cursus d’ingénieurs répondant aux besoins des industries implantées dans la région, telle que l’aéronautique et la pharmacie.

> Lire aussi Toulouse – Quand l’aéronautique anticipe ses besoins et forme en conséquence

Cependant, les formations longues ne sont pas suffisamment agiles pour favoriser l’adéquation aux besoins des entreprises, en particulier ceux des industriels. Ces derniers expriment avant tout des difficultés pour recruter du personnel non cadre : Il y a un manque de compétences industrielles spécialisées, c’est à dire de profils de techniciens Bac +2/3 car ces filières ont été dévalorisées pendant trop longtemps en France », constate Vincent Faugué qui souligne l’importance de mettre en avant des formations courtes, plus adaptables aux besoins des entreprises.

Prévoir les recrutements, privilégier les formations courtes

3500579347_12e3a9116a_o

Pour favoriser l’adéquation entre offre et demande d’emploi, les acteurs de la région Midi-Pyrénées sont rentrées dans une dynamique collaborative : face aux difficultés de recrutement des entreprises ariégeoises de la métallurgie, qui peinent à recruter une main d’œuvre qualifiée, la CCI et le Conseil Général d’Ariège a noué des partenariats avec la Direccte, Pôle emploi et l’UIMM pour développer la GPEC, la gestion Prévisionnelle des Recrutements ainsi que des formations courtes pour adapter les profils des demandeurs d’emploi aux besoins des employeurs. Pour Sylvie Vanson, ce genre d’initiative est une réponse à un problème récurrent des PME/TPE : « Ces dernières n’arrivent pas toujours à anticiper les commandes et donc leurs besoins en compétences. Le réflexe de faire appel à des entreprises extérieures comme Manpower pour les aider à relever ce défi est encore timide».

bannerPrivilégier les formations courtes ? En effet, au-delà de la formation initiale, c’est sur les compétences qu’il faut miser, avec des formations qui permettent « de développer chez un candidat 2-3 compétences clés qui seront une base suffisamment solides pour lui permettre d’évoluer dans ce secteur et assurer ainsi plus de continuité tout en offrant plus de souplesse ». Partir des besoins des entreprises et favoriser des formats courts, opérationnels et individualisés, une solution pour relever le défi du chômage en région Midi-Pyrénées ?

Crédit image : Yvan / CC BY-NC-SA 2.0 ;  Grégory Tonon/ CC BY-SA 2.0

 

Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser