Publié le 16 mars 2012

« Dans cette ville historique de 21 000 âmes, au cœur de l'Alsace, le taux de chômage est d'environ 8%. A une petite trentaine de kilomètres de là, en Allemagne, la commune d'Emmendmgen, à peine plus importante avec ses 27 000 habitants, ne compte que 3 % de demandeurs d'emploi Le chômage des jeunes de moins de 25 ans y est de 7 %, contre 23 % à Sélestat. »

Comment un tel contraste peut-il exister à seulement quelques kilomètres de distance? Dans un article intitulé "France, Allemagne : une frontière, deux mentalités", un reporter du Figaro - New York Times raconte son enquête à Sélestat, ville française frontalière de l'Allemagne. Il met en lumière les différences culturelles soutenant les meilleures performances allemandes en matière d'emploi.

Le reportage concède certaines limites du "modèle allemand" :

  • la France peut s'enorgueillir d'une natalité plus forte ;
  • en France, les femmes participent plus au marché du travail, ce qui gonfle mécaniquement les statistiques du chômage ;
  • "les Français travaillent pour gagner leur vie et les Allemands vivent pour leur travail" selon Boris Gourdial, directeur de l'Agence fédérale allemande pour l'emploi à Fribourg.

Cela étant, on peut difficilement contester que "un travail correct avec un salaire est préférable au chômage", notamment pour les jeunes. C'est notamment sur ce point que le reportage souligne les forces "culturelles" allemandes en matière d'emploi, notamment grâce à des liens étroits entre enseignement et entreprises.

  • "En France, beaucoup de parents et d'enfants considèrent toujours les formations et diplômes professionnels comme un échec ou le signe d'une capacité intellectuelle limitée. Ici, cela signifie qu'on a raté sa scolarité. En Allemagne, cela n'a rien a voir avec la valeur".
  • Par l'apprentissage, les élèves allemands "trouvent souvent un emploi à plein-temps auprès des entreprises qui ont investi dans leur formation."

"La nuit des morts-vivants industriels"Le reportage est aussi révélateur du "fétichisme industriel" français :

"L'Allemagne a conservé sa base industrielle et sa compétitivité tandis que la France dépend davantage des services, faute d'avoir un vivier important de PME."

Les services, une "faiblesse" économique ? Pourtant, ils irriguent l'industrie et représentent un gisement d'emplois. C'est pourquoi il faut dépasser cette opposition artificielle entre industrie et services, qui "brouille le choix des générations futures".