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A. Landier (TSE) & D. Thesmar (HEC) – La nuit des morts-vivants industriels

Alors que les principaux candidats à l’élection présidentielle prennent fortement position en faveur du « Made in France/Europe » et présentent la production de biens en France et/ou en Europe comme un élément essentiel de la bataille pour l’emploi, une tribune publiée la semaine dernière par Les Echos livrait un éclairage intéressant.

« On brouille les choix des générations futures en leur faisant croire au retour de l’ingénieur en blouse bleue »

Ouvrier du 21ème siècleSes auteurs, Augustin Landier et David Thesmar (respectivement professeur de finance à la Toulouse School of Economics et professeur à HEC), y soulignent l’obsolescence de l’opposition services/industrie :

« Il est plus que jamais contre-productif d’opposer les services à l’industrie. On brouille les choix des générations futures en leur faisant croire au retour de l’ingénieur en blouse bleue. On aiguille aussi la politique industrielle vers des secteurs obsolètes, au risque de transformer notre économie en un cimetière peuplé de zombies industriels. »

La désindustrialisation, un mal pour un bien?

Pourquoi des « zombies » ? Parce que « la crise actuelle conclut un basculement de l’industrie manufacturière vers des activités plus dématérialisées. »

Un propos qui fait écho à ceux de Julia Cagé (enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris) :

« Oui, la part de l’emploi industriel dans l’emploi total est en train de baisser. Oui, la France est en train de se désindustrialiser. Mais non, ce n’est pas grave. C’est tant mieux. [Car] dans un système mondialisé de l’innovation, celui qui capture la valeur, c’est celui qui innove, pas celui qui produit. […]

Ce qui est grave aujourd’hui, c’est le retard du pays en matière d’innovation. La France n’invente pas et s’obstine à rester spécialisée dans des secteurs anciens plutôt que de faire le choix de la haute technologie. »

L’innovation, au coeur de la bataille pour l’emploi

Gisements d'emploisSur son blog, Françoise Gri (présidente de ManpowerGroup Europe du Sud) avait pris l’exemple du iPod pour illustrer concrètement les implications pour l’emploi de cette analyse :

« Un petit tiers des emplois nécessaires à la production de l’iPod est américain, mais comme les travailleurs américains sont à la fois mieux payés et beaucoup plus qualifiés, il en résulte que la production mondialisée de l’Ipod génère deux fois plus de masse salariale aux Etats-Unis… qu’en Chine ! »

Education, santé, transports : des secteurs d’avenir pour l’emploi

Augustin Landier et David Thesmar soulignent aussi une tendance parfois méconnue :

« Depuis les années 1970, le rythme de l’innovation technologique s’est fortement ralenti : l’ère des innovations « faciles » (le tout-à-l’égout, l’électricité, le moteur à essence, l’aviation, l’énergie nucléaire, le téléphone) est terminée, tout est maintenant concentré dans l’informatique et l’Internet. Or les innovations liées à Internet (Google, Facebook, Ebay) créent très peu d’emplois… »

Ainsi, ils considèrent qu’une « politique industrielle moderne » doit en premier lieu reposer sur une meilleure organisation du « développement économique des secteurs non-marchands. L’éducation, la santé, les transports sont des secteurs qui vont prendre une place plus importante dans l’emploi. »

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