La France est très à la traîne en matière de numérique au travail. Moins d’un tiers des salariés français ont accès aux réseaux sociaux au bureau travail et seulement 8% possèdent un smartphone professionnel. Le contraste avec les autres grands pays d’Europe est saisissant : en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, et même dans une économie profondément en crise comme l’Espagne, quelques 40% des salariés peuvent se connecter aux réseaux sociaux depuis leur entreprise et plus de 20% disposent d’un smartphone professionnel.
Il y a une semaine, l’Atelier de l’Emploi pointait la responsabilité des chefs d’entreprise dans ce retard français : seuls 7% sont sur Twitter et 16% sur Facebook, pourtant figures de proue de la « Troisième révolution industrielle » et dont le potentiel en termes de connaissance des modes de consommation, notamment, est impressionnant. Comment convertir leur organisation au numérique et vaincre les réticences de leurs salariés s’ils ne connaissent pas un minimum les supports les plus populaires ?
Quelques jours plus tard, un article de Challenges vient confirmer les fortes réticences des dirigeants français dans l’utilisation de Twitter, l’outil numérique qui permet une communication directe, « desintermédiée » :
« Seuls six patrons du CAC 40 possèdent un compte sur Twitter : Henri Proglio (EDF), Ben Verwaayen (Alcatel-Lucent), Frédéric Oudéa (Societé Générale), Carlos Ghosn (Renault-Nissan), Gilles Schnepp (Legrand) et Jean-Paul Chifflet (Crédit Agricole). Et parmi ses comptes, beaucoup sont inactifs. C’est le cas notamment de Frédéric Oudéa et Gilles Schnepp (0 tweet), Carlos Ghosn (1 tweet), Jean-Paul Chifflet (2 tweets) et Ben Verwaayen (9 tweets). Seul Henri Proglio est assidu à son compte Twitter avec 333 messages écrits. »
Hors médias et Internet, très peu de vrais « Twittos » parmi les grands patrons
Selon l’enquête, ce sont surtout des dirigeants de médias et de l’Internet qui sont actifs sur Twitter. Très peu de patrons de l’industrie sont des « Twittos ». Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, confiait à Challenges les raisons de sa réticence : « les propos sont très nominatif, ce qui n’est pas sans risque ». Pour éviter de commettre des erreurs qui nuiraient à l’image – du dirigeant comme de l’entreprise, certains patrons rémunèrent ainsi des personnes pour gazouiller à leur place.
Puisque les craintes disparaissent souvent par l’exemple de pionniers, rappelons que, hors des médias et du web business, Françoise Gri (Présidente de ManpowerGroup France et Europe du Sud) utilise déjà Twitter de manière exclusivement personnelle, en prenant position et en s’engageant sur les sujets qui lui tiennent à coeur, tant professionnellement que personnellement. Son compte : @fgri.
Les dirigeantes, pionnières de la conversion des entreprises au numérique ?
D’autres femmes dirigeantes sont déjà très actives sur Twitter. On peut citer notamment :
- Laurence Parisot, patronne du Medef et ancienne PDG de l’IFOP : @LaurenceParisot
- Delphine Ernotte, Directrice Exécutive d’Orange France : @DelphineErnotte
- Dominique Reiniche, Présidente de Coca-Cola Europe : @D_Reiniche
- Sophie Reynal, chef d’entreprise et présidente d’HEC au féminin : @SophieReynal
Beaucoup d’entre elles prennent, notamment, personnellement position pour faire progresser la place des femmes dans l’entreprise. Souhaitons que ces exemples de grands patrons jouant intégralement le jeu d’une communication « horizontale » fleurissent. Dans ce domaine aussi, les role models sont déterminants du changement.