Publié la semaine dernière, le dernier Baromètre européen de l’innovation du Syntec Numérique révèle que, si les Français sont aussi bien équipés que leurs voisins européens en matériel informatique et logiciels modernes, l’usage des smartphones et des réseaux sociaux au travail est bien moins répandu en France que dans le reste de l’Europe. Méfiance, vous avez dit méfiance ?
Internet s’est largement installé sur le lieu de travail en Europe :
- plus de deux tiers des salariés (68%) sont connectés,
- presque la même proportion (64%) dispose d’une messagerie en ligne,
- plus de la moitié (57%) utilise du matériel informatique moderne.
Retard…
Mais en matière d’utilisation professionnelle des outils les plus récents, la France semble très en retard: moins d’un tiers (31%) des salariés français ont accès aux réseaux sociaux sur leur lieu de travail et seulement 8% possèdent un smartphone fourni par leur employeur. Le contraste avec les autres grands pays d’Europe est saisissant : en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, et même dans une économie profondément en crise comme l’Espagne, quelques 40% des salariés peuvent se connecter aux réseaux sociaux depuis leur bureau et plus de 20% disposent d’un smartphone professionnel.
Les employeurs français verraient-ils avant tout le numérique comme une distraction? Négligent-ils son utilité?
…ou liberté française ?
Quoi qu’il en soit, les réticences de salariés craignant de voir le travail envahir leur vie privée pourraient jouer un rôle dans ce retard : 59% des Français voient le smartphone professionnel comme une « menace » pour la distinction entre vie professionnelle et vie personnelle. Selon Bruno Vanryb, président du collège éditeurs du Syntec numérique, « les Français aiment l’innovation mais craignent qu’elle menace leur vie privée ». Il est tout de même étonnant que cette crainte ne soit pas partagée dans un pays comme l’Espagne, qui a longtemps connu la dictature.
Technologies au travail : un enjeu de management des usages
On aboutit ainsi à un paradoxe : alors que le développement du « Bring Your Own Device » (BYOD : l’usage professionnel par le salarié de son propre terminal de communication) est porteur de confusion entre la vie privée et le travail, la mise à disposition d’un téléphone mobile professionnel suscite les mêmes réticences que celles qu’elle est précisément sensée lever.
Des études du Centre d’analyse stratégique (CAS), en mars, et du Centre d’études de l’emploi (CEE), en juin, ont passé ces craintes au crible et aboutissent à la même conclusion : la technologie n’est pas un danger en soi ; c’est son usage, son management, qui fait d’elle un allié ou un ennemi du bien-être des salariés.
>>> Pour en savoir + :
- Télécharger le Baromètre européen de l’innovation (pdf) ;
- Lire l’article de l’Atelier de l’Emploi sur le rapport du Centre d’analyse stratégique : « La technologie n’est pas l’ennemie du bien-être au travail » (+ accéder au rapport) ;
- Télécharger le rapport du Centre d’études de l’emploi (pdf) : « TIC et conditions de travail. Les enseignements de l’enquête COI (Changements organisationnels et informatisation) »