D’ici 2015, 9 emplois sur 10 nécessiteront de maîtriser les nouvelles technologies. Les conséquences de cette nouvelle donne étaient au coeur du débat organisé à Rennes mardi par Agissons pour l’Emploi : le numérique redessine les compétences dans tous les secteurs d’activité. Demain, tous des geeks ? Pas réellement : puisque le geek est un spécialiste, si tout le monde le devient, plus personne ne l’est. Alors, la fin des geeks a-t-elle sonné ? Semaine de l’emploi nostalgique.
Samedi/Dimanche : Se refaire une beauté avant d’aller travailler ?
Faut-il être beau pour réussir au travail? rocheblave.com/avocat-montpel…
— Eric ROCHEBLAVE (@EricROCHEBLAVE) 18 février 2013
Finie, donc, la figure du geek « boutonneux buvant un soda derrière son écran » : nous serons tous geeks, et a fortiori, pas tous boutonneux ! Et cela tombe bien. Eric Rocheblave, juriste spécialisé dans les questions du travail, a beau rappeler qu’« aucun salarié ne peut être licencié en raison de son apparence physique », il énumère de nombreuses restrictions, autant de perles fournies par la jurisprudence : à certaines conditions, un salarié doit être bien habillé, bien coiffé, bien rasé, doit avoir une hygiène corporelle irréprochable, respecter le dress code de l’entreprise, éviter éructations et flatulences. Motifs de consolation : « une salariée ne peut pas être traitée de grosse vache » ni être forcée de recourir à la chirurgie esthétique, et peut même légalement « dégager des odeurs nauséabondes ». Rassurant.
Lundi : la fin – aussi – des SSII ?
Finies les #SSII ? #Syntec_Numérique proposera le 15 avril une nouvelle dénomination… Annonce de @guy_mm #g9plus #industrie — Catherine Moal (@CatherineMoal) 19 février 2013
Qui dit « fin des geeks » dit « fin des SSII », les Sociétés de service en ingénierie informatique ? Lors d’un débat organisé par l’institut G9+, la question a en tout cas été abordée. A l’horizon, les SSIN (ingénierie numérique) ou les ESN (entreprises de service numérique) ? Dans tous les cas, le glissement sémantique viserait à coller à la numérisation de l’ensemble des compétences, dans de plus en plus de secteurs d’activité.
Mardi : Heineken ne demande plus « pouvez-vous me donner une bonne raison de vous recruter ? »
http://www.youtube.com/watch?v=j5Ftu3NbivE&oref=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3Dj5Ftu3NbivE&has_verified=1
« Questions standards. Réponses toutes faites. Si les entretiens d’embauche sont tous les mêmes, comment trouver le bon talent parmi les 1 734 candidats ? » Heineken, pour parer au recrutement des « clones », ces profils similaires qui se multiplient à l’infini, publiait mardi « The Candidate », une vidéo retraçant l’embauche d’une nouvelle recrue, qui, après avoir passé un entretien pour le moins déroutant filmé en caméra cachée, découvre son succès… sur un écran géant d’un stade de foot. Toutes les entreprises ne peuvent se permettre de louer le Stade de France mais l’appel à l’innovation, lui, est audible pour les PME en quête de profils atypiques.
Mercredi : La friteuse, objet de la « nouvelle France industrielle » ?
La friteuse sans huile Actifry vantée par Oprah Winfrey est une innovation Made in France de Seb, fabriquée à Is-sur-Tille (21) en Bourgogne — Arnaud Montebourg (@montebourg) 19 février 2013
Le ministre du Redressement productif continue sa promotion du made in France. Alors qu’en Bretagne, Renan L’Helgoualc’h (de l’agence de développement Bretagne Développement Innovation), militait pour un renouveau de l’« ambition numérique », c’est sur le terrain industriel que le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg place le défi de l’innovation. Pour cela, il assure le spectacle en mettant des inventeurs à l’honneur dans la première édition d’une série de présentations intitulée « Les objets de la nouvelle France industrielle »… et en parlant friteuse sur Twitter. Quelques mots inspirés par la star de la télévision américaine Oprah Winfrey qui avait posé sur Instagram en compagnie d’une friteuse…made in Bourgogne. En fin de compte, deux ambitions industrielle et numérique pas nécessairement incompatibles : l’ère de l’Internet industriel, des « fertilisations croisées » et de centaines de nouveaux métiers est en ligne de mire.
Jeudi : Les geeks épistolaires
Le papier a (encore) de l’avenir. Loin des tweetclashs et autres hackings de compte Twitter qui renouvellent les formes de confrontation, c’est par lettres – rendues publiques – que se sont interposés cette semaine deux geeks de l’écriture : Arnaud Montebourg et Maurice Taylor, PDG du fabricant américain de pneus Titan International. Il est vrai que 140 caractères auraient été insuffisants, tant les deux hommes avaient de choses à se dire sur l’échec de la reprise de l’usine Goodyear. Dans son courrier, le « grizzli » – c’est son surnom – américain interroge notamment : « Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? », avant de conclure, provocateur : « Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens-Nord ». Incroyable mais vrai.
CONFIRMATION CHEZ MONTEBOURG CE N EST PAS UN FAKE #Goodyear : l’incroyable courrier du PDG de Titan à #Montebourg echo.st/540113 — Dominique Seux (@dseux) 19 février 2013
Une fois assurés de l’authenticité de la missive, les observateurs ont pu découvrir la réponse du ministre, dénonçant des « propos aussi extrémistes qu’insultants », sur fond de débat sur la productivité des salariés français et l’attractivité du pays. M. Taylor annonçant que « dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France », le blog Pertes et Profits met la France au défi : « La meilleure réponse qu’on puisse lui adresser, c’est de créer les conditions qui feront mentir sa prédiction ».
Vendredi : Le grizzli aboie (encore), les hirondelles passent
suisa NY ,loin de washington dc.Personne ne parle vraiment ici de Titan et de ce que son PDG a dit. Histoire made in France so far — LAURENCE HAIM (@lauhaim) 21 février 2013
Vendredi, l’échange continue. Le « clash » prend une tournure « made in France », Washington intervenant pour calmer le jeu, « le grizzli » – ancien chantre du « made in USA » – reprend la plume.
Les grognements du Grizzli ne doivent pas nous empêcher d’entendre le chant des hirondelles, aussi rares soient-elleslauer.blog.lemonde.fr/2013/02/21/air… — Stéphane Lauer (@StephaneLauer) 21 février 2013
Derrière ces grognements, il faut entendre le bruit des arbres qui poussent, ou le chant optimiste des rares hirondelles, nous invite – encore – Pertes et profits. Loin des oiseaux de mauvais augure, l’agence de notation Standard & Poor’s venait elle-même de reconnaître que « la France s’engage en faveur de la compétitivité pour la première fois depuis de nombreuses années ». Eclaircie à l’horizon?
>>> Les twittos de la semaine :
- @AgissonsEmploi
- @rocheblave
- @CatherineMoal
- @syntecnumerique
- @heineken
- @Oprah
- @montebourg
- @RLHelgoualch
- @BretagneBDI
- @Oprah
- @dseux
- @lauhaim
- @StephaneLauer