Le réseau social professionnel LinkedIn vient de créer un plug-in « Apply with LinkedIn » : d’un simple clic, le candidat peut transmettre automatiquement son profil aux recruteurs. Cette innovation a suscité nombre de commentaires enthousiastes, comme c’est souvent le cas en la matière : outils de communication interne et externe des entreprises mais, aussi, de recrutement, les réseaux sociaux ont le vent en poupe. On annonce même que Facebook supplantera les sites d’emploi en 2012. La démultiplication des possibilités de mise en relation offerte par les outils du web 2.0 ouvre en effet un champ de perspectives considérables.
A l’époque de la mondialisation du marché du travail, du développement des interconnexions et de la nécessaire diversification des profils, les réseaux sociaux paraissent riches de potentialités en matière de recrutement. Dans un contexte où les employeurs sont confrontés à des difficultés croissantes pour trouver les compétences et talents qu’ils recherchent, leur intérêt en la matière est même certainement amené à progresser -une étude réalisée par JobVite (pdf) s’intitulait d’ailleurs « l’ascension du recrutement social : alors que la chasse aux talents s’intensifie, les employeurs vont de plus investir dans le recrutement sur de multiples réseaux sociaux ». Le marché ne s’y trompe pas, puisqu’il connaît une expansion impressionnante (notamment en France, comme le montre l’infographie insérée en fin de ce billet, réalisée sur la base d’une enquête menée par RegionsJobs).
Dans le même temps, face à une certaine tendance apparemment favorable au « tout 2.0 », certains professionnels des RH s’attachent à tempérer l’enthousiasme et des réactions de méfiance se sont développées –au point qu’un récent ouvrage invite les entreprises à fuir les réseaux sociaux. L’étude menée par Symantec dans le monde entier ne manquera pas de les alimenter, puisqu’elle montre qu’ils ont indirectement coûté 4 millions de dollars en moyenne aux grandes entreprises.
Les bénéfices à attendre du recours à ces outils doivent donc être examinés très rigoureusement par les entreprises avant de définir une stratégie de « recrutement 2.0 ».
Or, une enquête menée par Right Management (filiale de ManpowerGroup) montre que, aux Etats-Unis, seulement 4% des personnes interrogées ont trouvé un emploi sur les seuls réseaux sociaux. En France, une étude récente évaluait ce taux à seulement 1% et Flavien Chantrel, chargé de projet Web communautaire de RegionsJob, interviewé par Le Monde, souligne que « les candidats à l’emploi sont assez sceptiques sur l’utilité des réseaux sociaux à des fins professionnelles » alors que, chez les recruteurs, moins d’un sur cinq (19 %) estiment que les réseaux sociaux constituent un moyen important de trouver des candidats.
L’enquête de Right Management révèle que le « networking traditionnel » reste le meilleur moyen de trouver un emploi : parmi les quelques 60 000 personnes interrogées (clients de RightManagement ayant été en situation de transition professionnelle dans les trois dernières années), 41% ont été mis en relation avec le contact qui les a amenés vers leur nouvel emploi via cette méthode traditionnelle.
« D’une année à l’autre, les statistiques montrent que le networking traditionnel est près de deux fois plus efficace que n’importe quelle autre méthode de recherche d’emploi », rappelle Carly McVey, Vice-président du management de carrières chez Right Management. L’explication est simple, selon lui : « on tend à faire confiance aux personnes que l’on rencontre » physiquement. C’est pourquoi Hervé Bommelaer (auteur d’un livre sur le sujet) affirme que « le réseau constitue 80% des « chances de trouver LE bon job » en France.
Il ne s’agit pas d’opposer les outils du web 2.0 au recrutement « traditionnel » : « les réseaux sociaux servent à prolonger le réseau personnel. Ceux qui utilisent les réseaux sociaux sont également plus actifs sur les autres plates-formes de recrutement », indique Flavien Chantrel. D’ailleurs, en 2ème position de l’enquête de RightManagement viennent les sites d’emploi, qui ont permis à une personne sur quatre de trouver un travail ; une autre étude, menée par CareerXroads, aboutissait à la même conclusion tandis que, en France, l’enquête de RegionsJob révèle que, utilisés par 97 % des candidats, il demeurent les principaux supports de recherche.
Comme le e-learning n’a pas vocation à supplanter les formations en présentiel mais doit être vu comme un complément, les réseaux sociaux sont un élément d’une stratégie de recrutement parmi d’autres. Si leur intérêt est potentiellement grand en la matière, car ils permettent à la fois de toucher un grand nombre et de cibler les recherches, les entreprises qui souhaitent y recourir doivent éviter de ne considérer que l’intérêt du « rafraîchissement » de leur marque employeur si elles veulent éviter les pertes de temps, d’énergie et d’argent.
Source : Mode(s) d’emploi – RegionsJob