Les évènements récents au Moyen-Orient et au Maghreb ont mis en évidence le rôle politique des réseaux sociaux : dans des pays où font défaut des forces politiques d’opposition organisées, Internet a permis la création et la mobilisation de communautés réunissant les porteurs de valeurs communes, par-delà l’espace physique et les barrières sociales.
Dans le domaine des ressources humaines, ce phénomène s’exprime par le biais d’autres réseaux, spécialisés : les réseaux professionnels. Les trois leaders du secteur, l’américain Linkedin, le français Viadeo et l’allemand Xing, se partagent un marché en pleine expansion, qu’investissent des nouveaux acteurs comme BranchOut ou Cubeduel. Ces outils permettent de mettre en contact, par-delà les frontières, les talents les plus divers avec les partenaires dont ils ont besoin et les entreprises qui les recherchent.
Bien sûr, ils ne remplacent pas l’expertise du spécialiste du recrutement : l’information reste succincte, et doit être vérifiée et interprétée. Mais ils peuvent démultiplier son efficacité, l’aider à accéder à des bassins de compétences virtuels, et l’assister dans sa tâche de rapprochement de l’offre et de la demande de talents. De fait, aujourd’hui, l’expert en recrutement, qu’il s’adresse au candidat ou à l’entreprise, intègre généralement un volet « identité numérique » et « réseaux ». Après une phase d’euphorie où l’on attendait tout des outils Internet, on en vient à une certaine maturité, exprimée récemment, parmi bien d’autres exemples, sur ce blog spécialisé pour le point de vue « candidat » : les réseaux sociaux sont des outils au service d’une stratégie.
Aujourd’hui, Linkedin, avec ses 90 millions d’inscrits, s’apprête à entrer en bourse, et à s’implanter sur le marché français, où il compte 2 millions d’internautes. Viadeo (35 millions de contacts au total) continue à dominer celui-ci, avec 4,5 millions d’inscrits français, tout en se développant vers l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Sud. Le leader hexagonal s’est implanté à San Francisco, tout en envisageant également une entrée en bourse à Hong Kong. La stratégie de ces entreprises est donc celle de tous les acteurs d’un marché en développement rapide : grandes manœuvres, alliances internationales, investissements dans le développement, innovation à tout crin, et vigilance par rapport aux « petits nouveaux » qui peuvent changer la physionomie du secteur en un temps record.
Alors que, selon l’Union internationale des télécommunications, le nombre de Terriens connectés a dépassé les 2 milliards en 2010, et que 71% de la population des pays développés a accès à Internet, on mesure la considérable marge de progression du marché des réseaux professionnels. Un marché qui s’intègre dans celui, beaucoup plus large, de la circulation planétaire des talents.