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Emploi : la métropole lilloise, entre chômage et mutations économiques (1/2)

12,1% de chômeurs en 2014 contre 11,7% en 2010. Ces pourcentages, plus élevés que la moyenne nationale, s’expliquent par les nombreux bouleversements économiques auxquels est confrontée la métropole lilloise.

Si la situation est difficile, l’agglomération s’en tire néanmoins mieux que d’autres, comme Lyon ou Bordeaux : la démographie et le bassin d’emploi sont en progression, mettant la région relativement à l’abri de la situation conjoncturelle.

Lille, capitale des Flandres et ancien bastion industriel

Avec plus de 228 000 habitants, Lille est au cœur de la Métropole Européenne de Lille (MEL) qui regroupe également Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d’Ascq. Transfrontalière avec la Belgique, elle fait partie de l’Eurométropole Lille Kortrijk Tournai, le premier groupement européen de coopération territoriale.

[encadre]Dans les années 70, la métropole lilloise a du relever le défi de la reconversion industrielle. Aujourd’hui, les activités industrielles traditionnelles ont quasiment disparu et l’industrie textile, qui a longtemps été un moteur économique important dans la région, ne représente plus que 350 emplois.

Pour Franck Lavogez, Directeur de Région Nord chez Manpower France, le constat est à nuancer si l’on regarde la globalité de la région, de la Haute-Normandie à l’Alsace : « Le marché global de l’industrie connaît une croissance de 5 % et Manpower de 10 %, soit deux fois plus que le marché ». « L’industrie automobile avec les constructeurs français implantés dans la région Nord ont besoin de flexibilité au travail et ont donc recours au marché de l’emploi temporaire. L’autre secteur florissant est celui de l’aéronautique. On note aussi les bonnes performances de l’industrie ferroviaire, soutenue par les résultats d’acteurs majeurs du secteur comme Alstom ou Bombardier, qui sont en suractivité. »

De son côté, le bassin lillois est également réputé pour son dynamisme dans le secteur de la vente par correspondance. L’arrivée des nouvelles technologies et l’évolution des modes de consommation a entraîné de profondes mutations du secteur et la disparition de nombreux emplois. Longtemps porté par les géants La Redoute et 3 Suisses, la VPC doit aujourd’hui réinventer son modèle économique.

« OVH a remplacé La Redoute »

Pour Eric Vanhuysse, directeur du Comité de Bassin d’Emploi Lille Métropole,  l’émergence de secteurs comme le numérique ou la santé permet en quelque sorte de contrebalancer les pertes d’emploi subies dans l’industrie ou la VPC : « Au risque d’être un peu caricatural, on pourrait dire que l’hébergeur de sites Internet OVH a remplacé La Redoute… » OVH prévoit d’ailleurs de créer 1 000 emplois à Roubaix. Installé en juin 2013, IBM a également recruté plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de jeunes diplômés. De nombreux centres d’appels s’établissent aussi dans la région et recrutent des profils divers.

« Le nombre de recrutement progresse d’années en années », assure le directeur du CBE en insistant sur le fait que la montée du chômage est proportionnellement moins importante à Lille que sur l’ensemble du territoire.

Assez paradoxalement, certains secteurs connaissent pourtant de réelles difficultés de recrutement. C’est le cas dans les services à la personne (aides à domicile, personnel de ménage…). Les entreprises évoquent un manque de motivation et d’expérience des candidats incompatible avec leurs impératifs de compétitivité. Dans un rapport publié en 2011, le CBE expliquait ces difficultés par une disproportion entre les efforts et diplômes exigés par les entreprises et les salaires et conditions de travail proposés.

www.ubikwit.net sur Flickr.com

Un déficit d’attractivité problématique

Le dynamisme du pôle d’enseignement lillois permet d’attirer de nombreux étudiants des régions voisines, qu’elles soient françaises ou frontalières, mais l’agglomération reste déficitaire en jeunes actifs. Une fois leurs études terminées, les jeunes ont tendance à partir pour trouver un emploi, souvent dans la région parisienne ou dans le sud ou l’ouest de la France. Parmi ceux qui travaillent à Lille, beaucoup choisissent de vivre un peu à l’écart, dans un environnement mois urbanisé et moins coûteux. Le problème est similaire dans la fonction publique : de nombreux jeunes fonctionnaire démarrent leur carrière dans le Nord-Pas-de-Calais, où les postes sont plus faciles à obtenir, pour ensuite retourner dans leur région d’origine.

Attirer des populations et des revenus supplémentaires est donc un véritable enjeu pour la métropole. Pour Eric Vanhuysse, c’est bien sûr une question de création d’emploi mais aussi d’amélioration du cadre de vie grâce au développement d’une offre de qualité, qu’elle soit culturelle, touristique, ludique, naturelle… Le directeur du CBE recadre néanmoins le débat : « On ne peut pas raisonner comme il y a 20 ans. Aujourd’hui, la mobilité est un levier qui est mis en avant dans le cadre des études alors il ne faut ni s’étonner ni se heurter que les gens bougent. Il ne faut pas être malthusien : il faut savoir attirer les gens mais aussi les laisser partir. »

Une économie diversifiée qui permet d’absorber les chocs

Jean-Noël Dollé sur Flickr.comDans la métropole lilloise, comme partout ailleurs, les évolutions sociétales et technologiques ont eu un impact conséquent. Les créations d’emploi ne se font plus uniquement dans un ou deux secteurs majeurs comme l’industrie ou la VPC mais dans de nombreux domaines. C’est un atout pour la région: la diversification de l’économie rend le marché du travail plus souple et flexible. Concrètement, si un secteur rencontre des difficultés, cela ne créera pas de déséquilibre général. « La consommation peut relayer l’atonie du commerce extérieur », résume Eric Vanhuysse. Avec cependant un bémol, visible du côté du recrutement : « Cette diversification emmène avec elle un sourcing plus varié. Les contacts directs sont moins présents qu’avant. En résumé, il y a mois de visibilité pour les populations, qui il y a quelques années encore savaient que telles ou telles grandes entreprises recrutait, et quels types de profils ».

La restructuration du tissu industriel lillois a pu se faire grâce à l’ouverture de nouveaux pôles de compétitivité, appuyée par les politiques publiques. La métropole est d’ailleurs engagée dans l’initiative de la région Nord-Pas-de-Calais et de la CCI qui vise à structurer de nouvelles émergences d’activité et d’emplois autour de la transition énergétique et écologique… Une 3ème révolution industrielle qui devrait être salutaire en termes d’emploi.

Suite de l’article : Comment le bassin d’emploi lillois répond à la crise et à l’évolution des secteurs d’activités (2/2)

Crédits images : Bruno Parmentierwww.ubikwit.netJean-Noël Dollé / Flickr.com / Licence CC BY-NC-ND 2.0

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