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Les nouveaux anglicismes du monde du travail

« Désolé, je vais passer un call dans l’open-space parce que j’ai oublié de booker une salle et que je suis un peu speed : je dois finir de relire un reporting avant de lancer les invitations du prochain job dating ». Si l’on se moque du franglais du monde de l’entreprise, on se rend vite compte que nous sommes, nous aussi, tombés dedans. Et le monde des ressources humaines n’est pas le moins bien loti en la matière.

5 anglicismes récents du monde du travail

Êtes-vous aussi à l’aise avec le « street sourcing » qu’avec le « job crafting » ? Le « quiet quitting », le « quiet firing » et le « brown-out » ont-ils encore des secrets pour vous ? Décryptage de ces concepts émergents.

  • Le « street sourcing » ou le recrutement de rue

Ce mode de recrutement va à la rencontre de potentiels candidats dans l’espace public. Le recruteur se rend, en effet, dans un endroit très fréquenté comme une place, une rue piétonne ou un centre commercial pour démarcher des passants et leur proposer un emploi. Il peut ainsi toucher un maximum de personnes et provoquer des rencontres spontanées. Lorsqu’une personne confirme être à la recherche d’un emploi, elle peut ensuite remplir un questionnaire, laisser ses coordonnées et être rapidement contactée pour participer au processus de recrutement. Cette méthode est particulièrement efficace dans un contexte de pénurie des talents.

  • Le « brown-out » ou la baisse de tension

Moins connu que le « burn-out », le « brown-out » est un nouveau risque psychosocial. Cette souffrance est étroitement liée à une perte de sens au travail. En effet, le collaborateur ne comprend plus son rôle dans l’entreprise, ne voit plus l’utilité de sa fonction, voire de son métier. Il continue à effectuer ses tâches, mais mécaniquement et sans motivation car il a perdu de vue leur finalité. Si rien n’est fait, le « brown-out » peut générer du désengagement et de l’épuisement. Pour le prévenir, le management doit s’adapter en proposant notamment plus de flexibilité, attente forte des talents.

  • Le « job crafting » pour remodeler son travail

Il permet au collaborateur de façonner son poste pour devenir artisan de son épanouissement au travail. Apparu aux Etats-Unis il y a plus de 10 ans, le « job crafting » gagne du terrain en France. Son principe ? Faire travailler les talents sur les marges de manœuvre possibles dans leur fiche de poste pour que ce dernier corresponde mieux à leurs valeurs, aspirations et compétences. Quels sont les leviers possibles ? L’un d’entre eux est de changer la façon de travailler, l’organisation ou la répartition du temps. Facile à améliorer, l’environnement de travail peut aussi créer du bien-être. Végétalisation, luminosité, salle de repos… Si vous avez sûrement des idées, vous pouvez aussi laisser émerger les initiatives.

  • Le « quiet quitting » ou la démission silencieuse

Faire le « strict minimum » au travail, juste assez pour ne pas être accusé de faute : voici le principe du « quiet quitting ». En pratique, il se traduit notamment par le fait de ne pas dépasser les horaires prévus, de ne plus accepter de responsabilités ou de tâches supplémentaires… Le « quiet quitting » est un renoncement au culte de la performance, à l’idée de se surpasser au travail au risque de négliger sa vie personnelle. Il est une conséquence du basculement du monde du travail qui s’est accéléré avec la crise sanitaire : recherche d’un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle, volonté de préserver sa santé mentale, etc. Dans ce contexte inédit, certains collaborateurs ont décidé de ne pas démissionner, mais de ralentir la cadence pour préserver leur bien-être. Plutôt que d’être générationnel, des études ont montré que le « quiet quitting » est surtout une affaire de personnalité.

  • Le « quiet firing » ou le licenciement silencieux

Le « quiet firing » relève, quant à lui, de l’employeur et des managers. Il repose sur le fait d’attribuer aux collaborateurs démotivés des tâches peu stimulantes, à faible valeur ajoutée, au risque de les « mettre au placard ». Le « quiet firing » est, en fait, une mauvaise réponse apportée à un collaborateur désinvesti car il peut créer un cercle vicieux : un talent qui ne se sent pas valorisé et impliqué se désengagera encore plus et pourra embarquer toute l’équipe dans son décrochage.

Les anglicismes dans les RH : une histoire qui dure

« C’est à la fin des années 90 et au début des années 2000 que, parallèlement à un processus accéléré de mondialisation des échanges, l’anglais fait véritablement son entrée dans le quotidien du salarié français moyen », explique Jérôme Saulière, auteur d’une thèse sur le sujet. Il relève que précédemment « l’anglicisation du monde du travail demeurait très anecdotique […] et ne concernait qu’une poignée de salariés travaillant à l’international ».

Si le franglais est d’abord présent dans l’univers du marketing, de la communication et de la publicité, il touche rapidement les RH. Du « sourcing » au « reporting » en passant par l’« onboarding », l’anglais fait désormais partie de notre vocabulaire quotidien. Sa diffusion a été favorisée par l’exportation des méthodes de travail de la Silicon Valley avec leur lot de « to-do list », « feedbacks », « brainstorming », « flex office », etc. Face au développement du franglais dans les entreprises, les avis et analyses divergent : appauvrissement de la langue française, ancrage dans l’économie mondiale, dynamisme.

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