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Les Français plongeront dans la mondialisation s’ils ne craignent plus de s’y noyer

Le mois de septembre verra se réunir les ministres du Travail du G20. La première priorité du gouvernement français en la matière vise à « favoriser l’emploi des jeunes et des plus vulnérables » ; cette ambition se comprend, alors qu’avec les délocalisations, la crainte du « plombier polonais », l’avènement de la Chine ou la désindustrialisation de la France, l’effacement des frontières et les mutations du monde contemporain sont sources d’angoisses.

C’est pourquoi les résultats d’un récent sondage portant sur la perception de la mondialisation par les salariés ont reçu certains échos positifs, en ce qu’ils montraient que le repli protectionniste n’était pas souhaité et que les opportunités offertes par la mondialisation étaient connues. Cependant, ce sondage confirmait également des craintes fortes sur les situations qui touchent personnellement les salariés :

  • les 3/4 des salariés (74%) considèrent que la mondialisation menace les emplois en France ;
  • une étude plus détaillée des réponses montrait une écrasante majorité (72%) d’opinions négatives quant à l’impact de l’élargissement de l’Union européenne (UE) sur les emplois en France.

Dans le contexte d’un inquiétant taux de chômage qui persiste autour de 10% de la population active (9,2% actuellement) et de la mondialisation des crises, la concomitance se transforme souvent, dans les discours, en lien de causalité : la mondialisation serait coupable. Pourtant, l’accusation ne résiste pas à l’analyse : le taux de chômage des pays développés n’a pas augmenté sous l’effet de la mondialisation:
les destructions d’emploi annuelles liées à l’influence du commerce international entre 2000 et 2005 s’élèveraient à 36 000 contre 41 000 créations.

Comment comprendre que, contre les enseignements des fais, l’idée d’une mondialisation destructrice d’emplois persiste ? Une clé d’explication pourrait être trouvée dans le phénomène très médiatisé des délocalisations, conséquence directe de la mondialisation. Pourtant, nous l’avons vu, « un cinquième seulement des externalisations correspondent à des délocalisations .

Doit-on emboîter le pas du chercheur canadien Timothy B.Smith qui, dans un chapitre de la France injustesur « la mondialisation, bouc émissaire des problèmes économiques et sociaux de la France », dénonçait « la trahison des intellectuels » ? Sans aller jusque-là, il paraît évident que, et comme il est indispensable de faire la pédagogie de la diversité culturelle, les employeurs et les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans une meilleure compréhension de la mondialisation.

Pour ce faire, il serait contreproductif de traiter les craintes par le mépris ou un déni reposant sur la froideur des chiffres. En effet, face à des angoisses, il faut savoir faire preuve d’empathie -surtout que celles-ci ne sont pas dénuées de tout fondement rationnel : une analyse d’experts de l’OCDE insistait d’ailleurs sur le fait que « si l’incidence de la mondialisation sur les suppressions d’emplois est souvent exagérée, elle existe cependant, et les pouvoirs publics doivent donc chercher à renforcer la capacité du marché à s’ajuster ». D’autant que, on ne peut le nier, « certains emplois des pays de l’OCDE (dans le secteur industriel notamment) disparaissent à cause de la concurrence internationale grandissante, des implantations à l’étranger ou d’autres pressions exercées par le marché international ».

Ainsi, « il ne s’agit pas de sous-estimer les préoccupations quant aux licenciements, bien légitimes. Pour ceux qui sont affectés, une délocalisation est une dislocation. Perdre son emploi peut être traumatisant, et la perspective seule du changement peut angoisser et perturber des individus, des familles et des collectivités entières. Même lorsqu’un travailleur licencié trouve un nouvel emploi, la transition reste une rude épreuve. […]

Une chose est sûre : l’ouverture des marchés entraîne certains dérèglements sur les marchés du travail, et des politiques doivent être mises en place pour aider les travailleurs qui en sont victimes et augmenter leurs chances de retrouver un emploi. En un sens, les travailleurs accepteront de plonger dans le courant de la mondialisation si les pouvoirs publics prennent les mesures nécessaires pour les empêcher de s’y noyer. »

C’est la raison pour laquelle l’Atelier de l’Emploi s’est récemment penchée sur la nécessaire sécurisation des parcours professionnels. C’est aussi pour cela que plusieurs prochains billets traiteront des rapports entre mondialisation et emploi et des opportunités que l’Europe et la France doivent saisir pour que le mouvement de globalisation soit plus perçu comme une chance à saisir que comme une menace. Alors que les 16-30 ans se montrent particulièrement optimistes quant à leur propre avenir (à 76%) et que, malgré un contexte économique peu favorable, plus des trois quarts d’entre eux pensent réussir sur le plan professionnel, il semble opportun d’alimenter la confiance en l’avenir –sans laquelle rien n’est possible.

>>> Pour en savoir +

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