Le chômage, en hausse depuis 19 mois, est la première préoccupation des Français. L’inversion de sa courbe, priorité du gouvernement, serait pour eux « la meilleure nouvelle » de 2013 (loin devant la fin de la crise de la zone euro, et, surtout, devant la hausse du pouvoir d’achat). C’est ce que révèle un sondage Journal du Dimanche-IFOP.
Mais seulement 1 Français sur 4 pense que l’objectif peut être atteint. Le chômage est bel est bien « la grande peur » de l’année, à raison selon la plupart des économistes.
Premier obstacle : l’absence de croissance. L’économie française, au point mort, va inéluctablement détruire des emplois. L’Insee anticipe 75.000 destructions d’emploi d’ici juin. Le nombre de chômeurs atteindrait un record absolu avant l’été, dépassant la barre historique des 3.205.300 – atteinte en janvier 1997. Il est entendu que les premiers mois de l’année vont être très durs.
Pour l’économiste Eric Heyer, le seul espoir de rebond repose sur d’éventuels « accords dans le secteur privé concernant le chômage partiel » – un dispositif qui a prouvé son efficacité en Allemagne. Mais du côté de l’Élysée et de Matignon, on s’appuie sur les prévisions de l’Unédic (en charge de l’assurance-chômage), qui voyaient la courbe s’inverser en fin d’année :
« En 2013, la hausse des inscrits en catégorie A à Pôle emploi ralentirait. En effet, d’une part la baisse de l’emploi affilié à l’assurance chômage serait atténuée par une hausse de l’emploi dans le secteur non marchand, notamment du fait des contrats d’avenir annoncés par le gouvernement. D’autre part, l’élargissement des possibilités de départ à la retraite à 60 ans dès 2013 entraînerait une diminution de la population active sur cette période. »
Parce que les inquiétudes sont vives et fondées, le gouvernement a fait de la bataille pour l’emploi le grand marqueur de sa rentrée la semaine dernière. Le Conseil des ministres, une réunion à l’Élysée et deux à Matignon ont montré un gouvernement focalisé sur ce sujet. « Il est important de tendre le ressort à ce moment de l’année et de mobiliser les ministres qui ne sont pas en première ligne, car on sait que la situation va se détériorer », explique l’Élysée au JDD. « La cohérence de notre action, c’est l’emploi », témoigne un participant. Le Premier ministre Jean- Marc Ayrault demande à chaque membre de son équipe de prendre des initiatives et de « se déployer » pour mettre en oeuvre les mesures déjà lancées.
Les 100.000 emplois d’avenir et les contrats de génération, qui seront examinés à l’Assemblée nationale à partir du 15 janvier, ajoutés aux autres contrats aidés, devraient en principe compenser l’évolution de la population active (près de 120.000 personnes supplémentaires devraient entrer cette année sur le marché du travail : étudiants en fin de cursus, inactifs voulant retrouver un poste, etc.).
« Cela fait trente ans que nous vivons un chômage de masse. C’est compliqué pour les citoyens d’imaginer que notre engagement sera atteint. Mais nous sommes convaincus que nos mesures vont produire des effets », explique l’entourage du Premier ministre au JDD. Le gouvernement espère aussi que la réforme du droit du travail créera « un choc psychologique sur les embauches ». Les syndicats et le patronat se réunissent jeudi pour tenter de conclure leur négociation sur le sujet. Vont-ils réussir à conjurer « la peur du licenciement pour les travailleurs, la peur de l’embauche pour les employeurs » ? Le sujet paraît primordial : « Il faut mettre le bateau France dans le sens du courant quand la vague de la croissance reviendra ». Il s’agit donc surtout d’anticiper la reprise pour être prêt à (re)bondir.
« On peut lutter dès à présent et concrètement contre le chômage en faisant mieux se rencontrer recruteurs et demandeurs d’emploi. » Parce qu’il y a urgence, la Fondation ManpowerGroup et Pôle Emploi ont décidé de se mobiliser sans attendre en lançant l’opération « Agissons pour l’emploi » : des solutions locales au chômage dès aujourd’hui, et pour demain. Les 5, 12, 19 et 26 février à Toulouse, Marseille, Rennes et Paris, seront organisés, en un même lieu et le même jour, des job-datings originaux et des rencontres entre responsables politiques, experts et chefs d’entreprise locaux.
>>> Pour en savoir +
- L’article du Journal du Dimanche
- Le sondage
- Les prévisions de l’INSEE
- Les projections de l’Unédic
- Agissons pour l’Emploi : description du projet. Site web : www.agissonspourlemploi.fr