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Fablabs : Marx attaque ?

« Tous créateurs » : vers un renouvellement de la production

The Economist consacrait en avril dernier un dossier spécial à la « Troisième Révolution industrielle », titre d’un ouvrage de Jérémy Rifkin qui considère notamment que l’économie et le travail sont radicalement transformés par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. L’hebdomadaire britannique présentait même l’imprimante 3D comme une invention qui précipiterait la fin du travail tel que nous le vivons.

L’imprimante 3D, c’est un outil de « prototypage » rapide assisté par ordinateur est bien éloigné de son ancêtre de bureau.  S’il utilise des buses similaires à celles des imprimantes classiques, « l’encre » utilisée peut prendre la forme de cire, de métal, de plastique et, même, de matières alimentaires ; ce qui  permet de produire des objets bel et bien réels.

Cette invention s’inscrit dans le contexte du passage d’un modèle de production standardisée à celui de la customisation, c’est-à-dire la personnalisation à l’extrême des biens de consommation. Ce changement permettrait à chacun de redevenir « maître » de sa production et de libérer tout son potentiel, notamment en faisant de plus en plus place à la créativité. Avec des inventions telles que l’imprimante « 3D », les concepts de  lieu de travail et de salarié pourraient devenir obsolètes, la mobilité et l’autonomie deviendraient alors la norme.

Sur le papier, l’imprimante 3D a tout pour plaire mais dès lors qu’on pose la question de son coût, l’enthousiasme retombe légèrement. Et à raison ! L’outil est onéreux mais s’est imposé dans les Fablabs, ces nouvelles coopératives de l’innovation dont on commence à beaucoup entendre parler. Et qui dit coopérative dit achat en commun de ces machines de demain.

Les Fablabs : se regrouper pour gagner en autonomie ?

Si l’imprimante 3D a autant suscité l’intérêt de The Economist, c’est parce qu’elle repose sur l’objectif d’une production autonome. On pourrait du reste avancer que « tout faire soi-même » est le fer de lance de la génération qui se lance aujourd’hui sur le marché du travail.

Dans ce contexte, les alternatives à la standardisation se répandent, notamment au sein des Fablabs. Ces Fabrication Laboratories sont des ateliers où des machines-outils pilotées par ordinateur sont mises à la disposition d’indépendants, auto-entrepreneurs ou professions libérales – architectes ou designers par exemple. Parmi ces machines, l’imprimante 3D occupe souvent une place de choix. Ce matériel est coûteux, mais acheté en commun il permet aux  jeunes créateurs de lancer concrètement leur activité.

Collaboration, partage, échange de bons procédés : la dynamique fablab transforme non seulement les modes de production, mais aussi le travail au quotidien. Dans les Fablabs se rencontrent toutes sortes de professionnels, inventeurs de génie, bricoleurs chevronnés et néophytes curieux.

Le concept est né il en 2004 au sein du MIT (Massachussetts Institute of Technology) sous l’impulsion du professeur et directeur du Centre des Bits et Atoms du MIT, Neil Gershfeld. A l’époque, il s’agissait d’imaginer des solutions pour produire autrement. Il était aussi question de raccourcir le chemin reliant une idée à sa matérialisation en objet.

Les FabLabs en France
Carte l’Usine nouvelle

Les grandes villes européennes lui ont ensuite emboîté le pas : les Pays-Bas puis la Scandinavie et, enfin, la France (en 2010, avec un 1er fablab à Toulouse) et l’Espagne. En France, on recensait en 2012 dix FabLabs existant, et huit en projet.

D’après Niel Gershenfeld,  on entrerait dans l’ère de la « fabrication personnelle », qui dépasse la simple addition d’outils mécaniques pour s’inscrire dans « un système complètement intégré ». Un fonctionnement qui se suffirait à lui-même : le rêve de tout créateur qui se veut démiurge… ou de n’importe quel individu assez bricoleur. Exemple : si vous cassez une pièce de votre lave-vaisselle, vous téléchargez sur Internet les plans de la pièce en question et vous utilisez l’imprimante 3D du FabLab pour la recréer à l’identique. Simple comme un jeu d’enfant ? Oui, à condition d’avoir quelques connaissances de base et de bons guides. C’est tout l’intérêt des fablabs. Venez comme vous êtes, avec vos points forts et vos lacunes ; il y aura toujours une personne plus experte que vous pour vous aider !

Les Fablabs et des inventions aussi révolutionnaires que l’imprimante 3D annoncent-elles la fin de  l’usine traditionnelle ?  Pas sûr. Les FabLabs sont des lieux fréquentés par des auto-entrepreneurs ou des bricoleurs ambitieux mais ne permettent pas une production de masse. Leur objectif n°1 est de se passer des cycles de productions traditionnels : on est loin d’une très grande ambition industrielle. Quant à l’imprimante 3D, étant donné son coût d’acquisition, elle n’est pas prête de remplacer les machines traditionnelles dans nos usines. Mais il est certain que, dans cette « troisième révolution industrielle » – qui n’a d’industrielle que le nom -, les méthodes de production et la notion de « lieu de travail » sont bouleversées et les jours du fordisme sont bel et bien comptés.

 

Illustrations :

  • FabLab par TonZ, flickr, licence CC
  • « The Modern Times », film de Charlie Chaplin (1936)
  • Imprimante 3D UP+ par pierre-alain dorange, flickr, licence CC
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