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Semaine de l’emploi #16 : ils arrivent…

À Davos, l’élite mondiale, insensible au chaos de l’emploi, vivrait sur une autre planète. Au sens propre : les discussions ont sérieusement évoqué la cause extraterrestre cette année… Pour autant, si les petits hommes verts n’arrivent pas (a priori), d’autres bouleversements sont sur notre route, de Toulouse au Nigéria : restructuration de nos économies, nouvelle géographie de l’emploi, démographie mouvante. N’attendez plus… Ils arrivent.

A Davos, les extraterrestres plus que les chômeurs ?

Cette semaine, les discussions autour du forum économique mondial de Davos, clôturé dimanche dernier, ont continué à irriguer les réseaux sociaux. L’une des préoccupations majeures ? Davos serait totalement aveugle à la situation mondiale chaotique de l’emploi, relaye le journaliste Henri Gibier. Oubliant le chômage, Davos, pour la radio La Voix de la Russie, aurait même parfois pris les allures d’un « scénario d’un film de science-fiction ». Non en raison de projections économiques surréalistes, mais bel et bien à cause de certains débats pour le moins surprenants, portant par exemple sur la difficulté à diffuser les progrès de la neuriobologie à tous : s’il est « possible d’améliorer le fonctionnement du cerveau et de la mémoire en incorporant dans l’organisme des capteurs électroniques », comment éviter que certains deviennent des super-héros, et pas d’autres ? La cause extraterrestre a aussi sérieusement été évoquée, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev  se fendant d’un « je ne vais pas vous dire combien ils sont parmi nous, cela provoquerait la panique », savoureux pour qui chasse l’alien.

Vitré : + 22.6% sur un an
Vitré : + 22.6% sur un an

Davos, pourtant, n’a pas oublié le chômage, en particulier des jeunes. Mais les attentes sont fortes, et les impatiences (supprimer le mot « race » de la Constitution, ce serait négliger l’emploi), compréhensibles : la peur de voir les sujets de société préempter les problèmes économiques s’explique par la profondeur de la crise. Le chômage touche même des zones d’emploi jusque-là préservées, analyse Jean-Baptiste Chastand, comme le symbolique bassin breton de Vitré, jadis « pays du plein emploi ».

Françoise Fressoz, dans son 19 heures, l’assène donc : « rien ne fera oublier le chômage », ni le mariage pour tous, ni la guerre au Mali. Pour elle, toute la difficulté de cette année 2013 sera non pas de comprendre, mais de proposer.

Solution n°1, résoudre les difficultés de recrutement et pénuries de talents. Même sans croissance, ce sont des gisements d’emploi inexploités sur lesquels il faut capitaliser… pour relancer la croissance. Pôle Emploi et la Fondation ManpowerGroup se mobilisent : « agissons pour l’emploi » !

Le Nigéria, nouvelle usine du monde ?

Le journaliste Philippe Mabille était inside Davos pour La Tribune. Pour analyser (la sortie de crise, la guerre des monnaies), mais aussi pour écouter les bruits de couloir. Ambiance. Sanusi Sanusi Lamido, qui n’a pas sa langue dans sa poche, discute avec Yi Gang. Le deuxième dit au premier que la Chine va connaître une troisième révolution et est en train de devenir une économie de service. Il n’a certainement pas vu le diaporama de Paris Match : de Shanghai à Pékin, la Chine étouffe, en raison, disent les rumeurs« d’une intense activité industrielle à l’intérieur et l’extérieur des villes ». Mais Yi Gang disperse le brouillard en évoquant la montée des salaires en Chine, et Sanusi Sanusi Lamido parle du « transfert à venir, vers l’Afrique (et il l’espère le Nigeria), de l’usine du monde ». Le gouverneur de la banque centrale du Nigéria et vice-gouverneur de la Banque Centrale chinoise auraient-ils un temps d’avance?

Les femmes dans les rues, les Bulgares chez eux

C’est qu’à Davos, on a parlé de ce mouvement de relocalisations, balbutiant en France comme aux États-Unis : la Chine perdra son rôle d’atelier du monde. Mais si nous n’avons encore rien vu du nouveau monde, la désindustrialisation frappe pour l’heure à nos portes. Toulouse, première étape de la tournée Agissons pour l’emploi, voit la vie en rose, mais n’échappe pas à la règle : l’usine Motorola est en passe d’être fermée, et… les noms de rue se féminisent. Y aurait-il un lien avec la « féminisation » de notre économie tertiarisée et avec une crise et des transformations qui balaient avant tout les les emplois dits « masculins » ? L’avenue Lucie Aubrac, l’allée Françoise Giroud et l’impasse Simone Veil, symboles de la désindustrialisation ? Toulouse s’adapte : alors que les femmes ne représentent que 10% des plaques des rues aujourd’hui, il s’agit aujourd’hui d’instaurer la parité.

Toulouse n’est pourtant pas la plus « féminine » des villes, son industrie est forte grâce à l’aéronautique. Premier bassin d’emploi français en termes d’intentions d’embauches, la dynamique Toulouse est aussi attractive, grâce à une excellente qualité de vie, mais Toulouse attire… trop. La rançon du succès ? Son marché de l’emploi a du mal à intégrer tous les nouveaux venus, et le chômage a grimpé de 8% en 2012. Résultat : de nouvelles initiatives se développent, comme Success Torus, première boutique privée pour l’orientation et l’emploi des jeunes, ou comme, non loin de là, JobiJoba, « mini Google » bordelais des recherches d’emplois.

La météo n’est pas aussi lumineuse au Royaume-Uni. Là-bas, on ne veut pas attirer ! Aux grands maux les grands remèdes, le gouvernement a lancé une campagne de communication à destination des Bulgares et Roumains qui auraient la fâcheuse idée de vouloir émigrer en terre britannique, dévoile le Guardian. Un anti-marketing territorial détonnant, anticipé par ces petits malins de twittos sur le hashtag #AvoidBritain (« évitez la Grande-Bretagne »), et qui est allé assez loin dans l’auto-dénigrement, avec le sincère « Venez donc et nettoyez les toilettes : la Grande-Bretagne est pleine de boulots affreux pour lesquels nous employons des étrangers. Vous êtes les bienvenus ». Une agence de communication roumaine a eu du répondant, avec une campagne « Vous n’aimez peut-être pas chez vous, mais vous allez adorer la Roumanie » : il est vrai que le chômage est plus élevé outre-Manche qu’en Roumanie. Une nouvelle donne ?

Le jeune, cet extraterrestre ? Le vieux lui répond : « prem’s » !

Le french doctor Jean-Daniel Flaysakier le sent. Beaucoup de choses ont changé. Les jeunes, pourtant, « ne sont pas les extra-terrestres que l’on croit », écrit Rémy Oudghiri dans le dernier numéro d’ INfluencia, consacré à la jeunesse. Les jeunes « aiment la France et ne la quittent pas », tweete la revue : l’enquête montre que, comme leurs aînés, ils sont peu enclins à s’expatrier, mais, surtout, beaucoup plus optimistes. Les 20-30 ans sont 52% à garder le moral, pour une moyenne tous âges confondus de 32%. Une infographie publiée cette semaine montrait déjà cette certaine insouciance, malgré un accès à l’emploi toujours plus difficile : même les consommateurs de cannabis ne fument pas pour oublier leurs tracas (11%) mais pour s’amuser (61%). Toulouse, ville la plus jeune de France, se rêve d’ailleurs festive… « et tranquille ».

Jeunes et drogues

Toulouse, où le chômage touche davantage… les seniors. À Davos aussi, on a moins parlé jeunesse qu’immortalité, et adaptation du marché du travail au vieillissement de la population. C’est un aspect de la « Grande Transformation » que nous vivons : de plus en plus de centenaires continuent à travailler – Britanniques, Américains, Congolais – et le « vieillisme » serait carrément une nouvelle tendance, avec par exemple cette agence de conseil qui ne recrute que des seniors, avec comme slogan « Try something old, learn something new ». « Les vieux reviennent et ils vont vous sauver », annonce même le site Soon Soon Soon : par exemple, pour gardez vos enfants, ne faites pas appel au voisin mais embauchez une « grand-mère au pair », comme le propose l’agence Supairmamie. Attention, ils arrivent…

Les twittos de la semaine :

> Image de Une issue du film Men in Black 3

 

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