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Mondialisation et emploi : le coût du travail

La mondialisation n’est pas responsable des performances médiocres de certains pays comme la France en matière d’emploi. Néanmoins, les craintes à son égard sont légitimes car les mutations des économies -liées notamment à la nouvelle division internationale du travail- peuvent être douloureuses. D’autant que la France souffre de déficits certains dans la quête de nouvelles sources de croissance –donc d’emploi. Malgré une attractivité du territoire régulièrement mise en exergue, il fait en effet consensus que la France souffre d’un « déficit de compétitivité », surtout si on compare son évolution à celle de l’Allemagne.

A ce sujet, le début de l’été a vu l’Association française des entreprises privées (AFEP) organiser un colloque sur « la compétitivité du site France », qui visait à dégager des « pistes pour améliorer la situation et permettre aux entreprises françaises d’être plus compétitives et de créer davantage d’emplois » alors que le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) organisait une grande conférence « Mondialisation et emploi » cherchant notamment à savoir « comment l’Europe peut-elle parvenir à conserver sa place dans l’économie mondiale, et à préserver ses emplois ? ».

Le colloque organisé par l’AFEP [dont vous pouvez télécharger la retranscription ici] a confirmé des éléments de diagnostic largement partagés sur les causes de son déficit de compétitivité.

Un cercle vicieux du coût du travail ?

Parmi les principales raisons qui font craindre la mondialisation, les salaires et charges seraient trop élevés en France pour nous permettre de lutter à armes égales dans la compétition mondiale. Selon Jean-Paul Betbèze (Directeur des études économiques du groupe Crédit Agricole) en effet, « la bataille se perd aujourd’hui sur la compétitivité salariale. Celle-ci se perdant, la profitabilité se réduit, la R&D souffre, la taille des entreprises en pâtit et la compétitivité hors prix ne fait que s’affaiblir. Le fossé se creuse entre la compétitivité salariale et la compétitivité non salariale et il s’effectue alors une compression salariale. »

Or si allègements de charges ont été mis en place pour soutenir la compétitivité des entreprises françaises « fonctionnent dans le secteur des services, ils sont inopérants dans l’industrie -où les salaires sont généralement supérieurs à 1,5 ou 1,6 fois le SMIC ». Par conséquent, selon Maurice Lévy, le coût du travail pèserait surtout sur les PME qui seraient empêchées de se développer (notamment via l’export) et, donc, de créer plus d’emplois :

« une logique perverse se met en place avec des PME de plus en plus fragiles qui  n’ont d’autre solution que de contraindre leurs salaires, leurs profits leur R&D. Conclusion de tout cela, l’Allemagne exporte des produits et la France exporte des entreprises parce qu’elle « est à vendre ». […] Le site industriel français est en train de se distendre entre des entreprises de taille mondiale en bonne santé et des PME et des ETI qui rencontrent de grandes difficultés à passer à la taille supérieure. L’ascenseur social ne peut exister que s’il y a un ascenseur des sociétés. »

Néanmoins, la question du coût du travail est considérée comme secondaire par Philippe VARIN (Président du Directoire de PSA Peugeot Citroën) : « le coût du travail est le principal facteur de compétitivité à court terme. Sur le long terme, rien n’est moins sûr ». Comment imaginer, par ailleurs, que la France puisse lutter avec les pays émergents ou en développement à ce sujet ?

Quoi qu’il en soit, le contexte social et financier semble peu propice à un débat sur le niveau des charges ou des impôts. D’autant que, nous le savons, le « modèle social français » a également joué un rôle d’amortisseur de crise. Néanmoins, la question de l’assiette d’un certain nombre de charges est ouverte ; Jean-Paul BETBEZE considérant, par exemple, que « le facteur travail n’est pas l’assiette adéquate pour les charges relatives à la solidarité ou à la famille. Comme l’a fait l’Allemagne, celles-ci pourraient être transférées sur la TVA, la CSG ou d‘autres assiettes ».

Parmi les autres sujets évoqués, celui de la désindustrialisation de la France ainsi que, surtout, le problème des compétences et de l’employabilité ont été largement mis en avant. Ils feront l’objet du prochain billet de l’Atelier de l’Emploi.

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