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« Pour impulser l’innovation, les leaders doivent innover dans le management »

Impression 4D, deep learning, Big data… L’innovation s’accélère de manière exponentielle, que ce soit pour les softwares ou les hardwares. Au point que le cycle de vie des entreprises se raccourcit très rapidement. Comment les organisations peuvent-elles s’adapter à ce rythme croissant de l’innovation ?

Des secteurs très installés subissent actuellement des changements radicaux de business model, maintenant ou dans les années à venir. Spécialiste en innovation chez Orange Luc Bretones est en prise directe avec ces bouleversements, qui ont des répercussions grandissantes sur les structures mêmes des entreprises.

Dans ce contexte, comment les organisations peuvent-elle alors s’adapter à ces innovations permanentes ? Comment faire vivre les modèles d’organisation traditionnelle et les start-up dans la même entreprise ? Comment mettre en place les modèles de demain avec les employés d’aujourd’hui ?

Autant de questions auxquelles le Directeur du Technocentre Orange et d’Orange Vallée a répondu le 1er juin 2016 à l'occasion des Matinales de la Transformation organisées par ManpowerGroup Solutions, en partenariat avec Digital Society Forum et le Figaro Economie.

« Le changement doit d’abord venir d’en haut ! »

C’est ce qu’a expliqué Luc Bretones, en prenant l’exemple d’Hello 4, le keynote innovation de Stéphane Richard, PDG d’Orange. Chaque année, pendant une heure, ce dernier présente les innovations du groupe. Cet investissement fort et symbolique du leader entraîne toute l’entreprise avec lui vers l’innovation. « C’est une prise de risque considérable pour un patron d’entreprise, qui est devenu un cas d’école. » affirme Luc Bretones.

Une prise de risque sans équivalent qui fait écho à l’analyse d’Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France, dans une tribune récente :

Les leaders ne doivent plus « surveiller les autres », ils doivent faire figure de modèles pour eux : à partir du moment où vos leaders admettent l’échec et l’erreur, tout le monde dans l’entreprise en sera capable. C’est une question de survie pour l’entreprise, car aucune innovation n’est possible sans prise de risque.

Mais pour insuffler ce changement, les leaders doivent avoir des convictions très fortes. Luc Bretones explique ainsi que « si vous devez réinventer votre business model tous les 10 ans comme c’est le cas chez Orange, c’est en effet un défi de taille ». Un challenge parfois difficile à relever, car les dirigeants de grandes entreprises ont trop tendance à regarder ce qui s’est fait avant pour prévoir le futur… alors que les disruptions en cours échappent justement aux cadres du passé !

« Si vous laissez aux collaborateurs la possibilité de décider, ils prennent de meilleures décisions que les managers car ils sont au cœur du projet. »

« Comment faire pour favoriser l’empowerment des collaborateurs ? » est la question que doivent se poser les DRH, mais aussi l’ensemble du top management, selon Luc Bretones. « Dans les grandes entreprises, je suis surpris du nombre de barreurs versus le nombre de rameurs. Il me semble essentiel de remettre ces rameurs sur le podium »  ajoute-t-il.

Pour ce faire, au sein du  Technocentre, l’ensemble du personnel est formé au lean start-up. Le but : apprendre à gérer de A à Z un projet avec les compétences strictement nécessaires à sa mise en œuvre, avec un budget et un délai très négociés. Il s’agit de mettre en commun les compétences pour ne pas travailler en silos. Les responsables du projet sont les gens qui en sont en charge, et non les managers. Un bouleversement hiérarchique stratégique selon Luc Bretones :

Si vous laissez aux collaborateurs la possibilité de décider, ils prennent de meilleures décisions que les managers car ils sont au cœur du projet.

L’enthousiasme au travail des collaborateurs est également sans commune mesure avec ce qu’on peut observer dans des structures au management traditionnel, ajoute le directeur du Technocentre Orange.

« Le lean start-up est basé sur l’itération et le prototypage, et centré sur le client » poursuit-il. « Ce qui peut être très perturbant dans une culture cartésienne comme la nôtre, où l’on préfère d’abord établir un cahier des charges parfait avant de se lancer. » Une méthode qui n’est plus adaptée au rythme accéléré de l’innovation actuellement, qui conduit à la mise sur le marché de produits dépassés, un problème qui remonte à l’organisation même de l’entreprise, comme l’a rappelé Sébastien Van Dyk, Directeur Général de ManpowerGroup Solutions : 

« Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que les organisations matricielles, transversales, qui ont été mises en place dans les entreprises ne correspondent plus à la réalité. »

Deuxième piste pour favoriser le développement de l’innovation et une culture d’entreprise agile : apprendre aux collaborateurs l’art du pitch. Le but : exprimer en 10 minutes un business case complet. S’il n’est pas compréhensible, il y a probablement un problème et il est nécessaire de revoir le concept. Le Technocentre d’Orange a même un espace dédié pour que les collaborateurs en charge de l’innovation viennent pitcher leurs idées, l’Anticipation Product Board.

L’open innovation, ou comment faire cohabiter anciens et nouveaux modèles d’entreprises

Autre axe essentiel pour faciliter la transformation digitale des entreprises, l’open innovation doit être une démarche sincère et ouverte, selon Luc Bretones :

Dans l’émission Hello Start-up, nous faisons la promotion d’une start-up différente chaque semaine, même si elle pourrait concurrencer Orange. La volonté d’aider ces jeunes pousses à se développer doit-être sincère.

Pour Orange, l’open innovation se traduit notamment avec ses 10 Orange Fab dans le monde. Des accélérateurs de start-up qui réunissent 2 promotions par an, travaillant sur des thèmes définis par Orange. Une bonne manière pour les start-up d’accélérer sur les phases logistiques, de tests-clients ou de marketing en profitant de ressources normalement inaccessibles pour elles. Pour Luc Bretones, c’est un accompagnement que les grands groupes devraient systématiquement proposer :

En effet, selon lui «  les transformations du numérique offrent beaucoup plus d’opportunités que de menaces pour les entreprises. » Et travailler directement avec des start-up innovantes permet de ne pas rater ces opportunités.

Une philosophie de l’open innovation qui se retrouve également avec l’Orange Vallée, conçue comme une entité au sein du groupe pour disrupter et travailler en prise directe avec les start-up. Pour que ces disruptions puissent être généralisées dans l’entreprise, elles sont ensuite testées auprès du Technocentre, qui a des antennes d’Abidjan à Tokyo en passant par San Francisco.

Une méthode efficace pour faire cohabiter ancien et nouveau modèle d’entreprise, en favorisant ainsi une transition plus douce et en développant l’employabilité des collaborateurs. Cependant, conclut Luc Bretones, « Le plus important n’est pas la technologie, mais la capacité des collaborateurs à favoriser cette transformation à tous les niveaux ».  

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